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«Le plus grand ennemi de la
connaissance n'est pas l'ignorance, c'est l'illusion de la connaissance».
Stephen Hawking
Le président de la République et le Gouvernement ont décidé de faire de l'économie de la connaissance et le développement des start-up une des grandes priorités politiques nationales et un instrument de diffusion de la culture de l'entreprenariat et d'innovation. Faire de l'accès à la connaissance scientifique et technique, une des conditions de base du progrès économique et social, tel est l'un des principaux enjeux de la politique actuelle pour l'édification d'une Algérie nouvelle. Cependant, pour construire une véritable économie de la connaissance, l'Algérie doit développer son savoir et son aptitude à produire des connaissances par la recherche, à les diffuser par l'enseignement et la formation supérieurs et à les appliquer grâce à l'innovation et à son instrument privilégié, le transfert de technologies. Il serait par conséquent illusoire de vouloir développer l'économie de la connaissance sans réformes structurelles substantielles, en particulier celles qui seront destinées, faut-il encore une fois le souligner, à faire unir plus étroitement recherche académique et recherche en entreprise. Cette dernière est le lieu d'élection du transfert technologique et d'innovation et est, comme nous l'avons signalé ailleurs, quasiment absente de notre système national de recherche et d'innovation1. Suivant cette logique, l'entreprise en tant que locomotive devrait donc incarner un secteur de développement et de croissance par excellence à long terme de l'économie nationale auquel nos universités, nos grandes écoles et nos centres de recherche constitueraient, à l'image d'autres pays développés, une structure d'appui à nos PME, qui en matière de recherche et développement (R&D) sont désarmées. En un mot, construire une économie de la connaissance est un projet complexe et de grande envergure, basé sur une vision stratégique à long terme, qui requiert un large soutien de la société. Dans le cas de notre pays, il s'agirait plutôt de s'attacher à traduire les grandes orientations politiques et stratégiques de nos plus hautes autorités politiques en actions et programmes concrets dotés de ressources adéquates si l'on veut s'assurer que les rôles respectifs des départements ministériels concernés soient clairement définis en matière de politiques d'innovation afin d'éviter la duplication de structures et de missions en matière de politique d'innovation. Dans le cadre de cette modeste contribution, nous nous attachons à mettre en lumière les principaux facteurs qui ont donné naissance à une nouvelle économie, dite de la connaissance, en mettant en évidence, toutefois, l'un des principaux leviers d'action en la matière, déjà évoqué dans plusieurs de nos précédentes contributions1. Ainsi, avant d'entrer dans le vif du sujet, nous devons d'abord clarifier le concept de l'économie de la connaissance ainsi que l'innovation qui constitue sa pierre angulaire et la clé de la réussite dans une économie fondée sur la connaissance. Ensuite, nous décrivons brièvement l'origine et l'évolution du concept au niveau mondial et leur impact sur l'ensemble des secteurs économiques. Enfin, nous présentons une brève description de la politique de l'Algérie en matière de développement d'une économie de la connaissance, suivie d'une conclusion soulignant la nécessité qui s'impose de mettre en place un organe de politique scientifique et technologique, seul à même de permettre de mettre fin aux incohérences des politiques suivies et au manque de coordination constatés de notre système national de recherche et d'innovation. Qu'est-ce que l'économie de la connaissance ? Dans notre monde contemporain de croissance et de progrès technologique, l'économie de la connaissance, telle que nous la percevons et l'appréhendons, repose principalement sur le capital immatériel (secteur des services, conception du matériel et des logiciels, information, etc.). Selon qu'on l'entend au sens abstrait et concret du terme, elle renvoie, dans sa définition, soit à l'ensemble des activités économiques créant de la valeur et tirant des revenus à partir des ressources infinies que sont la connaissance et le savoir, soit aux effets des activités de recherche et de développement de connaissances