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L'arbre à palabres, Sakiet Ennasrani, le moulin Mécifi,le rocher de «Meriem», le
balcon d'Allah, la ronde de l'aigle royal, Aïn El Ghomri, le pont Eiffel, le parvis des poètes et la décharge
sauvage de Sidi Abdellah.
La station spirituelle de Sidi Abdellah Ben Ali d'Al Baâl, qui fut le point de départ du voyage initiatique de Chouaïb Abou Mediene, est devenue le refuge de base d'une randonnée pédestre dite mémorielle qu'organise chaque samedi que Dieu fait le chercheur Mohamed Baghli avec le concours du parc national auquel revient l'aménagement du site au niveau du village Sidi Tahar (Boutaïba), au lieu-dit Al Baâl. L'invitation et le rendez-vous ainsi que la destination thématique sont communiqués via la page Face book de l'organisateur précité. Un rite sportif, écologique et pédagogique que nos amateurs de la nature et adeptes de la marche ne ratent à aucun prix et sous aucun prétexte. Qu'il vente ou qu'il pleuve, les «disciples» de Si Baghli ne manquent pas à l'appel. D'autant que les «séquelles» du confinement consécutif à la pandémie du Coronavirus n'ont pas complètement disparu chez les gens. Cette fois-ci, en l'occurrence ce samedi (3 octobre 2020), marqué par un temps pluvieux, Si Mohamed Baghli a voulu dédier cette édition à son parcours professionnel, à savoir le domaine des transmissions et ce, à l'occasion de la célébration de son anniversaire. Une opportunité d'exhumer son curriculum vitae méconnu pour ne pas dire atypique. Djawed Baghdadli, entrepreneur de son état, nous servait pour la circonstance de guide. Certains portaient des bavettes (selon la «conviction» sanitaire de chacun) et la distanciation sociale était relativement observée, d'autant que la marche évoluait en file indienne. D'ailleurs, on ne s'en formalise pas outre mesure au sein du groupe «immunisé» au contact régulier avec la nature et ses corollaires : l'air pur, les senteurs des plantes, l'air marin, la consommation de fruits «exotiques», l'utilisation des plantes médicinales (en l'occurrence l'eucalyptus, l'armoise, le thym, le sureau noir...)...Un automobiliste avise le groupe de la présence d'une meute de chiens devant une ferme. Le silence des lieux est troublé par les aboiements récalcitrants qui nous obligent à rester vigilants, mais sans toutefois céder à la panique... On passe devant une maison rustique en ruines, celle de l'ancien boucher Benguerfi de la rue Kaldoun (El Medress)... Le drapeau national porté tout haut par un randonneur flotte allègrement au gré du vent. Un étendard qui se veut à priori une invitation tacite et sans exclusive à tout Algérien à s'intégrer au groupe et venir prendre part à cette randonnée hebdomadaire. En tenue adaptée, jogging et casquette de mise, chaussés de baskets et armés de bâtons (d'appui), les randonneurs, une vingtaine, parmi lesquels des universitaires, des ingénieurs, des retraités, des fonctionnaires, un médecin, un journaliste, un expert judiciaire, des étudiants des deux sexes, dont certains ne se déferont pas de leur Iphone, font cap sur le site bucolique d'El Ourit. L'étymologie de ce nom signifie «Law rit» (Si tu voyais ce paysage), répété sept fois par les Andalous Morisques réfugiés à Tlemcen, qui étaient fascinés par cette merveille de la nature, selon Si Baghli. Le coup d'envoi est toujours ponctué par l'invocation «Bi khafiyi lotfiallah» pour «booster» la cadence de la marche. Nous avions éprouvé les effets de cette formule à la faveur d'un marathon mémoriel entre Aïn Takbalet et Sidi Boumediène initié par Si Baghli... Première station : halte contemplative devant le premier arbre à palabres. Si Baghli invite le groupe à une méditation sur la symbolique