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De la profanation de nos massifs montagneux, ces hauts lieux et bastions de la Révolution algérienne à leur émergence en pôles économiques viables

par Mahmoud Chabane*

Les évènements tragiques qui viennent d'endeuiller notre pays et blessé profondément les Algériens, à commencer par l'auteur de cette modeste tribune, atteints dans leur amour-propre se distinguent par le fait que leurs auteurs se sont attaqués délibérément à la vie.

Détruire, terroriser, déstabiliser et semer la discorde c'est, à ne pas en douter, le but recherché par cette poignée de criminels qui viennent de commettre à l'encontre de notre pays un écocide et un génocide, deux crimes imprescriptibles.

En commettant ces agressions criminelles qui n'ont rien à envier, en terme de niveau de barbarie à celles commises en son temps par l'armée coloniale française, les acteurs et commanditaires qui ont orchestré et planifié ces agressions injustifiables ayant visé les massifs montagneux du nord du pays, avec une intensité particulière réservée au Djurdjura, ce lieu chargé de symboles et de douloureux souvenirs datant de la période coloniale, ont tablé sur une médiatisation amplifiée par les réseaux sociaux pour terroriser le peuple algérien.

Il reste cette question fondamentale qui ne cesse de me turlupiner depuis : en quoi le majestueux olivier, arbre emblématique de l'Atlas tellien, souvent plusieurs fois centenaire, le figuier, le caroubier, l'églantier,... dont le seul tort serait de produire des fruits pour perpétuer la vie dans cet écosystème rescapé du napalm colonial et les essences forestières que ces criminels ont exécuté froidement et atrocement par le feu, seraient-ils responsables de quoi que ce soit? Quant aux paisibles résidents ou aux jeunes militaires, les volontaires (je pense particulièrement à cette jeune dame décédée en sauvant toute une famille) ces criminels semblent se dédouaner en se disant avec désinvolture: Ils n'avaient qu'à ne pas être là surtout pour éteindre le feu qu'ils viennent d'allumer !

Il faut se garder de qualifier ces mercenaires et leurs commanditaires, d'égarés, de simples d'esprit ou d'obsèdes pyromanes, de chômeurs en quête de subside, ce qui équivaudrait à leur accorder des circonstances atténuantes. C'est sans état d'âme qu'ils ont mis à exécution leur plan pour ôter la vie et détruire lâchement un biotope qui a mis des millions d'années à se former, lâcheté monnaie abondante que se partagent allégrement les commanditaires tapis dans les pays pour le moins que l'on puisse dire, hostiles au notre, aspirant à vivre et à exercer pleinement sa souveraineté.

D'un peu d'histoire pour éclairer le présent

Chacun de nos concitoyens patriotes doit de se rappeler une page de l'histoire récente de notre pays, ce joyau de la nature, que cette horde de mercenaires viennent d'agresser sauvagement pour y semer la mort et la désolation pour éclairer le présent car il y a, peu ou prou, indéniablement un lien de causalité entre le niveau de développement de notre pays et les 132 années de colonisation française.

Ceci dit, il ne s'agit pas pour moi de justifier la situation de sous-développement actuelle du pays mais d'expliciter et de rappeler que la France coloniale a, de tout temps, agi par tous les moyens (diplomatique, politique économique) pour entraver la reconstruction du pays.

