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Ainsi,
il se produit un phénomène monétaire, puisque l'Europe et les ÉtatsUnis n'arrivent pas à produire pour équilibrer leurs
balances commerciales avec l'extérieur, ils l'équilibrent par la création
monétaire. Et cette situation a duré depuis la colonisation, et même après la
décolonisation, et aujourd'hui encore, le processus a continué à s'exercer sur
le reste du monde, et celui-ci n'a pas posé de problème. Bien plus, il est en
permanence à la recherche des liquidités en dollars et en euros. Et avant
l'euro, à la recherche des franc français, des deutschemarks, des lires
italiennes, etc.).
Et si une crise économique apparaît en Europe et aux Etats-Unis, elle est vite dépassée par la création monétaire. Et c'est ce que font, depuis 2008, les deux Banques centrales, américaine (Fed) et européenne (BCE) avec les quantitative easing (QE), suivies bien sûr des deux autres Banques centrales d'Angleterre et du Japon, et même la Banque de Suisse qui compte pour 0,1% dans sa part de monnaie de réserve de change dans le monde. Et cette synchronicité dans les émissions monétaires entre les grandes Banques centrales du monde permet d'éviter des écarts erratiques entre les taux de change des monnaies internationales. Mais, aujourd'hui, avec l'internationalisation de la monnaie chinoise, le yuan est de plus en plus utilisé eu égard au poids de la Chine dans le commerce mondial, et sur les 7,6 milliards d'êtres humains que compte l'humanité, 6,6 milliards commencent à utiliser cette monnaie et même l'Europe et les États-Unis. Dans les décennies qui viennent, il faut s'attendre à ce que les monnaies de l'Inde, de la Russie, du Brésil, en clair les grands ensembles économiques hors-Occident, utilisent leurs monnaies dans le commerce mondial, et le processus qui se généralise, que va-t-il se passer alors en Europe et aux Etats-Unis ? Les deux grandes puissances monétaires du monde, les États-Unis et l'Europe, vont perdre fatalement la prééminence de leurs monnaies dans les échanges internationaux et leurs places dans les Banques centrales du monde, puisque il viendra un temps où le dollar et l'euro n'interviendront que dans la part que leur échoient leurs marchés avec le reste du monde. Dès lors les deux grandes puissances occidentales n'auront plus de pouvoir monétaire sur le monde. Nous aurons alors un marché mondial entre les puissances économiques avec cette logique «donnant-donnant» dans le sens «Je te vends, tu m'achètes exactement avec seulement ce qui m'est nécessaire et ce qui t'est nécessaire, et ce que peut et vaut ta monnaie et ma monnaie dans l'échange». Et ce processus «donnant-donnant» sera pour ainsi dire universalisé, personne ne prend de richesses à autrui. Le monde ainsi va se diriger à ce nouvel équilibre économique mondial, les nations faibles vont se trouver à s'aligner à toutes les grandes monnaies du monde. Évidemment, ce qui va trancher, ce sera la puissance économique des nations qui auront le plus de marché dans le monde et forcément étayé par la compétitivité des biens et services exportés dans le monde. Cette nouvelle situation mettra fin irrémédiablement à l'hégémonie américaine et européenne ? Que va-t-il se passer alors pour les Banques centrales des USA et d'Europe ? Fini alors la création monétaire ex nihilo qui finançait leurs déficits extérieurs qu'elles répercutaient sur les 6 milliards d'êtres humains de la planète. En 2030, 2040, la Terre sera peuplé de plus de 8 milliards d'êtres humains. Le seul moyen qui restera alors pour les États-Unis et l'Europe de financer leurs déficits par leurs propres moyens, à savoir l'austérité, la hausse des impôts, la diminution drastique des dépenses publiques. Le niveau de vie européen et américain va fortement diminuer. Les peuples d'Europe et des États-Unis commenceront à rechigner, les «gilets jaunes» en France vont monter en puissance et s'étendront à l'Allemagne, l'Italie et aux autres pays d'Europe. Le peuple américain sera forcément déstabilisé. Les Banquiers centraux ne pourront plus utiliser les quantitative easing dont le seul apport est de créer des liquidités ex nihilo pour retirer des liquidités. Une force de frappe occidentale pour «liquéfier» les avoirs du reste du monde par la «déflation» comme ce qui s'opère aujourd'hui depuis 2008, et mis en œuvre en 2014. La situation va changer totalement en Occident, et Donald Trump qui est confronté à la Chine et cherche à diminuer le déséquilibre commercial n'est là qu'un début de la direction que prend l'Amérique. Dans une ou deux décennies, la situation va se renverser et le déséquilibre