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La
victoire a eu raison de la nuit coloniale, le soleil de la liberté a fini par
se lever, mais ce soleil, ce sont des hommes et des femmes qui l'ont hissé. Le
Dahra, synonyme de l'insurrection de Novembre 1954, a écrit en lettres de sang
les plus belles pages de notre épopée libératrice. Nombre de compatriotes ont
chèrement payé le prix de l'Indépendance que nous savourons aujourd'hui (1
million et demi de martyrs entre 1954 et 1962, et 10 millions depuis
l'occupation française -1830 à juillet 1962).
Entre autres batailles et opérations militaires nous évoquerons à l'occasion du 63ème anniversaire de cette commémoration, celles des 13, 14 et 15 septembre qui eut lieu au douar Kchakcha à Sidi-Zeggaï dans la périphérie de Sidi-Ali d'où a été tirée la première balle de Novembre le 31 octobre à 23h20 bien avant le rendez-vous fixé. Cette bataille aura été déterminante et a marqué un tournant dans le combat libérateur à la veille de l'historique Congrès de la Soummam. En transit dans ce lieu à la tête de 72 hommes venus de la région de Tlemcen et se dirigeant vers l'Ouarsenis, le commandant Mohamed Djebli -dit Si Daoud- héros de la bataille du djebel Zeccar, décidera d'une halte au douar Kchakcha (Sidi-Zeggaï), localité distante de 5 km entre Sidi-Ali et Tazgaït. Surpris par ce mouvement inhabituel, le délateur «Segdane», gardien d'école primaire de son état, informera illico presto de cette présence énigmatique le belliqueux et sanguinaire administrateur Raymond Choiral. Ce dernier ordonnera sine die le déploiement de l'armée coloniale constituée par les tristement célèbres groupes mobiles des GMPR stationnés dans la ville garnison de Cassaigne, pour prendre en tenailles la «Quafila» des moudjahidine. Cette confrontation armée où des milliers de soldats ont été engagés durera trois jours (13,14 et15 septembre 1956) et se soldera par un lourd bilan dans de le camp de l'armée coloniale grâce à la stratégie militaire du commandant (dispersion tactique en terrain nu des djounoud en 6 groupes dirigés respectivement par Si Youcef, Si Chrif, Si Abou El- Hassen, H'mida T'mouchenti, Ho Chi Min et Nehru -noms de guerre-). Le bilan des combats enregistrera deux avions abattus dont un hélicoptère Abeille, des jeeps, half-track, mis hors d'usage, et des centaines de tués et blessés dans les rangs de l'armée française (363 environ -cf archives des hôpitaux civils de Cassaigne, Mostaganem et Oran). Dans les rangs de l'ALN, on enregistrera 30 martyrs dont l'héroïque Si El Djebli, 07 civils et 30 blessés. Prise de court et surprise par l'ampleur du soutien aux maquisards dans les zones rurales, l'administration coloniale décidera d'isoler l'ALN de ses bases naturelles et vitales. Elle érigera dans la précipitation un camp de concentration à Cassaigne dans le but bien compris de décourager et de réprimer les populations rurales et les dissuader d'apporter aide et assistance aux maquisards1. C'était, hélas, sans compter sur la conviction et l'engagement de ces dernières, acquises aux thèses de l'Indépendance et rangées derrière la bannière de l'ALN d'alors. Surnommé camp de concentration et de la mort, eu égard aux sévices et tortures qui y ont été pratiquées sur plus de 45.000 militants de la cause nationale et où plus de 3.300 ont laissé leur vie. Pour mémoire, je garde encore vivaces les souvenirs de visites, en compagnie de ma mère, à mon père Novembriste détenu pendant deux longues années à partir de septembre 1956 avant d'être transporté agonisant à la forêt d'Ain-Brahim un dimanche 5 octobre 1958 pour y être froidement fusillé par la soldatesque française. Honneur et gloire à nos martyrs ! *Fils de Chahid (Sources : ministère et direction des Moudjahidine - cf répertoire du 01/11/2004 des actions armées et des Chouhada (2700 que compte la wilaya de Mostaganem). 1- Mes contributions publiées dans les éditions du 27/10/2008 & 30/10/2018) |
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