existentialiste de ce chêne millénaire qui «montre» pédologiquement sa volonté d'exister en se dressant majestueusement sur le site mythique d'El Baâl non loin d'El Eubbad. Le poète et saint Ibn Msaïb vante les vertus géophysiques de «Madinet el djidar» en ces termes : «Ville des remparts, elle fait partie des sept villes» qui seraient, outre Tlemcen, Tihert, Tenès, Tunis, Tetouan, Taza, Taroudant. Deux points communs : ces cités dont le nom commence par «T» ne seraient jamais touchés par un tremblement de terre. A ce titre, Tlemcen jouit de trois atouts qui lui épargneraient tout séisme : Sidi Boumediène el Ghaout, la pléthore de sources et la montagne d'El Baâl, selon la légende... Sur ce tronçon du parcours, en amont d'El Eubbad, Si Baghli tombe en arrêt devant un champ de vergers où règne la sérénité : il se remémore la décennie noire où aucun randonneur n'osait rôder ou plutôt s'aventurer dans ce triangle de la mort (El Eubbad - El Ourit - Sidi Tahar). En contrebas, la mosquée de Sidi Boumédiène où le sanctuaire du Saint patron de Tlemcen fut incendié et saccagé par des mains criminelles au début des années 90... La publication d'un brûlot intitulé «El Eubbad, village fantôme», paru à la Une en grosse manchette sur «Le Quotidien d'Oran» nous a valu une convocation à «El Ar'ar» à l'instigation du wali de l'époque Larbi Merzoug (n.d.l.r.) ; sa «note» sécuritaire aurait chuté à cause de l'article en question. Quant à nous, nous avions échappé par miracle au «Qui tue qui»... Deuxième station : le vieux moulin Mécifi qui offre une image de désolation. Au-delà les terres des Bouyacoub, Benzazou', Bouchaour, Mecifi... En déshérence depuis un bail, l'espace en ruines est utilisé comme dépôt de fortune de foin. C'est un moulin à eau qui faisait partie d'un ensemble de moulins qui alimentaient la ville de Tlemcen et qui puisaient leur énergie de Sakiet Ennasrani construite au 5ème siècle par Longinus Pomarinsis, un Tlemcenien de confession catholique qui fut victime du conflit catholique orthodoxe, selon Si Baghli. A Tlemcen, existaient, depuis plus de deux siècles, 24 moulins à eau, le long de Saqiet Ennasrani, sans oublier celui de Sebdou, selon le Pr. Amine Damerdji, spécialiste en pédologie et agrochimie. Les norias étaient chantées dans la musique andalouse «Annawa'ir ta'dour», selon le Dr. Benkalfat qui, au passage, explique que les moulins à vent de Hollande sont destinés à «écumer» les marées pour prévenir les inondations, Pays-Bas obligent. Les vestiges dudit canal romain étaient visibles au niveau de cet ouvrage hydraulique antique. Un poème, version hawfi intitulé «Kène aw' ma kène», du crû du défunt écrivain - libraire Sid Ahmed Bouali, est déclamé par Kamila Bekkaï. Un échange horticole se fait à la faveur de cette poésie où le «h'baq» (basilic) et le «soussane»(iris) sont cités ; dans ce sillage, un souvenir d'enfance refait surface en rapport avec une recette alimentaire originale : il s'agit de cette boisson mousseuse de réglisse appelée «ark Souss» qu'on agitait dans un flacon en chantant «coco mani, coco mani !» avant de déguster ce «sirop» traditionnel exquis ... Rendons hommage au passage à Cheïkh Abderrezak Hammadouche qui dédia son ouvrage «Kachf eroumouz fi bayane el a'chaâb» à 630 plantes aromatiques. Pour sa part, le Dr. Fouad Benkalfat, fils de Si Djelloul Benkalfat, venu spécialement d'Oran à cette occasion, souhaite que ce pan du patrimoine matériel soit restauré par les autorités compétentes. Subjugué par la nature luxuriante, Si Baghli évoque non sans passion et nostalgie la prospérité agraire qui prévalait jadis à Tlemcen et qui était marquée par l'abondance d'amandiers et de noyers. Aujourd'hui, les amandes sont importées