nouvelles sur l'économie dans son ensemble et sur la productivité, la création, la croissance et la compétitivité des entreprises et des industries particulières pour lesquelles les objectifs de la R&D sont d'ordre économique, dans la mesure où elle vise à réaliser des économies directes d'énergie, de matériaux, d'espace, de temps, de main-d'œuvre ou de capital3. En termes clairs et plus explicites, dans une économie de la connaissance, la matière première clé qui assure un avantage compétitif majeur ne se situe plus dans le matériel (énergie, métaux industriels, métaux précieux, denrées agricoles, etc.), mais plutôt dans l'immatériel (l'information, le savoir-faire et la connaissance). Dans ce schéma, le capital-savoir est considéré comme le troisième facteur de production, en plus des deux autres plus traditionnels : travail et capital. Dans le contexte de l'économie de la connaissance, il convient de rappeler et de souligner que l'innovation technologique consiste, à partir du concept d'une technologie nouvelle, à créer un produit ou un procédé qui fonctionne et l'entreprenariat technique consiste à créer une entreprise rentable fondée sur l'exploitation commerciale d'une innovation technologique. En effet, il ne saurait être question d'exploiter des procédés ou de produits nouveaux qui n'auraient pas fait la preuve de leur rentabilité et de leur fiabilité. Dans de nombreux cas, par exemple, un procédé qui a fait les preuves de sa fiabilité technique se doit être expérimenté en vraie grandeur dans des conditions d'exploitation réelle pour établir sa faisabilité économique : c'est le stade du projet pilote ou projet de démonstration qui représente un passage obligé, soit l'ultime étape ou le stade final dans le processus de développement technologique. L'origine et l'évolution du concept de l'économie de la connaissance L'économie de la connaissance occupe aujourd'hui dans la vie des sociétés modernes une place de plus en plus considérable et centrale. Les connaissances sur lesquelles elle s'appuie se situent en effet dans le prolongement des découvertes fondamentales opérées dans ce domaine dans la première moitié du siècle dernier depuis la construction du premier modèle de l'atome par Niels Bohr en 1913 et la découverte du transistor à l'état solide (matériau semi-conducteur) en 1947 par John Bardeen et Walter Brattain de Bell Laboratories, lequel a remplacé le tube à vide. Et l'on peut dire sans craindre de beaucoup se tromper que cette dernière découverte fût à l'origine des bouleversements économiques, politiques, scientifiques, sociaux et culturels majeurs sans précédent, que nous avons déjà évoqués dans certaines de nos contributions. Ils se situent au niveau des produits : ils relaient et matérialisent dans des dispositifs extérieurs au corps humain les capacités intellectuelles de l'homme. Cependant, selon certains économistes, l'économie mondiale dans les années 1990 entrait dans une nouvelle phase de son histoire fondée sur la connaissance de ce qu'on a appelé l'économie de la connaissance. Bien au contraire, le concept est établi par Fritz Machlup depuis la publication de son livre en 1962 «The production and distribution of knowledge in the United States». Nous imaginons que ce livre reflétait à cette époque-là un nouveau contexte économique caractérisé par l'émergence du pôle de développement dans la vallée de Santa Clara regroupant des entreprises de semi-conducteurs que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de SiliconValley (Silicon ou le mot en français silicium, est le matériau de base des puces électroniques). C'est là que les Start-up ont pris naissance et qu'ils se sont forgé l'image d'entreprises parties de rien. Et ce sont-là des éléments qui constituent un environnement idéal pour l'éclosion de l'innovation. Il convient de rappeler ici que cette évolution s'inscrit dans un processus global enclenché après la célèbre conférence donnée par le prix Nobel de physique Richard Feynman à l'Institut californien de technologie en décembre 1959, devenue depuis mythique, lors de laquelle il s'était interrogé sur la possibilité de faire tenir les collections de la Bibliothèque du Congrès, du British Museum et de la Bibliothèque Nationale - soit 24 millions de volumes - sur une tête d'épingle de 1,5 mm de diamètre. Cet exemple à l'appui, il avait circonscrit les