Elle n'a pas hésité à offrir, au nom de la sacro-sainte liberté d'expression, gîte, couvert et protection à des propagandistes recrutés parmi des frustrés qui agissent pour dénigrer systématiquement et de manière éhontée toutes les réalisations du pays et semer la haine et la discorde parmi le peuple. Une aubaine pour nostalgiques de l'Algérie française et de leurs auxiliaires qui n'ont toujours pas digéré l'indépendance de l'Algérie en déversant abondamment leur fiel sur notre peuple. En 1830, les êtres humains vivant paisiblement du fruit de leur labeur en symbiose avec le biotope qui les a vus naître ont été surpris par une déferlante d'envahisseurs qui avaient débarqué à Sidi-Ferruch pour leur apporter, arguaient-ils, par charité chrétienne, la civilisation et le progrès. Ces autoproclamés civilisateurs lourdement armés, que personne n'a sollicités, ni invités, autrement dit des intrus, venus conquérir par les armes ce magnifique pays aux richesses naturelles insoupçonnées, avaient rencontré au fur et à mesure de leur inexorable et ravageuse conquête et de spoliations territoriale, une farouche résistance. Ces indigènes, comprendre sauvages, (c'est ainsi que ces envahisseurs désignés nos aïeux, ces hommes libres), armés de leur courage et d'esprit de sacrifice, sont venus à bout d'une colonisation barbare et génocidaire.

Ces indigènes, des femmes et des hommes de tout âge qui ne se connaissaient pas forcement mais partageant des valeurs communes, d'humanité, de solidarité, d'entraide... au nom du bon voisinage, avaient volontairement décidé de consentir le sacrifice suprême pour chasser cet intrus et permettre aux survivants de vivre dans la dignité, leur culture et dans le pays de leurs ancêtres.

Ce pays, une méga-fresque ciselée par la nature et par l'action de ses habitants, durant des millénaires, que nos braves avaient arraché, de haute lutte, à l'impérialisme français, ils l'ont appelé Algérie habitée, désormais, par des citoyens à part entière débarrassés à jamais du monstrueux code de l'indigénat.

Ce joyau de la nature que nos braves indigènes sans courber l'échine, toujours debout étant leur devise, ont reconquis et doté de tous les attributs d'un État libre et indépendant dont des frontières immuables tracées par des rivières de sang mêlé de nos combattants tombés au champs d'honneur, sont consignées dans un document officiel et enregistré à la Cour internationale de la Haye. Et dire que le pouvoir colonial avait tout fait pour amputer le pays du Sahara algérien, entreprise diabolique que nos braves et courageux combattants, malgré le déluge de feux et de bombes qui s'abattait quotidiennement et en continu sur eux, ont catégoriquement rejeté l'offre. Pour eux, l'Algérie une et indivisible est non négociable.

La solidarité et le volontariat : une réponse cinglante d'un peuple uni à ses ennemis

Comme toujours et égal à lui-même , le peuple algérien, fidèle à ses valeurs ancestrales constituant le socle de notre vivre ensemble, tout en déjouant le diabolique plan de déstabilisation du pays ourdi par une poignée de criminels pour empêcher son développement pour le bien-être de la population, s'est mobilisé spontanément comme un seul homme pour porter secours, consoler et soutenir sans compter les compatriotes éplorés et sinistrés. Par cette grandiose et admirable mobilisation dont les Algériens ont le secret, qui rassure et fait chaud au cœur, le peuple a clairement signifié à ces criminels que l'unité du pays n'est pas négociable. Comme toujours, les ressorts de la solidarité, de l'entraide et du volontariat-bénévolat, des valeurs précieuses que partagent sans compter les Algériens et qui l'ont aidé à surmonter des situations autrement plus tragiques telle la décennie noire, a admirablement fonctionné, contrariant ainsi les pronostics de ces criminels qui escomptaient voir le pays sombrer dans le chaos, voire la guerre civile.