des USA (sans oublier les prunes de Santa Clara), si l'on en croit le médecin. Un heureux playback est opéré sur les caravanes stationnées sur la place des chameliers (Beni Djemla), chargées de sacs de «djawz» et «lawz», outre du sel de la Sebkha, qui vont les troquer à Tombouctou contre du «tibgh» (pépites d'or à l'état brut), une matière précieuse qui sera traitée à Tlemcen pour obtenir des «louises et des soltanis», via des mains expertes appartenant à 82 métiers de l'or, selon Baghli... Troisième station : le rocher de «Meriem» situé sur un promontoire offre un panorama fascinant sur le site d'El Ourit. Le rocher a été baptisé ainsi suite à l'annonce surprise d'une naissance chez les Alili dont le père Tarik était en randonnée au niveau de ce site. Pique-nique improvisé. Des dattes «Deglet nour» succulentes et du chocolat noir sont offerts aux hôtes de «Hadjret Meriem». Pauses photos de famille dédiées par le sympathique photographe Krimo Baroudi perché sur ledit rocher, abstraction faite des selfies spontanés. Cédant à son amour pour les animaux, Kamila, une zoophile invétérée, préfère immortaliser un âne noir solitaire, affamé visiblement en «divagation». Ce que Krimo appelle prosaïquement «les meilleures rencontres de la randonnée». Au loin se profile 5 piles du pont du train LGV «en veilleuse», un projet gelé à cause de la crise économique ; l'Etat aurait indemnisé les Chaouche Ramadane à raison de... 90 DA le m2 au titre de l'expropriation de 2.000 m2 de terres agricoles pour utilité publique, d'après les propos de Krimo. Changeant de registre, et en photographe averti, ce dernier nous montre les «3 parallèles» en référence à trois voies qui serpentent au niveau du site naturel d'El Ourit. Sans jumelles, on peut apercevoir Ouchba et Aïn Fezza (à travers les silos de Kherbouche)... Adossé au rocher de Meriem, Si Baghli observe avec un air méditatif les traces d'érosion sur la falaise abrupte d'où coulaient à flot les chutes du Mefrouch. En certains endroits, les cascades étaient à sec... On se rappelle le «miracle» (el-ghaït) qui se produisit en 2009 à El-Ourit «sauvé» providentiellement par le barrage du Mefrouch au moment de la cérémonie d'inauguration officielle du système hydraulique (mécanique), un succédané de chutes compensant le déficit en eau dû à la sécheresse qui sévissait. Outre les cascades, la carte postale d'El Ourit renferme la légendaire source appelée Aïn El-Ghomri (la source du pigeon voyageur) où jadis, assise en tailleur sous un olivier, Cheïkha Tetma chantait et enchantait le paysage bucolique d'El-Ourit avec sa voix langoureuse accompagnée de son rossignol Abdelkrim Dali «Aziz el-wissal» (1925). El-Ourit fut son lieu de prédilection, son coin de paradis à telle enseigne que lorsque le notaire lui posa cette question: «Etes-vous consciente de ce que vous faites ?» (au sujet d'un héritage qu'elle allait léguer à ses deux domestiques), Cheikha Tetma répondit: «Voulez-vous que je vous dise combien il y a de virages de Tlemcen à El-Ourit ?», une réaction consignée d'ailleurs dans l'acte de donation. Les cascades Ferroudj, T'bal et Zerga baignaient dans le hawzi et son esturgeon le hawfi. L'autre dimension cartophile est représentée par le pont ferroviaire dit des cascades d'El Ourit. En contrebas, on distingue le pittoresque pont Eiffel. Sirène toute hululant, un train de marchandises s'engouffrait, tel un boa, dans le vieux tunnel... Il faut savoir que le pittoresque pont des cascades d'El Ourit (chutes et ouvrage «promus» en carte postale) serait l'œuvre de l'illustre ingénieur français (d'origine allemande) Gustave Eiffel qui l'aurait réalisé avant la célèbre tour éponyme de Champ-de-Mars (Paris). Mais cette thèse