principales problématiques de ce qu'est devenue la microélectronique. Celle-ci se définit comme une spécialité de l'électronique qui s'intéresse à l'étude et à la fabrication de composants électroniques à l'échelle micrométrique. Depuis ce jour, les spéculations de Feynman ont été constamment relayées - et mises en œuvre - à l'aide de moyens humains et financiers impressionnants par la communauté scientifique et par l'industrie. L'autre évènement majeur et très significatif dans l'évolution de ce secteur a été, sans aucun doute, la création, en 1971, du premier microprocesseur, le 4004, par la société Intel, créée en 1968, spécialisée au départ dans la conception et la fabrication de puces mémoire.C'est à partir de ce moment-là que l'économie de la connaissance a vraiment pris son envol avec l'apparition des ordinateurs et des stations de travail et en particulier les outils de conception assistée par ordinateur (CAO) de plus en plus puissants au fil des progrès technologiques considérables enregistrés dans la fabrication de microprocesseurs et d'autres composants électroniques plus petits, plus rapides et moins chers découlant d'une maîtrise avérée du processus de miniaturisation, un phénomène propre à la microélectronique. La régularité de ce processus a également été une des conditions du succès du secteur des semi-conducteurs. Linéaire lorsqu'on l'évalue sur une longue période, il s'est effectué par paliers : chaque fois que l'industrie « sortait » une nouvelle génération de puces, la génération suivante était planifiée avec une constante de temps de trois ans. C'est ainsi que le rapport entre science et technologie s'est déplacé vers les connaissances scientifiques et un savoir-faire immatériel exigeant une main-d'œuvre hautement qualifiée et spécialisée dans les secteurs à très haute valeur ajoutée et les inventions brevetables (propriété intellectuelle). Un autre fait marquant, intervenu dans le courant de l'année 1978, qui a représenté un tournant crucial dans l'évolution du secteur des semi-conducteurs, a été le lancement d'une initiative nommée « The MPC Adventures » (MPC : multi-universityMultiProject Chip) impliquant plusieurs universités dans la réalisation de Circuits Multi Projets (CMP)4,5. Cette notion de CMP consiste à regrouper sur une même puce et un même lot de tranches de silicium, un grand nombre de circuits élémentaires dans le but de réduire le coût de fabrication de prototypes. L'intérêt du CMP a été mis en évidence aux États-Unis par deux professeurs Carver Mead et Lynn Conwayde l'Université de Californie du Sud qui conjointement avec la Société XEROX, ont créé un service baptisé MOSIS (MetalOxideSemiconductor Implementation Service) qui a démarré dès 1979. Ce service, sous contrôle de DARPA (Defense Advanced ResearchProjects Agency), est couramment utilisé pour l'enseignement, la recherche et l'innovation. Cette initiative de CMP n'est d'ailleurs que l'un des éléments d'une vaste opération destinée à démythifier la conception de circuits intégrés, plus particulièrement dans le milieu universitaire. Des services similaires ont été lancés dans d'autres régions du monde, comme l'Europe, l'Asie et l'Amérique latine. Un autre fait encore plus marquant intervenu au courant des années 1980, comme prolongement direct de l'initiative évoquée ci-dessus, est l'apparition des fonderies de silicium et la disponibilité d'outils d'aide à la CAO (Conception Assistée par Ordinateur) très puissants qui ont permis de séparer la conception de circuits intégrés des opérations de traitement de silicium (fonderies) qui peuvent être situées dans un autre pays. Ces fonderies via les services CMP offrent la possibilité de fournir rapidement des petites séries à des prix compatibles avec les solutions traditionnelles. Cette évolution du secteur des semi-conducteurs a conduit à la coexistence de trois modèles : - les sociétés intégrées qui réalisent toutes les étapes de la chaîne de valeurs du secteur : la conception, la fabrication, l'encapsulation, le test, ce sont des compagnies telles que Intel, AMD, STMicroelectronics, Infineon ou Renesas ; - les Fabless, ce sont des sociétés de conception de puces telles que Broadcom, Qualcomm, Nvidia, ATI Technologies ou Xilinx, etc. ; - les fonderies, ce sont des compagnies spécialisées dans la fabrication de puces telles que TSMC, SMIC, AMS, UMC, GlobalFoundries. L'autre