Il est heureux de constater qu'à chaque fois que le pays est touché dramatiquement, les liens qui nous unissent en sortaient toujours consolidés. Il est toujours utile de rappeler à ces faiseurs de malheurs qui agissent lâchement pour le compte de leurs mentors moyennant quelques subsides, le peuple algérien assure que le «virus du patriotisme» dont les stratèges de la colonisation prédisaient déjà sa disparition avec les porteurs des djebels, comprendre nos combattants, est endémique en Algérie, qu'il se transmet de génération à génération et se réactive spontanément dès que le pays le commande. J'en veux pour preuve, s'il en fallait, les innombrables mobilisations spontanées et volontaires de nos compatriotes pour protéger et défendre collectivement la patrie ou pour venir en aide à une région touchée par une catastrophe d'origine naturelle ou criminelle. En voici quelques-unes qui ont marqué de manière indélébile notre Histoire récente : En 1954 pour chasser les colonialistes et libérer le pays, en 1962 avec le fameux «sept ans ça suffit», en 1963 pour mettre hors de nos frontières l'agresseur marocain, le mouvement citoyen qui de février 2019 a mis fin à un règne despotique et prédateur de 20 ans et signifier à qui veut l'entendre que le peuple algérien ne supporte pas l'humiliation d'où qu'elle vienne. Et la liste est loin d'être exhaustive.

Du respect pour les victimes des incendies

Hélas, pendant que le peuple algérien découvre, le cœur serré, le désastre que ces criminels ont fait subir à nos montagnes et à leurs paisibles habitants, il se trouve des personnes très médiatiques qui s'évertuent à dérouler leur argumentaire surréaliste pour expliquer, voire justifier les agressions violentes, criminelles et barbares dont a fait l'objet notre pays.

Tout en éludant bien entendu la question, ils se gardent de se démarquer de les condamner et n'hésitent pas à rejeter la responsabilité sur l'autre par pur calcul politicien. Tout un chacun, sauf des criminels, sait que le deuil impose de la retenue et du respect pour les morts, pour les brûlés qui souffrent dans leur chair et à leurs proches parmi lesquels, tout le peuple algérien meurtri. A défaut d'avancer des arguments étayés par des faits vérifiables, concrets, accessibles, pour expliquer et expliciter une situation, un évènement, certaines «personnalités» médiatiques n'hésitent pas à accuser les responsables en charge des affaires de l'État, d'instrumentaliser les évènements pour cacher leurs insuffisances et se dédouaner en invoquant des ennemis intérieurs et extérieurs. C'est admis et de bonne guerre que pour exister il faut démolir l'autre. Seulement, là où le bât blesse c'est qu'au lieu de porter la contradiction argumentée pour démolir son adversaire, ces dernières n'hésitent pas à rejeter en bloc sans discernement tout ce que dit l'autre. C'est la stratégie adoptée par ceux qui n'ont pas d'arguments solides à vendre à leur public cible qui ont pour principe immuable de pratiquer de l'anti sans se soucier des conséquences dramatiques que cela peut entraîner à court et moyen termes. Les incendies de forêts qui ont endeuillé notre peuple en sont un exemple parlant. C'est d'une communication objective, honnête et responsable que tout citoyen éploré est en droit d'attendre pour comprendre et atténuer sa douleur.

Les ennemis de toujours n'oublient jamais

Notre pays a-t-il des ennemis intérieurs et extérieurs ? Cette question lancinante posée de manière abrupte pose un problème sémantique ; que met-on dans le mot ennemi. Il faut reconnaître qu'un pays comme le nôtre qui a livré de manière continue et avec des moyens dérisoires, pendant 132 ans une guerre de Libération nationale contre l'empire colonial français, ce qui n'est pas rien, regorgeant de richesses naturelles et minières insoupçonnées, bonifié par sa position géographique et son aura à l'international, ne laisse pas indiffèrent. Et c'est le moins que l'on puisse dire. Notre pays a suscité et continue de susciter indéniablement des convoitises, des appétits, des jalousies mais aussi de l'admiration pour sa grandiose Révolution. Il convient donc de ne pas oublier que la France coloniale n'a jamais quitté réellement ses anciennes colonies. Elle a juste opéré un repli tactique, (les guerres coloniales coûtent financièrement, humainement, politiquement et diplomatiquement trop cher), pour confier la gestion des affaires courantes, du maintien de l'ordre public... à des dirigeants croupions qu'elle aura désignés, les questions économiques relevant, bien entendu, de la compétence de la banque centrale française.