aurait été implicitement battue en brèche à l'occasion de l'exposition universelle de Paris (1889), selon notre archiviste Krimo qui parle d'une société lilloise, maitre d'œuvre dudit ouvrage d'art. Celui-ci, placé entre cinq tunnels, avait été construit pour éviter le creusement de la falaise. Il mesurait soixante-huit mètres et on le testa en 1889 en y installant un train de 250 tonnes (les archives techniques se trouveraient au niveau des ponts et chaussées de la ville de Tlemcen). Ce jour-là, beaucoup de Tlemceniens vinrent, en curieux, assister à cette démonstration qui se révéla positive, selon Louis Abadie, auteur de «Tlemcen au passé retrouvé» et «Tlemcen au passé rapproché». La peinture de la tour Eiffel est refaite tous les sept ans, croit-on savoir ; quant au pont éponyme, il faudra repasser... Au fait, pourquoi cet ouvrage d'art ne fut pas ciblé par l'ALN à travers un acte de sabotage ou lors de la décennie noire ?... Le canal romain Sakiet Ennasrani longeait le sentier que nous empruntons. Le parcours est bordé d'arbres fruitiers: jujubiers (sfizef)), caroubiers (kharroub) , figuiers (karmous), micocouliers (toghzaz), aubépiniers (aïn el-ba'ra)... Sur un grand rocher est peinte en blanc l'inscription «Parc national de Tlemcen». Un peu plus loin, sur une autre «balise» minérale est signalé «Parcours 2 km sentier pédestre»... Un promontoire, appelé prosaïquement «le balcon d'Allah» (Nadhratou naïm) par Baghli, domine le site. Un aigle royal dédiera une gracieuse ronde à ces visiteurs habituels en guise de bienvenue. En amont, trône un vestige colonial. Il s'agit d'une ancienne guérite qui servait de poste d'observation militaire français de ce maquis... Abdelkader Bekkaï, un inspecteur de l'Education à la retraite, se souvient de son ancien professeur d'EPS au grand lycée de garçons, en l'occurrence Garcia Lopez, qui organisait pour ses élèves des sorties mémorables dites de plein air, une séance écologique qui a malheureusement disparu des mœurs scolaires. Une manière implicite de rendre hommage à Si Baghli qui n'est pas près d'abandonner son bâton de randonneur, pardon de pèlerin, malgré son âge avancé, à savoir 80 ans. Il faut souligner dans ce contexte que cet éducateur, nous parlons du retraité, initiait lui aussi dans les années 70 des sorties à pied pour ses élèves de l'école de musique de la Médersa vers le site historique de Mansourah. En guise d'ambiance, le groupe de Si Baghli chante à l'unisson le poème phare de Sidi Boumediène, intitulé «Ouhibou liqa' el ahbab fi koulli sa'âtine, li anna liqa' el ahbab fihi manfi'ou»( J'aime la rencontre des amis en toute heure ; car elle comporte des bénéfices). Un texte d'anthologie considéré par un chercheur de l'université américaine de Harvard comme «la synthèse de toutes les religions», Sidi Boumédiène incarnant à ce titre l'école de la spiritualité universelle. La pensée anglo-saxonne est en train de rentrer dans l'esprit spirituel, selon Si Baghli... Le chant profane hawfi «Mchit li ourit wa mchit nan' dar fih» n'aura pas accompagné cette fois le poème mystique. Et pour cause. Amina Mimouni, la poétesse et cantatrice attitrée du groupe se trouve bloquée en France, une absence fortement remarquée et ressentie par ses compagnons... Quelques glissades sont enregistrées lors du parcours à cause de la pluie, mais on n'a eu à déplorer un accident sérieux. Djawed, ne se départant pas de son sens de l'humour mais toujours vigilant, vient à la rescousse en tendant la main, en proposant un biais ou en prêtant un bâton. Ignorant la chute qu'il venait de subir, le sympathique Benyahia nous passe son bâton. Si Baghli, lui, est plus que prévoyant puisqu'il est muni d'un bâton et d'un... parapluie... Quatrième