modèle connexe qui a émergé dans les années 2000 dans le sillage de cette évolution, dont l'accent est mis sur l'IP (IntellectualProperty), ce sont les sociétés Design House telles AnySilcon, HDL Design House, Silicon IP Design House, Scalinx, etc... Il s'agit généralement de start-up qui offrent leur service aux compagnies telles que les Fabless ainsi qu'aux secteurs aussi stratégiques que la défense, le spatial, la santé, les communications, ... Au cours de ces années, au niveau mondial, on voit le lancement des initiatives et des programmes de R&D axés sur les technologies de l'information et de la communication (TIC) : l'annonce, en 1981, du nouveau programme japonais pour le développement des ordinateurs de la 5ème génération ; l'annonce, en mars 1983, du programme américain d'initiative de défense stratégique ; et au cours de la même année, l'annonce du programme stratégique européen de recherche et de développement en matière de technologies de l'information (ESPRIT). Cette période a également été marquée par l'émergence de nouvelles sources de connaissance et l'éclosion de nouvelles structures de R&D en Europe, en Asie et en Amérique latine telles que des cités des sciences, parcs scientifiques ou technopoles fondées sur le principe d'une collaboration étroite entre les entreprises, les universités et les collectivités locales. Ces programmes de R&D s'articulent autour des axes suivants :la microélectronique ; la technologie du logiciel ; le traitement avancé de l'information ; et les systèmes bureautiques. Ils ont contribué à l'utilisation progressive et généralisée de la conception et de la production assistée par ordinateur, dans plusieurs secteurs industriels et services6,7. Ils ont également contribué grandement à développer et à fournir des composants de la microélectronique pour des applications dans divers secteurs tels que ceux des transports, des télécommunications, des produits grand public, de l'aéronautique, de la santé, de la défense et de la sécurité, de l'agriculture, etc. Cette évolution a permis d'ouvrir de nouvelles perspectives d'évolution prometteuses portées par des technologies et des applications d'avenir (l'Internet des objets, l'Intelligence artificielle, les véhicules électriques et autonomes, les réseaux électriques intelligents « Smart grid », les villes intelligentes « Smart cities », Industrie 4.0, etc.). C'est dans le prolongement de cette évolution que les entreprises les plus puissantes de l'économie numérique** plus connues sous l'acronyme GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), ont pris naissance, lesquelles fournissent des biens et des services informatiques. Qu'en est-il de l'économie de la connaissance en Algérie ? Conscient des enjeux économiques et sociétaux de l'économie de la connaissance, le Gouvernement a décidé de fusionner les deux ministères délégués celui chargé de l'économie de la connaissance et des start-up avec celui chargé des micro-entreprises en un seul ministère.En vertu de l'article 1 du décret exécutif n°20-54 du 25 février 2020, le ministre responsable de ce secteur est chargé de proposer les éléments de la politique nationale en la matière et de veiller à sa mise en œuvre. Par la politique de l'économie de la connaissance, on désigne généralement l'ensemble des mesures et des règles prises par un État afin d'assurer la production, la diffusion et l'application du savoir scientifique et technologique en fonction des objectifs généraux inspirés par et orientés selon les objectifs du plan de développement national (dans notre cas, il s'agit de la politique du Gouvernement et de son programme d'action). De plus, conformément à l'article 2 du décret susmentionné, le ministre est chargé, en concertation avec les autres départements ministériels, institutions, organismes et le mouvement associatif concernés, notamment : - de mettre en œuvre la politique et la stratégie nationale de promotion et de développement de la micro-entreprise, des start-up, des incubateurs, et de l'économie de la connaissance, notamment de l'économie numérique ; - de promouvoir et de développer la micro-entreprise et les start-up ; - de promouvoir et de développer les incubateurs, les cyber-parcs, les technopôles, les pôles d'innovation et les pôles de compétitivité ; - de promouvoir le transfert technologique et la valorisation des