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La taxe foncière, les
propriétaires ou copropriétaires en Algérie rechignent à la payer faute de
coercition et de contrainte, ce qui est révélateur de l'absence de volonté
politique visant à imposer la contrainte par la violence légitime pour
appliquer la loi.
Rente de localisation La rente de localisation est un revenu locatif résultant d'une localisation favorable, qui est maintenant le principal caractère monopolistique de la rente foncière en Algérie (le loyer à Hydra n'est pas le même que celui appliqué à El Harrach, celui d'El Hamri ou Médioni n'est pas le même pratiqué sur la frange maritime de Canastel, Maraval ou St Hubert, etc.). Il faut ajouter que la rente de localisation est augmentée par les chemins de fer, les lignes de métro, les routes et autres commodités tels que infrastructures de transport, par de meilleures écoles, l'accès aux commerces, les complexes sportifs et les parcs voisins, et par l'autorisation de l'utilisation des terres de l'agriculture ou des friches industrielles (spéculation et rente foncière) les jouxtant vers une utilisation commerciale ou résidentielle plus rémunératrice ou vers des immeubles de plus grande valeur. Classe rentière La classe rentière est une catégorie de personnes vivant grâce à des rentes et intérêts immobiliers et mobiliers (bons de caisses, actions, obligations, corruption, exercice d'activités sans inscription fiscale et commerciale (exemple le marché parallèle des revendeurs de voitures est une niche et un manque à gagner fiscal estimé entre 2 à 3,5 milliards d'euros), fuite des capitaux placés à l'étranger, les obligations encaissées au Trésor lorsque les intérêts arrivaient à échéance, etc.). L'idéologie néolibérale maximise l'extraction de rentes du secteur de la finance, de l'assurance, de l'immobilier, des assiettes foncières distribuées par les walis et les ministres aux principaux membres des organisations de l'Etat et des commissions prises sur le montant des marchés publics qu'ils soient nationaux ou internationaux. Les deux décennies de pouvoir de Bouteflika ont mis en place un Etat déliquescent compradore, un Etat gabegie et de corruption jamais connu auparavant qui allait précipiter le délitement total voir la disparition du pays en mettant en évidence et en montrant la voie à tout le monde que l'accès au pouvoir permettait d'accéder à la richesse. A cet égard, les responsables des organisations de l'Etat algérien usaient de leur pouvoir de nomination et de destitution pour nommer et placer les managers, walis, ministres à des postes clefs, dotés du pouvoir de signature leur permettant d'accéder à la richesse, etc., censés servir exclusivement ceux qui les ont nommés pour extraire ladite rente dont le coût sera internalisé sur nos populations, allant de la distribution quasi gratuite des assiettes foncières urbaines du domaine de l'Etat par les walis et ministres (phénomène particulièrement très visible à Oran et Alger et leurs banlieues respectives) aux marchés gré à gré (autorisés par le Conseil des ministres ayant pour fondements un nouveau code des marchés publics scélérat, révisé et dénaturé pour les besoins de la cause, par ordonnance sous la férule de Bouteflika qui n'a jamais été soumis au Parlement pour être approuvé à la majorité des 3/5 et en contradiction totale avec la loi sur la corruption n° 06-01 du 20 février 2006), auxquels il faut ajouter les rétrocessions de commissions des marchés et des contrats internationaux d'entreprises publiques. Cela explique pourquoi les revenus des rentiers et leurs gains sur le prix des actifs (que Hobson appelait « gains par chance » et Keynes « aubaines ») n'apparaissent pas comme tels dans les comptabilités nationales et internationales, et échappent à toutes impositions fiscales ou poursuites judiciaires (revenus d'origine indéterminée). Recherche de rente (ou prédation économique) La recherche de rente est l'activité à somme nulle dans laquelle les gains d'une partie (les rentiers) est la perte d'une autre (coûts internalisés sur les populations appauvries), contrairement aux nouveaux investissements en capital et à l'embauche qui augmentent la production et le flux de revenus d'une économie réelle. Les néolibéraux de la théorie économique néoclassique ont détourné l'attention de la rente foncière, de la rente sur les ressources