station : halte rituelle devant un autre arbre à palabres, un pin d'Alep en l'occurrence baptisé «Hana» par Si Baghli (en référence à sa «n'bita», arrière-petite-fille) ; celui-là est dédié au vœu face aux vicissitudes de la vie (le visiteur devra prononcer la formule de Salam, puis décliner son prénom ainsi que celui de sa mère avant d'exposer son cas ; à la prochaine visite, l'arbre lui «communiquera» le message attendu...). Mythe ou superstition ? En tout cas, l'arbre à palabres est connu dans les us et coutumes africaines et méditerranéennes... Chemin faisant et en aparté, Si Baghli nous raconte, en guise de catharsis, ses déboires avec les décideurs de la période post-indépendance, à la suite de sa participation à la conférence de l'UIT à Vienne en 1965 en sa qualité de délégué de l'Algérie. Son intervention houleuse sur les enjeux des systèmes NTSC et PAL, d'une part, et SECAME d'autre part (pour lequel il avait plaidé par rapport à son pays), devant le Comité Consultatif International des Radiocommunications (C.C.I.R.) lui valut d'être viré du ministère de l'Industrie. A noter que cet ingénieur des transmissions, issu de l'école nationale polytechnique d'El Harrach (Alger), procéda en 1964 à l'ouverture du centre émetteur (radio) de Sidi Hamadouche (situé entre Sidi Bel Abbès et Oran) avec la réception et l'installation d'équipements français de marque TOMSON et HOUSTON. Si Baghli paya le prix de son choix technique, la rançon de son patriotisme inébranlable. Depuis, celui qui fut reçu tour à tour dans ce cadre par le président suisse Hr. Jonas FRANZ - BUNDESPRESIDENT VON ÖSTERREICH, le négociateur des accords d'Evian Réda Malek, le ministre des Affaires étrangères, Seddik Benyahia et le ministre de l'industrie de l'époque Belaïd Abdeslem tomba en disgrâce avant de faire une traversée du désert éprouvante marquée par l'exclusion, la suspicion et la diabolisation : c'est la descente aux enfers, professionnellement parlant, pour Si Baghli, alors âgé de 25 ans. Tapi dans l'ombre, le cabinet noir qui jeta l'anathème sur cet ingénieur fougueux brisa ainsi l'avenir qui s'annonçait prometteur pour ce jeune cadre des transmissions frais émoulu de l'ENP. Force est de constater que l'existence de la «içaba» ne date pas d'aujourd'hui et a encore de beaux jours devant elle... Si Baghli compte organiser une randonnée mémorielle vers le centre émetteur radio de Sidi Hammadouche (entre Sidi Bel Abbès et Oran) où il fit en 1964 son baptême «d'ondes hertziennes» en tant qu'ingénieur des transmissions frais émoulu de l'ENP d'El Harrach... Sur le chemin de retour, on emprunta instinctivement une autre piste parallèle au sentier initial. Krimo situera visuellement plusieurs points sur son plan «virtuel» : la gare de Tlemcen (Triq Ettout), le minaret de la mosquée de Sidi Boumediène (El Eubbad), l'hôtel Les Zianides (La Metchkana), la caserne du groupement de la gendarmerie (Riat el Hammar... Le groupe descend une piste caillouteuse appelée «trig el karkar» (le sentier des galets), un itinéraire habituel qu'empruntait jadis les marchands de charbon venant de Beni Hdiel (Chaoui signifierait le charbonnier) ; ils se rendaient à Bab Sidi Boumédiène pour vendre les sacs de combustible destinés à l'usage domestique (maisons) ou commercial (bains maures, gargotes) ; la cendre était récupérée et recyclée en détergent pour la lessive, selon Si Baghli... Cinquième et ultime station : le parvis des poètes. A notre arrivée au point de départ, c'est-à-dire la station d'Al Baâl, on est accueilli par Hammi Belkaïd qui nous offre une copieuse collation surprise : une pièce montée et une tarte d'anniversaire, faites maison par l'épouse de ce dernier Mme Sekkal et