produits de la recherche. Au regard de l'ensemble de ses activités, la mission paraît complexe, délicate et lourde de responsabilités confiée à des jeunes sans expérience professionnelle et connaissance en matière de management des activités scientifiques et technologiques. Des lacunes au niveau des compétences en la matière déjà évoquées précédemment8,9. Qu'en est-il du développement de l'économie de la connaissance dans notre pays ? Afin de préparer les profondes réformes nécessaires visant l'émergence d'une économie basée sur le savoir, des assises nationales sur l'économie de la connaissance ont été organisées conjointement par le ministère chargé en la matière et le Conseil national économique, social et environnemental (CNESE). Ces assises nationales, étalées sur deux jours, du 29 au 30 mars 2021, auxquelles ont participé plus de 1300 experts, dont les réflexions ont porté sur sept thématiques à savoir : le financement de l'innovation, l'appui de la recherche et du développement, la propriété intellectuelle, la gouvernance, les systèmes d'enseignement et de formation, l'économie numérique et le transfert de technologie. Il en ressort de ses assises, selon le ministre responsable de ce secteur, ce qui suit : « Les recommandations issues des différents ateliers ont été formulées à la faveur des points de vue manifestés par les différents experts et participants ayant mis l'accent sur l'importance de l'économie de la connaissance qui implique la conjugaison des efforts de tous afin d'opérer de véritables changements au niveau réglementaire ». Dans le sillage du cadre réglementaire, afin de concrétiser une des recommandations des assises nationales sur l'économie de la connaissance, le ministre en charge du secteur a procédé à l'installation du Comité national de préparation du projet de loi-cadre sur l'économie de la connaissance, le 29 novembre 2021. Au mois de mars 2022, le ministre a annoncé que le projet de loi-cadre sera soumis au gouvernement dans les prochaines semaines qui viennent. Dans une telle circonstance, la question qui mérite d'être sérieusement examinée est de savoir si ce projet de loi-cadre n'interfère pas avec la loi en place, la loi n° 15-21 du 30 décembre 2015 portant loi d'orientation sur la recherche scientifique et le développement technologique ? Cela n'est pas vraiment surprenant, compte tenu du fait que la recherche constitue une composante clé du triangle de la connaissance (formation, recherche et innovation) ? un concept instauré par la déclaration de Lisbonne en 2000 ? par le biais duquel se produisent les connaissances. Il serait donc illusoire de croire que la croissance et le développement d'une société et d'une économie de la connaissance pourront se faire sans cette composante essentielle qu'est la recherche. Un coup d'œil sur les attributions des deux ministres, celui de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (décret exécutif n°13-77 du 30 janvier 2013) et celui de la micro-entreprise, des start-up et de la connaissance, ainsi que sur les missions des deux ministères en considérant celles de la Direction Générale de la Recherche Scientifique et de Développement Technologique (décret exécutif n°13-81 du 30 janvier 2013), montre qu'elles s'interfèrent de manière préjudiciable à une politique de développement de l' économie de la connaissance. Dans cette situation, source de confusion importante, nos deux ministres sont plus enclins à effectuer conjointement des sorties de terrain, à organiser des évènements et des campagnes de sensibilisation pour promouvoir l'esprit d'entreprenariat auprès des jeunes étudiants et à élaborer des textes juridiques (la labellisation des start-up et des projets innovants, la création d'un comité national de labellisation multidisciplinaire, la création d'un fonds d'investissement, l'arrêté ministériel n° 1.275 du 27 septembre 2022 portant sur le mécanisme « un diplôme... une start-up »,...) plutôt qu'à l'élaboration d'une véritable politique commune et d'une stratégie nationale de promotion et de développement en la matière conformément aux attributions et pouvoirs qui leur sont conférés faute d'idées claires et adaptées et une vision clairement définie, pouvant les aider à les traduire en programmes nationaux viables et projets novateurs. Dans ces conditions, le ministre de l'Eseignement supérieur et de la Recherche