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Gare au déni collectif

par Bouchikhi Nourredine*

Alors que la pandémie n'a pas encore dit son dernier mot, un sentiment de relâchement quasi total règne ; les mesures de protection seules à avoir montré leur efficacité et qui sont à la portée de tout le monde semblent être boudées par la plupart qui sont dans un déni d'une réalité pourtant bien palpable. Les chiffres officiels énoncés quotidiennement mettant en évidence une incidence basse ne sont pas pour motiver les gens alors qu'ils sont loin de refléter la réalité sinon une idée car nous ne sommes pas encore au stade du dépistage à grande échelle faute de moyens et les seuls examens disponibles au niveau des laboratoires n'ont pas leur place dans cette stratégie ; la PCR est réalisée chez une infime partie de personnes. Finalement ce sont des données indirectes qui nous donnent un aperçu sur la cinétique du virus principalement le nombre d'hospitalisations dans les services Covid et même les décès ne sont pas un indicateur fiable faute de pouvoir réaliser aussi des PCR chez les défunts ou bien à cause du retard dans l'acheminement ou la récupération des résultats alors que les patients décédés ont déjà été déclarés morts d'autres causes et inhumés.

D'autres paramètres peuvent nous être utiles comme la recrudescence de nouveaux cas en Europe qui représente pour nous une scène d'un scénario qui se joue quelques semaines avant qu'il n'arrive chez nous et nous donne l'occasion de prévoir les conséquences de la propagation du virus tout en nous offrant une chance d'anticiper les mesures à prendre. Il ne faut pas se berner avec l'idée qu'il s'agit d'un autre virus plus virulent ou bien que nous jouissons d'une immunité particulière ; certes des mesures comme la fermeture des frontières ou le confinement partiel ont largement contribué à cerner la propagation du virus mais certains prémices nous laissent inquiets, comme la banalisation de la gravité de l'épidémie, le relâchement de la vigilance, la levée du confinement, le changement du climat car il est connu que le refroidissement automno-hivernal est propice à la résurgence des virus ce qui d'ailleurs pourrait expliquer en partie la deuxième vague qui sévit actuellement dans les pays européens. La rentrée scolaire est aussi un facteur de risque si les mesures de distanciation ne sont pas respectées et nous ne pouvons que rester perplexes devant des parents qui ramènent leurs enfants portant des masques alors qu'eux-mêmes ne le portent pas ! L'enfant par nature prend exemple sur ses parents et pour le sensibiliser de porter le masque devant lui vaut mieux que mille et un discours ! Les adultes ont une grande responsabilité dans le comportement des enfants, alors que même certains de nos officiels sont en totale contradiction avec les recommandations répétées à longueur de journée comme le confirment ces images qui défilent dans le réseaux sociaux mettant en scène soit des regroupements partisans ou même comble de l'ironie à l'occasion de l'inauguration de la rentrée scolaire où on pouvait voir des enfants respectant la distanciation alors que ces adultes par-dessus tout responsables officiels sont amassés les uns à côté des autres. Jamais l'adage qui dit «faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais» n'a été aussi vrai ! Ce qui met en évidence le clivage entre le discours officiel et la réalité.

Nous ne savons rien de ce qu'advienne dans le futur cette pandémie qui peut rester des années alors autant éduquer cette génération qui souffre déjà d'une dichotomie de la société qui lui préconise une chose et fait tout son contraire dès le franchissement de l'enceinte de l'école ! Les gens circulent sur les voies réservées aux véhicules, la traversée des rues se fait loin des passages piétons, les détritus sont abandonnés n'importe où, des énergumènes crachotent à tout bout de champ et la liste des incivilités est longue à dresser... Alors commençons par assumer nous les adultes nos responsabilités pour pouvoir exiger que nos enfants aient des comportements de civilisés.

La responsabilité des enseignants et instituteurs est encore plus grande, certains d'entre eux ne portent pas le masque et demandent même aux enfants de l'ôter en classe ! Ce qui fait tomber à l'eau tous les efforts entrepris surtout ceux des parents, ces enseignants devront être sensibilisés et formés après quoi il faudrait sanctionner les récalcitrants.

Et au rythme où vont les choses et ce n'est pas pour alarmer nous ne serons pas à l'abri d'autres épidémies dans l'avenir ; le port du masque fera certainement partie du paysage pour très longtemps encore ! Alors donnons donc une chance à nos enfants de l'adopter naturellement et non sous la contrainte comme cela est vécu par la plupart des adultes !

*Dr.