dédiées pour la circonstance à Si Baghli. Une avalanche de vœux de congratulations s'abat sur le brave octogénaire. Une salve d'applaudissements mais point de youyous (omission ou émotion ?). Une grande émotion s'empare du groupe, vite atténuée par la chanson fétiche «Joyeux anniversaire». Krimo le photographe archiviste lui offre quant à lui un album photos, spécial randonnée tandis que Mme Nazha Bouabdellah lui remet, au nom du groupe, un écran data show pour équiper la khalwa Cheïkh Senouci. Tout ému et non moins reconnaissant, Si Baghli remercie les présents pour ces gestes et ces marques de sympathie à son égard (sa page Face book notamment regorge de messages postés à cette occasion par ses admirateurs). Si Baghli, en sa qualité de chercheur en legs immatériel universel (une autre casquette) saisit cette belle opportunité pour faire un bref historique de la récupération et la réouverture en 1980, de l'ermitage de Derb Beni Djemla dit khalwat Cheïkh Senouci avant d'évoquer un autre pan du patrimoine, celui-là immatériel, qui est le calendrier «hidjri» (julien) par rapport au calendrier «miladi» (grégorien) en «zoomant» sur deux évènements ; Ennayer et El Mawlid Ennabaoui... En guise d'exercice pratique, Mme Nezha, faisant pour la circonstance office de «secrétaire» particulière de Si Baghli, relève les dates de naissance de chacun pour procéder à la conversion numérique via Google. Auparavant, elle a distribué au groupe trois documents polycopiés (hawfi, poème mystique et invocation). Par ailleurs, Hammi Belkaïd, professeur au département de mécanique auprès de la faculté des ingénieurs de Chetouane, membre actif du groupe de Si Baghli, envisage d'organiser la célébration du Mouloud au sein du palais du Méchouar. Dans ce sillage, nous lui avons proposé deux projets de fin d'études à initier dans le cadre du laboratoire d'automatisme, à savoir la restitution de la Mangana d'Ibn el Feham (l'horloge de Luxembourg en serait «copiée») et l'Astrolabe d'El Habbak (un modèle se trouverait au musée de Chicago)... La cérémonie s'est déroulée au niveau du parvis des poètes en hommage à Moufdi Zakaria qui dédia un panégyrique à Tlemcen intitulé «Amdjadouna tatkalem», «inspiré» par effet d'intertextualité du poème andalou «Ya ahl el andalouss» d'Ibn Khafadja, à l'instar de «Je t'aimerai Tlemcen ; Aussi longtemps» de Si Djelloul Benkalfat par rapport à celui de Claude Maurice Robert... Une fausse note cependant dans le décor pour ne pas un point noir au niveau de la station spirituelle d'El Baâl. Il s'agit de la présence récente d'une décharge sauvage qui défigure la beauté bucolique du paysage d'autant qu'une aire de jeux y est dédiée aux enfants. Où est passé le gardien du parc national ? A qui profite ce crime écologique ? Heureusement que les chutes de pluie propices de la veille, avaient un tantinet atténué les odeurs nauséabondes qui se dégageaient de la décharge. En tout état de cause, et abstraction faite de l'incivisme criard des riverains, la carence du PNT et l'incurie de l'APC sont plus que patentes à la suite à cette atteinte à l'environnement naturel (insalubrité publique, risque de feux de forêt) et au patrimoine immatériel (profanation d'un lieu saint, dégradation de la valeur spirituelle de ladite station). A ce titre, la direction des Affaires religieuses et celle de la Culture sont également interpellées à ce sujet. Le saint Sidi Abdellah doit certainement se retourner dans sa tombe en poussant ce cri de «détresse» : «Cachez-moi ce (giga) dépotoir que je ne saurais voir !». Ne dit-on pas que la nature fait bien les choses, en l'occurrence «marier» le mystique à l'écologique ? Amen... |
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