La France néocoloniale agit en maître absolu dans ces pays, sous couvert de France Afrique pour piller les richesses naturelles et minières, approvisionner son économie et disposer d'un marché pour ses produits manufacturés et son armement. Dans le cas de notre pays hautement stratégique, renfermant des ressources naturelles et minières insoupçonnées, que la France impériale voulait gardé à tout prix, la guerre de Libération nationale menée par le peuple algérien, la voie tracée par les résolutions du Congrès de la Soummam confortée et approfondie par les chartes de Tripoli, d'Alger et de 1976, suivie tant bien que mal, par les dirigeants en charge de la gestion de l'État, a sérieusement contrarié les prévisions des pouvoirs politiques français qui pariaient sur l'incapacité des indigènes algériens à fonder un État. Il est utile de se rappeler que les autorités politiques françaises avaient pris toutes les dispositions nécessaires pour cela. Pillages de toute sortes, départ massif des personnels (la valise ou le cercueil, slogan de l'OAS) dans le but de paralyser le pays et de créer le chaos conduisant, inéluctablement à la guerre civile, le transfert des archives, ...

Il faut garder à l'esprit que les pouvoirs politiques français quelle que soit leur obédience, nonobstant les habillages diplomatiques et les déclarations plus ou moins édulcorées, voire avenantes, n'ont pas digéré et ne sont pas près de le faire, la défaite la plus humiliante de la puissance impériale que lui ont infligée ces indigènes. Ce qui est probablement le plus insupportable, frustrant et rageant pour les partisans de l'Algérie française, c'est le fait que toutes leurs attentes ont été contrariées. En effet, le pays n'avait pas sombré dans une sanglante guerre civile malgré toutes les mines disséminées par la France coloniale, avant son retrait.

Il s'est engagé tant bien que mal sur la voie de la reconstruction et de la récupération de ses richesses naturelles par le biais des nationalisations, est devenu en une dizaine d'années un leader respecté et écouté du tiers monde, et s'est montré jaloux de son indépendance et de sa souveraineté. La France néocoloniale n'a jamais cessé, comme elle fait toujours dans les anciennes colonies gardées sous son giron, d'entraver les efforts de développement et d'émancipation économique, sociale et politique entrepris par notre pays. Pour illustrer ceci, il suffit de se remémorer la campagne féroce anti-Algérie et Algériens menée, tous azimuts, par les médias français au lendemain de la nationalisation des hydrocarbures. Les pouvoirs politiques français avaient mis en branle des moyens énormes pour saborder cette décision souveraine de notre pays et coalisé leurs alliés pour imposer un blocus et faire courber l'échine, sans succès, à un peuple fier qui vivait encore dans l'euphorie de sa Révolution et la fidélité à ses martyrs.

Il faut garder en mémoire le «il faut» prononcé solennellement sous forme d'injonction par le président français François Mitterrand, pour ne pas le nommer, ordonnant aux autorités algériennes de l'époque de poursuivre le processus électoral jusqu'à son terme en sachant que le pays qu'il a perdu à jamais, allait tomber dans l'escarcelle des islamistes. Cette injonction restée sans effet, fut suivie immédiatement par la mise en place par la France et ses alliés d'un embargo total qui a perduré pendant les années du terrorisme avec en prime un plan d'ajustement structurel qui avait induit la mise sous tutelle du FMI de notre pays avec les conséquences désastreuses que l'on sait.