ne pourra plus exister, engendrant des mouvements de contestation populaires de grande ampleur et aussi en Europe, et partout en Occident. Précisément le Hirak algérien pacifique qui a anticipé dans l'histoire sera la voie tracé pour les peuples d'Europe et des Etats-Unis, puisqu'il aura été un mouvement précurseur à l'humanité entière. Et l'humanité un Hirak européen et américain populaire général qui émergera, bouleversera entièrement l'équilibre politique, économique, social et citoyen occidental, et il exigera qu'ils «dégagent tous», c'est-à-dire les systèmes qui ont amené cette situation. C'est parce que l'Occident qui est démocratique qui lui sera facile de mobiliser les peuples d'Europe et étasunien dans des marches pacifiques, à l'image des marches pacifiques du peuple algérien, sans violence et dans la durée, d'influer sur le système politique et économique qui n'a fait qu'enrichir une classe de milliardaires qui compte 1% de la population et «ramasse» 80% de la richesse nationale tant en Europe qu'aux États-Unis. Les 99%, soit pratiquement la population totale occidentale ne profite que de 20% de la richesse totale. Il y a donc un non-sens historique dans un sens paradoxalement normal et légal de l'histoire contemporaine de l'humanité. Un non-sens qui est aussi «juste sens» puisque, malgré les avancées démocratiques, il maintient les peuples dans l'asservissement et l'exploitation. Et ainsi on comprend le sens de l'irruption du Hirak algérien aujourd'hui dans la trame de l'histoire. Dans le sens qu'il s'étendra à l'Occident et qu'il réorganisera la structure de la nation américaine et européenne dans sa globalité en phase avec la nouvelle configuration mondiale. Et les gouvernements n'auront pas d'autres alternative que de s'exécuter devant la pression de leurs peuples. D'autant plus qu'il y a déjà une forte dynamique en cours et qui concerne l'humanité entière. Le monde entier est en train de muter, à voir la complexité du Brexit, l'Allemagne qui cahote économiquement, l'Europe en perte de repères, la Chine vouée aux gémonies par la jeunesse hongkongaise, les gilets jaunes en France, la triple crise américaine avec la Corée du Nord, l'Iran et la Chine. Avec l'Iran, le vrai problème avec les États-Unis est monétaire, il concerne le dollar. La question nucléaire n'est que le prétexte et on comprend Donald Trump tout en soufflant le chaud et froid cherche en fait à «amadouer l'Iran», à vouloir que l'Iran soit du côté des États-Unis et non de la Chine et de la Russie. Et c'est une grande puissance pétrolière et le dollar US puise sa puissance du fait qu'il est la monnaie de facturation des transactions pétrolières arabes. D'autre part, on ne doit pas oublier aussi «Israël qui se cherche». De même le «monde monarchique arabe en pleine déroute qui paradoxalement ne ressent pas encore sa déroute», et d'autres données négatives pour l'Occident. Et ce ne sont là que des prémisses, il faut attendre pire dans quelques années. Évidemment, il y a des solutions herméneutiques pour que l'Occident prépare cet avenir qui n'est pas radieux, malgré la puissance occidentale d'aujourd'hui que l'on peut qualifier «du moment», eu égard au renversement à venir dû aux nouvelles puissances montantes. Ces solutions existent, mais l'Occident pourra-t-il s'en inspirer ? Reste la question de l'intervenant dans le deuxième post, «comme en 1789/1793, y a-t-il un «sabre» qui traîne dans les couloirs de vos espoirs démocratiques ?» Ce sera comme en 1789 qui a donné la Terreur, et Napoléon. Le sabre n'a pas été Napoléon, le vrai sabre a été le peuple français qui s'est soulevé. Sans le peuple, Napoléon n'aurait pas existé. De même, en Europe et aux États-Unis, «le vrai sabre n'est pas celui qui prendra le pouvoir et ensuite changera la structure, mais les peuples tout entiers des États-Unis et d'Europe qui le seront parce qu'ils se seront trouvés, eu égard aux changements de l'histoire, poussés sur la scène politique pour prendre leurs destins en main, pour imposer une nouvelle gouvernance qui répondrait à leurs revendications, à leurs aspirations pour une vie meilleure.» Cette métaphore-image sera-t-elle annonciatrice d'un ordre nouveau du monde, probablement tumultueux pour les puissances occidentales qui ont le plus à perdre. Une «nouvelle décolonisation» sur un autre plan aussi fondamental, aussi nécessaire que ne le fut la décolonisation armée ? Et qui s'inscrit dans une nouvelle étape «herméneutique» de l'Histoire de l'humanité. *Auteur et chercheur spécialisé en économie mondiale, relations internationales et prospective |
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