scientifique a précisé que son département ministériel «œuvre à atteindre l'objectif de faire passer l'étudiant d'un simple demandeur d'emploi à un entrepreneur créateur de richesse et de postes d'emploi». Il convient à ce propos que cela exige un travail d'équipe ainsi que des encadreurs, des promoteurs de projets et des techniciens motivés ainsi que des plateformes logicielles et matérielles spécifiques utilisant des leviers stratégiques potentiels dont il est question plus haut comme catalyseurs, que nous considérons comme facteur clé de réussite d'un projet innovant. Il nous semble que les textes présentés en matière d'économie de la connaissance, avec ce que ce terme comporte comme défis, ne sont que des effets d'annonce sans aucun contenu sérieux et sans conséquences réelles faute de réformes fondamentales à introduire dans les trois composantes du triangle de la connaissance susmentionné qu'il convient d'y accorder une attention particulière. Il ne faudrait pas se voiler la face, présentement, les politiques en cette matière relèvent bien plus de l'improvisation que d'un processus de planification et de stratégie intégrée basée sur un état des lieux précis dont il importe qu'il soit global. Ce qui est plus étonnant encore, c'est l'accord de coopération signé le 7 février 2023 entre le Groupe Sonatrach et le CNRST visant la promotion de la recherche appliquée au profit de l'entreprise, alors qu'il existe déjà un accord de coopération dans le domaine de la recherche entre le Group Sonatrach et la DGRSDT signé en 2017. Dans une telle situation, le développement de l'économie de la connaissance, des start-up et de partenariat recherche-industrie sonne plutôt creux ! En conclusion, il apparaît à l'évidence que notre système national de recherche et d'innovation souffre de la multiplicité des cas de chevauchements entre les missions des départements ministériels et des institutions, de la confusion et de l'incohérence des politiques suivies, de l'absence de vision d'ensemble et de stratégie et du manque de leadership dans le chapitre de l'économie de la connaissance. Dans de telles circonstances, s'annonçant comme un tournant décisif dans l'histoire de l'Algérie, n'est-il pas opportun de créer un grand ministère de la Recherche et de l'Innovation rassemblant les moyens dispersés et émiettés entre plusieurs ministères. C'est pourquoi nous estimons qu'il est capital et extrêmement urgent que nos décideurs fassent preuve de la volonté politique et du courage requis pour modifier en profondeur la situation actuelle de notre système national de recherche et d'innovation afin de favoriser les perspectives de développement d'une société de la connaissance qui est la pierre angulaire de la stratégie pour la croissance et l'emploi si l'on veut que le slogan « La nouvelle Algérie » se réalise effectivement et ne soit pas purement et simplement une illusion. *Docteur en microélectronique - Directeur de recherche à la retraite **Le terme numérique renvoie à la technologie CMOS (ComplementaryMetalOxideSemiconductor) utilisée pour la fabrication de puces qui utilisent un langage binaire à l'aide de deux transistors MOS complémentaires Références 1. Quels sont les leviers potentiels pour le développement économique et social ? M.T. Belaroussi, Le Quotidien d'Oran, 3-4 janvier 2022 2. Formation-Recherche-Démonstration-Production: Des articulations difficiles mais absolument nécessaires, M.T. Belaroussi, Le Quotidien d'Oran, 26 juin 2022 3. Les Enjeux du Progrès, A. Cambrosio, R. Duchesne, Presse de l'université de Québec ? 1984 4. The MPC Adventures : Experiences with the Generation of VLSI design and Implementation Methodologies, Lynn Conway, Palo Alto Research Ceter (Xerox), January 19, 1981 5. Reminiscences of the VLSI Revolution, Lynn Conway, IEEE Solid-State Circuits Magazine, Fall 2012 6. ESPRIT, Première phase : état d'avancement et résultats, Commission des Communautés européennes, 1987 7. Technologie Belge : Agonie ou renaissance, Olivier Cogels, Academia Louvain-la-Neuve, 1990 8. Recherche scientifique et politique de développement : Quelle orientation pour la gouvernance ? M.T. Belaroussi, El Watan Economie, 30 juin 2008 9. La programmation de la recherche nationale : Autopsie d'un échec annoncé, M.T. Belaroussi, Le Quotidien d'Oran, 6 janvier 2009 |
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