Comme toujours, les medias s'emparent du sujet pour déverser leurs flots de contrevérités et d'allégations mensongères, dont les plus célèbres le «pétrole algérien est rouge», «pas de pétrole pas de boulot» et le «qui tue qui ?». On a souvent entendu des journalistes et autres spécialistes et experts de services sur les plateaux des medias français soutenir, après 60 années d'indépendance, mordicus avec aplomb qui trahi leur frustration, que l'Algérie est une création française. Ils se gardent bien évidemment, plus par militantisme que par paresse intellectuelle ou incompétence, de préciser que tout ce qui se faisait dans ces trois départements français, c'était pour les Français essentiellement. Les indigènes dont le sort était scellé par le code de l'indigénat sont traités, quand ils ne sont pas auxiliaires de la colonisation, en esclaves.

Le royaume chérifien, quant à lui, a choisi de faire dans la lâcheté, sa marque de fabrique, pour porter des coups bas à notre pays. En 1847, l'Emir Abdelkader qui menait une guerre contre l'envahisseur a été trahi par le roi du Maroc. En 1956, l'avion en partance du Maroc qui transportait nos dirigeants pour une réunion en Tunisie, détourné par l'armée française, n'a pas livré tous les secrets sur l'implication du prince Hassan. En 1963, agression (connue sous le nom ?guerre des sables'), de notre pays perpétrée par Hassan II avec l'aide logistique de la France et d'Israël. Il faut préciser que le moment choisi par le roi Hassan II et ses soutiens pour agresser lâchement notre pays convalescent, dévasté et ruiné par la France coloniale, leur assurait, en théorie, une victoire éclair. Cette erreur d'appréciation a permis au peuple algérien mobilisé spontanément aux côtés de leur armée, de leur infliger une mémorable humiliation et de mettre un terme aux velléités du roi du Maroc d'étendre son royaume à l'est.

À cela s'est ajoutée la remise en cause unilatérale de l'accord tripartite (Maroc, Maurétanie et Algérie) sur la décolonisation du Sahara occidental. À défaut de s'étendre à l'est, le roi du Maroc décida de s'étendre au sud en envahissant lâchement le Sahara occidental. Et ce n'est pas tout ! Le Maroc a accueilli des chefs terroristes et octroyé des aides multiformes à des mouvements terroristes et séparatistes. Il convient de se rappeler que c'est suite aux attentats terroristes qui avaient pour cible Marrakech et aux accusations mensongères portées sur notre pays que les autorités algériennes avaient décidé en 1994, de fermer la frontière. Et pour couronner le tout, le point d'orgue de cette lâcheté, a été l'hébergement de l'État sioniste d'Israël à nos frontières pour lui permettre de mener contre notre pays sa guerre de quatrième génération et assouvir sa soif de vengeance. De fait, l'État sioniste est devenu notre indésirable voisin, lui qui a déclaré sans ambages que l'Algérie est un pays ennemi, lui qui n'oublie et n'oubliera jamais le rôle joué par l'Algérie pendant les guerres de 1967 et 1973, les positions courageuses anticolonialistes défendues avec constance et détermination par notre diplomatie, la création du ?Front du refus et de la fermeté' créé à l'initiative de notre pays au lendemain du voyage du président égyptien en Israël, décidé de brader la Cause palestinienne. Il faut noter aussi que les pays qui constituaient ce front (Lybie, Yémen, Irak, Syrie et Algérie), ont été déstabilisés. L'Algérie qui a connu la décennie noire resterait dans le viseur de l'État sioniste. Et son installation à nos frontières par le roi du Maroc, vassal du sionisme mondial, n'augure rien de bon, situation qui requiert une vigilance accrue.

Les ennemis de l'intérieur qui gangrènent notre pays identifiables à leurs comportements antinationaux gravitent tels des charognards autour de gîtes de corruption, de détournements des biens du peuple, de destructions de notre écosystème, de terres agricoles, de sabotage de notre économie... etc. et bien-sûr la traîtrise et la lâcheté.

Zones de montagne : un poumon économique à mettre en valeur

Le peuple algérien réputé sobre, a trop souffert physiquement et moralement des affres de la colonisation et de la politique ultralibérale mise en branle dès le début des années 1980 qui a généré des disparités criardes entre les zones côtières et les zones de montagne et steppique.