naturelles, de la rente de monopole, ou la rente de rétrocessions de commissions que les économistes classiques associaient aux secteurs de la prédation des marchés publics, de la finance, de l'assurance, de l'immobilier, etc. Ils ont redéfini la « recherche de rente » de manière à ne l'appliquer qu'aux politiciens et aux syndicats honnêtes qui font pression pour obtenir des « privilèges spéciaux », tels que la sécurité sociale, un salaire minimum et des programmes publics pour répondre à d'autres besoins fondamentaux des populations. Mais ces programmes n'ont rien à voir avec la recherche classique de la rente. Ce sont des fonctions propres à l'Etat. Il faut savoir que la politique néolibérale a pour ennemis jurés, la réglementation et les subventions au but de laisser passer «le marché» par défaut aux gestionnaires financiers ? comme si leur propre objectif principal n'était pas de rechercher des rentes économiques classiques pour se donner les moyens d'être des monopoleurs et des prédateurs de rentes financières ! Un tel langage développé par les néolibéraux constitue une parodie de vocabulaire économique. La théorie de la rente économique néoclassique contrairement à l'économie classique, renonce aux rentes du secteur de la finance, de l'assurance, du monopole, de l'immobilier et des rétrocessions de commissions au lieu de les taxer (les lois et les décrets ne seront jamais respectées si l'Etat n'use pas de façon ferme de la contrainte c'est-à-dire de l'utilisation de l'exercice légitime du monopole de la violence). Imaginez un seul instant si les services publics seraient privatisés (bouches à incendies, écoles, routes, autoroutes à péage, santé, hôpitaux, complexes sportifs, les plages, les parkings, universités, services des eaux, énergie, etc.), le payement de ces services publics autrefois gratuits serait effectué aux propriétaires et aux financiers de ces monopoles naturels, agissant en kleptocrates pour l'appropriation de la rente classique, outil qui nous mènera directement à la «route de la servitude», à l'esclavage et à se prosterner à «l'oligarchie» naissante qui contrôlera tous les gouvernements qui passent et le Parlement compris. La théorie de la rente Ricardo a affiné le concept de rente économique pour décrire comment la hausse des rentes foncières a fini par être payée par l'industrie et la main-d'œuvre. Mais l'objectif néoclassique a été de libérer les propriétaires et tout le secteur de la finance, de l'assurance, de l'immobilier et des marchés publics (ou la rente est extraite par les rétrocessions de commissions dont les coûts seront internalisés directement sur nos populations) de la fiscalité, et aussi de la réglementation publique et de la législation contre les monopoles. Afin de détourner l'attention du public de l'opportunité de taxer ce flux de revenus immérités pour financer les fonctions légitimes de l'Etat, le concept de rente économique ? et avec lui l'histoire de la pensée économique - a été exclue du programme d'enseignement général aujourd'hui. Il a été remplacé par la vision étroite et mathématisée d'une science économique dite marginaliste, de l'optimum du bien-être wallrassien et de « toutes choses égales par ailleurs » (juncs economics). A ce sujet, La ploutocratie strausso-anglo-saxonne de la City de Londres et Wall Street New York depuis le début du XXe siècle est derrière tous les flux financiers mondiaux (sans oublier la création des monnaies scripturales créées sur claviers informatiques) qui coulent à flots, leur permettant d'avoir une totale et absolue mainmise sur leurs vassaux mammonites (Mammon est la richesse matérielle qui est personnifiée en divinité à laquelle les hommes sont susceptibles de vouer leur vie) que sont les élites politiques et économiques européennes et américaines. L'Occident via la mascarade de la fausse représentation (les lobbies dominent) et une pseudo-démocratie constitutive au capital. Voir les remarquables travaux de Carl Schmitt et la critique de la démocratie libérale capitaliste : «Le capitalisme libéral (le pouvoir constitué) est par essence antidémocratique parce qu'il renonce à la souveraineté populaire (le pouvoir constituant)». C'est Carl Schmitt en 1923 qui le premier a parfaitement exploré ce problème crucial de la mystification du processus démocratique et de la fausse représentation par le monde capitaliste néolibéral (Schmitt, Carl (1923), La Notion de politique, Paris, Garnier-Flammarion). Voir aussi l'excellent ouvrage très récent du professeur américain Mark Mazower de l'université de Columbia à New York qui démystifie l'idée selon laquelle l'Europe est le continent par excellence de la démocratie, des valeurs de paix et de coopération, d'une diplomatie transparente et multilatérale. Dans l'histoire du XXe siècle, Mazower met en lumière la fragilité de l'adhésion des populations européennes et de leurs leaders à la démocratie, tant dans l'entre-deux-guerres que pendant la guerre froide et après (Mark Mazower, le continent des ténèbres, édition du Seuil point, 2021). Thorstein Veblen (1857-1929) Dans ces deux siècles et demi d'évolution de la pensée économique, un auteur auquel l'école de Karl Polanyi consacre de longs et passionnants articles et publications est Thorstein Veblen qui joue, au tournant du XXe siècle, un rôle central. Il est le plus important représentant de l'école américaine d'économie politique (ou encore institutionnaliste), frottée à l'école historique allemande (il faut savoir que les économistes américains à partir du milieu du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle faisaient leur formation en Allemagne première puissance industrielle mondiale écrasante pour la période 1890-1914, voir les statistiques de Paul Bairoch, « victoires et déboires » T.2, Folio, édit. Paris). En Europe, Veblen n'est à peu près connu que comme un sociologue, ou apparenté, auteur de la fameuse « Théorie de la classe de loisirs » (si influente dans l'œuvre de Bourdieu). Mais, en réalité, il est avant tout un économiste, qui dénonce avec acharnement toutes les rentes, prévarications, ententes illicites, monopoles ou manœuvres frauduleuses qui entravent le développement de l'industrie et donc la satisfaction des besoins du plus grand nombre. Le propos dérangeait et vaudra à Veblen d'être exclu du royaume de la nouvelle science économique et relégué, « au sous-sol des sciences sociales, dans la sociologie». Veblen a décortiqué le concept nodal de rente dans l'analyse socio-économique du capitalisme financier et fiscal. Les idées de Veblen menaçaient les intérêts acquis. L'économie politique classique avait utilisée la théorie de la valeur travail pour isoler les éléments de prix qui n'avaient pas de contrepartie dans les coûts de production nécessaires. La rente économique l'excédent du prix sur ce coût réel est un revenu non gagné et immérité. Elle représente des frais en plus pour l'accès à la terre, aux minéraux ou à d'autres ressources naturelles, au crédit bancaire ou à d'autres besoins non fondamentaux. Veblen au moment où il avait commencé à publier dans les années 1890, l'économie classique universitaire aux Etats-Unis était en pleine contre-révolution parrainée par les grands propriétaires terriens, les banquiers, les spéculateurs khazars originaires d'Europe centrale surreprésentés dans la finance américaine et les monopoleurs qui niaient l'existence d'un revenu non gagné (voir les travaux récents de Hudson 2011 sur le sillage de Veblen et de Patten, 1891). Contrairement à l'argument de Veblen selon lequel l'économie est focalisée sur l'organisation de plan de prédation, cette approche a abouti à la défense de l'école monétariste de Chicago de Milton Friedman en faveur des rentiers : « il n'y a pas de repas gratuit». Ce déni brutal a rejeté les 3 siècles précédents de théorie classique de la valeur et des prix, ainsi que ses conclusions politiques en faveur de l'imposition de la terre et des autres richesses naturelles, et de la réforme financière. La représentation des rentiers, sous les traits de prédateurs improductifs assoiffés de richesses, est tombée dans l'oubli. Le courant dominant néoclassique considère tous les revenus comme « gagnés », y compris ceux des rentiers. A cet égard, dans les Comptes nationaux du Revenu et des Produits des pays (y compris le nôtre), les bénéficiaires de loyers et intérêts bancaires sont considérés comme des prestataires de services, offrant une contribution économique égale à ce que les rentiers reçoivent comme «gains». Dans ces comptes nationaux il n'existe aucune catégorie pour les revenus non gagnés ou les gains spéculatifs sur les prix des actifs. Veblen a constaté que le principal actif de l'économie est l'immobilier en tant qu'arène populaire par