|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Né en 1857 à Nedroma, M'hammed Ben Rahal fut le premier Algérien à obtenir le baccalauréat au
terme des études secondaires qu'il avait suivies au lycée impérial d'Alger où
il fut admis en 1870 qu'il fréquenta jusqu'en 1874 avant d'être nommé, en sa
qualité de parfait bilingue, lettré et pieux, khalifa
d'agha, en 1876, puis Caïd de Nedroma en 1878, en
remplacement de son père mis d'office à la retraite pour n'avoir pas accepté
d'être le simple auxiliaire des autorités coloniales. Auparavant, il avait
suivi les cours de la première Ecole franco-arabe de Nedroma
ouverte en 1865.
M'hamed Ben Rahal est le fils de Hamza, notable bourgeois et cadi de cette même ville, nommé par l'Emir Abdelkader et confirmé par les autorités coloniales. En 1878, il visita l'Exposition universelle à Paris avec d'autres chefs indigènes. En 1884, Si M'hammed Ben Rahal démissionne de ses fonctions d'administrateur colonial, carrière qu'il épousera momentanément après celle de caïd. En 1891, il se rend à Paris en compagnie de son condisciple au lycée d'Alger le Dr Benlarbey de Cherchell, pour présenter les revendications des Algériens musulmans et la réorganisation des medersas. En 1894, il lance une pétition pour la réorganisation des médersas. En 1896 on le voit polémiquer avec le secrétaire du groupe colonial à la Chambre. Il fait un voyage à Gibraltar, Tanger et Melilla. En 1897, il donne une conférence au Congrès des Orientalistes à Paris sur le thème « L'avenir de l'Islam ». L'année 1900 inaugure un tournant dans sa vie. Probablement déçu par le peu d'écho que trouvent ses propositions auprès des autorités françaises, voire de ses pairs de l'élite algérienne, il se retire dans sa ville natale et s'adonne au mysticisme (soufisme) pratiqué dans les confréries. Il choisit la confrérie des Darqawa. En 1903, il prononce à Tlemcen dans un style d'une haute tenue littéraire, le discours de réception du président de la République française Emile Loubet. De 1903 à 1907, il est à Oran en tant qu'assesseur musulman au Conseil général d'Oran. En 1908, il adresse un mémoire relatif au projet Messimy sur la conscription obligatoire des Musulmans. En 1919, Si M'hammed est réélu conseiller général et délégué financier ; il lutte en vain contre le rétablissement du régime de l'indigénat et fait dans ce but un nouveau voyage à Paris, en 1920, avec l'Emir Khaled. En 1920, Ben Rahal est conseiller général de la circonscription de Remchi. En 1921, il part en France, sans illusion, pour réclamer encore une fois l'abolition du régime d'indigénat. En 1922, il réclame au Président Alexandre Millerand une représentation au Parlement, ce qui lui vaut d'être classé nationaliste. En 1923, il est invité au Maroc par Lyautey, désireux de montrer aux Marocains une « réalisation française», et il donne une conférence à l'Université Qarawiyine de Fès. En 1925, il est vice-président du Conseil général d'Oran, mais battu aux élections des Délégations financières ; il en ressent une grande amertume dont témoigne sa lettre d'adieu à ses coreligionnaires, du 14 décembre 1925. Si M'hamed Ben Rahal était connu pour être un véritable rhéteur dans les deux langues (l'arabe et le français), du témoignage même de Ferhat Abbas, l'autre grand monument national dans son livre « La Nuit coloniale». Cet intellectuel et écrivain est le premier à avoir écrit, en 1891, une nouvelle en langue française intitulée : « La vengeance du Cheikh». Il participe dans des journaux coloniaux « l'Echo d'Alger et l'Echo d'Oran », ainsi que dans le bulletin de la société de géographie et d'archéologie d'Oran. Ben Rahal intervient plusieurs fois, dans les premiers journaux algériens, notamment « El Hak », un hebdomadaire ayant vu le jour en 1911 à Oran. Selon le regretté Benamar Djebbari, auteur de « Nedroma, petite ville, grands noms », des anecdotes dont tous les Nedromis tiraient fierté circulaient à son sujet comme par exemple, celle où se trouvant dans un train en France pour se rendre à Paris, il eut en face de lui, dans le même compartiment réservé aux voyageurs de marque, une dame, apparemment de haute classe. L'ayant vu ôter ses chaussures pour se sentir à l'aise, la dame en fût scandalisée. Un Arabe en burnous, assis devant elle et montrant de surcroît ses pieds nus ! Elle lui fait une remarque véhémente et hautaine. Il lui répond calmement et courtoisement en français, qu'il parlait bien mieux qu'elle : « Sachez, madame, que ma religion me fait un devoir de laver mes pieds au moins cinq fois par jour et que de ce fait, ils sont plus propres que n'importe quelle partie de votre corps que vous ne devez certainement pas laver autant ». Elle fut, en arrivant à Paris, tout éberluée de voir cet Arabe, en burnous, accueilli par de hautes personnalités en tenue officielle. En 1962, le fils de son neveu Tahar, Abdellatif Rahal, est le premier ambassadeur à Paris de l'Algérie indépendante et son représentant à l'ONU en 1971. Le 6 octobre 1928, Si M'hammed Ben Rahal meurt à Nedroma, à l'âge de 71ans. Dans le cadre de la célébration du 61 anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale (1er Novembre 1954), une conférence sur la vie de « M'Hamed Ben Rahal, le rebelle de Nedroma » avait été donnée par Ahmed Bencherif, écrivain et poète, à la bibliothèque de lecture publique ?Mohammed Dib' d'Imama. A noter que l'érudit polyglotte de Médéa Mohamed Bencheneb (1869-1929) obtient la première partie du baccalauréat en 1894. Tawhida Ben Cheikh était la première bachelière tunisienne (1928). Affani Mohamed Ben Lahcen dit « Père Jégo » est quant à lui le premier bachelier marocain (1919). |
|