C'est pourquoi les zones de montagnes des Atlas tellien et saharien, quasiment abandonnées durant ces quarante dernières années, requièrent de toute urgence une mise à niveau portée par des programmes spéciaux de développement dédiés spécifiquement aux zones de montagnes, élaborés avec la participation active des populations concernées et des compétences nationales. À titre indicatif, ces programmes spéciaux dont l'objectif central devra être le développement intégré et multisectoriel de ces zones pourrait s'articuler autour des axes suivants : - agriculture de montagne (reforestation, protection des berges des barrages, arboriculture fruitière, potagers, pépinières, petits élevages, apiculture, ...) ; - infrastructures : (pistes, bâtiments d'exploitation, écoles, retenues collinaires, bâches à eau...) ;-tourismes : (randonnées équestres et pédestres, circuits découverte des lieux historiques, aménagement des plans d'eau,...) ; -Artisanat : (transformation et conservation des produits du terroir, tissage ...). Pour appuyer cette requête, il me paraît utile de rapporter les propos tenus en avril 1978, lors d'une séance de travail tenue au siège d'une wilaya de l'Ouest par le président de la République qui avait déclaré à l'adresse des responsables locaux, le ton grave que (je cite de mémoire) ; « tant que le dernier habitant de l'Ouarsenis, du Djurdjura et des Aurès ne dispose pas de l'électricité, nous devons considéré que nous n'avons pas rempli notre devoir vis-à-vis de ces régions qui ont donné à la Révolution de Libération nationale les meilleurs de leurs enfants ».

Et ce n'est pas un hasard si les trois premiers plans spéciaux de développement visant à effacer, tout au moins atténuer, les stigmates de la colonisation, décidés et engagés par les pouvoirs publics vers la fin des années soixante ont concerné ces trois régions. Hélas, ces programmes spéciaux élargis par la suite à d'autres régions ont été, à l'instar des plans quadriennaux de développement, arrêtés et clôturés dès le début des années I980 par l'équipe dirigeante en place. Pour conclure cette modeste contribution qui nous est dictée par le besoin de briser, un tant soit peu, la culture de l'oubli instillée dans notre société en prenant le soin de rappeler des faits qui ont jalonné notre histoire récente qui, de mon point de vue, éclairent les dramatiques évènements que vient de subir notre pays. Et dire aussi que si notre pays qui a connu, grosso modo, ses libérateurs (1830-1962), ses bâtisseurs (1962-1980), des accaparateurs (1980-1999) et des prédateurs (1999-2019), n'a pas sombré dans le chaos que lui prédisaient nos ennemis et autres revanchards, cela on le doit à des patriotes sincères, intègres et engagés, respectueux de la chose publique, qui s'interdisent de détruire ce joyau reçu en héritage de nos libérateurs et de compromettre l'avenir.

Les ignorer, eux qui constituent l'écrasante majorité agissante du peuple algérien, jaloux de leur pays et fiers de son Histoire plusieurs fois millénaire, prêts à tout pour le défendre, pour se focaliser sur une poignée de mercenaires dopés aux discours haineux et quelques subsides que leur verseraient leurs commanditaires, est à considérer comme une injustice à l'égard de tous les patriotes désireux de vivre paisiblement dans ce pays auquel ils sont attachés et pour lequel ils se sont sacrifiés. Il reste à espérer le retour, sur le terrain, des réparateurs «équipés» de leurs boites à outils, de leurs expertises et savoir-faire, décidés résolument à assumer cette mission exaltante et valorisante qui consiste à réparer les dégâts causés à notre pays depuis, au moins une quarantaine d'années, par une faune d'accapareurs, de prédateurs, de pilleurs et de casseurs. L'élaboration et la mise en œuvre des programmes spéciaux de mise à niveau par le développement des zones de montagne est à inscrire comme une priorité nationale...

*Agronome