excellence pour ceux qui recherchent des gains spéculatifs (domaine à grand engouement rentier spéculatif actuellement en Algérie). La plupart des prêts bancaires sont destinés à des prêts hypothécaires visant à gonfler le prix des terrains et des appartements. Le banquier est dans la nécessité «nécessité intérieure» , comme disent les hégéliens d'obtenir tout ce qu'il peut et de se prémunir contre tout risque, au détriment de quiconque, par des frais et des stipulations suspensives qui lui assureront un gain net dans tous les cas. La portée analytique des travaux de Veblen englobait les institutions sociales, les systèmes juridiques et fiscaux, les priorités en matière d'éducation et de politiques publiques, avec en tête les subventions et les tarifs. Il en résulta une vision plus complexe et aussi plus empirique que celle qui caractérisait l'école individualiste, abstraite et même simpliste de l'utilité marginale qui a remplacé l'économie politique classique à partir des années 1870. Patten et Veblen ont anticipé la vision par Schumpeter de la rente comme un superprofit créé par les rendements croissants résultant des progrès de la science et de la technologie. La réduction des coûts a permis aux innovateurs de gagner ce qu'Alfred Marshall a appelé des quasi-rentes des récompenses par l'innovation par opposition aux revenus dégagés par les rentiers inactifs. Cette ligne d'analyse a incité Veblen à décrire les rendements croissants comme conduisant aux monopoles organisés par Wall Street. C'est dans cette arène financière que le progrès a été capté par une rente de monopole utilisée pour la spéculation financière. La génération de Marshall considérait la production et la consommation courantes comme l'économie « réelle ». Malgré le rôle transformateur que la finance a joué, les économistes traditionnels qui ont suivi traitent les marchés comme si la majeure partie de la monnaie était utilisée pour payer des biens et services, et non pour des biens immobiliers, des obligations, des actions ou d'autres actifs. L'argent et les prix n'apparaissent chez eux que comme un voile, comme des « compteurs» qui mesurent l'activité économique. Les changements de prix sont considérés simplement comme un remplacement des kilogrammes par des livres. La consommation et la production constituent l'économie « réelle », tandis que la monnaie et les prix ? et la dette- ne sont qu'un moyen de faire circuler les biens st les services, et non pas une charge de la dette. L'endettement est une question de choix ? consommer dans le présent plutôt que plus tard, ou investir pour faire un profit, et non de dettes improductives fondées sur des frais économiques de rente. Pourtant, la monnaie et le crédit sont des dettes, et les dettes déterminent qui reçoit quoi, et comment les revenus sont distribués ou siphonnés. En excluant cette ligne d'analyse, l'approche traditionnelle détourne l'attention de la spéculation financière et des frais généraux de la dette sur lesquels Veblen s'est concentré. La campagne médiatique du journaliste-économiste Henry George (1839-1897), un ami de Veblen, s'inspirant des travaux de ce dernier, s'est opposée catégoriquement à l'extension du concept de rente économique au secteur bancaire. Néanmoins, sa campagne a fait craindre aux propriétaires, banquiers et autres rentiers que le concept de rente ne soit utilisé pour limiter leurs gains. Les disciples de Veblen, George et Patten ont mis l'accent sur la spéculation financière pour les terres agricoles, et ont reconnu que la rente foncière était capitalisée sous forme d'hypothèques et payée aux banquiers. Le refus de la distinction classique entre valeur et prix a été mené par la tradition «pragmatique» de l'analyse européenne de l'offre et de la demande. C'est de cette tradition que sont nés les écoles de commerce et les business schools qui enseignent comment faire l'argent en créant des péages financiers sans augmenter les pouvoirs productifs de la société. Veblen a découvert que les intérêts rentiers étaient derrière l'étroitesse d'esprit qui ignore le caractère prédateur de la rente et des intérêts. Ce biais pro-rentier approuve les pratiques qui saignent à blanc le noyau économique productif au profit d'une classe néo-rentière. A suivre *Docteur en physique - DEA en économie et sciences du management |
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