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Le
retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien est effectif depuis
hier. «J'annonce aujourd'hui que les Etats-Unis vont se retirer de l'accord
nucléaire iranien», a déclaré le président américain Donald Trump
dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche, faisant craindre une
montée des tensions au Moyen-Orient. «Tout pays qui aidera l'Iran dans sa quête
d'armes nucléaires pourrait aussi être fortement sanctionné par les
Etats-Unis», a encore mis en garde le président. (1) Il annonce qu'il veut
travailler à un nouvel accord qui serait, selon lui, plus efficace pour
empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire.
Côté européen, «la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l'accord nucléaire iranien», a déclaré sur Twitter le président français Emmanuel Macron. Ce dernier a ajouté que ces pays travailleraient «collectivement» à un accord plus large couvrant «l'activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en Syrie, au Yémen et en Irak». «Le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu», a-t-il ajouté. (1) Il est évident que cette annonce va avoir des répercussions néfastes au Moyen-Orient, pouvant pousser l'Iran à reprendre l'enrichissement sans limites de l'uranium. L'accord nucléaire, faut-il le rappeler, a nécessité 13 années d'âpres négociations et a visé une sécurité contre toute prolifération nucléaire au Moyen-Orient, et ce malgré qu'Israël dispose d'un statut de puissance nucléaire non déclarée. Pour que les grandes puissances, en particulier occidentales, aient acceptées, il était exigé des garanties vérifiables de l'Iran telles qu'elle ne pouvait pas tricher. Et elle a donné des garanties sérieuses et contrôlables pour que l'accord fût paraphé par les grandes puissances. Et jusqu'à ce jour, l'AIEA n'a jamais constaté la moindre violation des engagements pris par l'Iran. Alors pourquoi le revirement américain sur l'accord nucléaire avec l'Iran ? Quelles ont été les motifs qui ont poussé à remettre en cause l'accord nucléaire iranien ? Et quelles conséquences va-t-il inférer ce retrait des États-Unis de l'accord nucléaire iranien sur le plan régional et mondial ? Cette prospective cherche à déchiffrer les forces de l'histoire et tenter de faire apparaître précisément ce qui est en puissance dans les antagonismes à la fois au plan régional et mondial. Et est-ce qu'il y aura une idée d'apaisement et de progrès ou de guerre dans un proche avenir, à savoir en 2018-2020 ? 1. Chronologie des certifications de l'accord nucléaire iranien par le président américain, Donald Trump Tout d'abord, il faut rappeler la chronologie des certifications de l'accord nucléaire iranien par le président américain. Le 13 octobre 2017, l'accord nucléaire iranien a été rejeté pour la première fois par Donald Trump. «Dans un discours au ton extraordinairement belliqueux, le président américain a refusé de certifier l'accord «historique» conclu en juillet 2015 à Vienne. Parlant de la «dictature iranienne», Donald Trump a annoncé une nouvelle stratégie très agressive envers l'Iran. L'ancien secrétaire d'Etat, John Kerry, qui a négocié l'accord, estime que Donald Trump ouvre une crise internationale. Ils ont tout tenté. Le président français Emmanuel Macron et la première ministre britannique Theresa May lui ont parlé au téléphone jeudi. Une cohorte d'ambassadeurs européens et des négociateurs de l'administration de Barack Obama ont expliqué en long et en large mercredi au Congrès que l'accord historique de juillet 2015 sur le nucléaire iranien devait impérativement être défendu. Même au sein de l'administration actuelle, le chef du Pentagone, James Mattis, et d'autres responsables l'ont exhorté à ne pas commettre l'irréparable. Ce vendredi, Donald Trump n'en a pourtant fait qu'à sa tête. Après l'avoir pourtant fait à deux reprises, il a annoncé qu'il ne certifierait plus l'accord conclu entre l'Iran et les six puissances négociatrices (5+1: Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne). » (2) En effet, depuis son intronisation, en tant que 45ème président des États-Unis, et bien qui l'ait certifié à deux reprises, Donald Trump, a refusé de certifier, le 13 octobre 2017, l'accord dit «historique» de Vienne entre l'Iran et le groupe de pays P5+1. Une loi américaine qui l'oblige à se prononcer sur l'accord nucléaire auprès des parlementaires tous les 90 jours. Selon lui, les bénéfices tirés par les Iraniens de ce texte de 2015 ne concordent pas avec les engagements à respecter par l'Iran. Pour justifier la non-certification de l'accord, Donald Trump invoque plusieurs violations présumées de l'accord, notamment en matière de production d'eau lourde et d'intimidation des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de la mise en œuvre de l'accord. Ce qui n'est pas étayé par l'AIEA. Il décrit l'Iran comme une «dictature», un «régime fanatique», et comme l'un des principaux suppôts du terrorisme international. Il a déploré par ailleurs le soutien iranien aux «atrocités commises par le régime de Bachar el-Assad» et laissé entendre que Téhéran coopérait avec la Corée du Nord de Kim Jong-un. Oubliant que ce sont les États-Unis et leurs alliés qui ont monté depuis les années 1980 la nébuleuse islamiste Al-Qaïda, organisation qui entraîne les moudjahidines avant de les envoyer en Afghanistan pour combattre les forces soviétiques de l'ex-URSS. Depuis, convertis en djihadistes, ces groupes terroristes déstabilisent les pays arabes réfractaires à l'hégémonie américaine. «Aujourd'hui les Etats-Unis sont plus seuls que jamais face à l'accord nucléaire et plus seuls que jamais dans leurs complots contre le peuple iranien», réplique le président iranien Hassan Rohani. De même, le Prix Nobel de la paix 2017, ICAN, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires, basée à Genève, a condamné la décision de Trump qui «incite à la prolifération, rend plus difficile la conclusion d'autres accords pour limiter la menace nucléaire et accroît le risque mondial d'utilisation (d'armement) nucléaire» (2) Dans ce dossier, il faut encore relever un des plus concernés, ou plutôt le principal, par le retrait de l'accord nucléaire iranien, c'est Israël. Par la voix de son chef du gouvernement, il n'a pas cessé de critiquer l'accord de Vienne sur le nucléaire ou Plan d'action global conjoint (PAGC) aussi bien à Washington qu'à la tribune des Nations unies à New York. Il est évident que ce ton véhément d'Israël relève de la crainte que l'Iran accède au statut de puissance nucléaire déclarée. Et si cela arrive, c'est tout le statu quo de l'équilibre de puissances au Moyen-Orient qui sera ébranlé au bénéfice de l'Iran. Et Israël ne pourra plus arguer qu'elle est la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, et de surcroît non-déclaré dans le sens qu'elle n'a pas fait des tests nucléaires. Et donc Israël a poursuivi un programme nucléaire sans être inquiété par les puissances occidentales, la seule condition qui lui a été posée est de ne pas procéder à des essais d'explosion nucléaire. Une situation qui crée un déséquilibre stratégique sur le plan régional. Et on comprend sa crainte s'il vient à l'Iran de passer le seuil nucléaire qui lui donnerait le statut de puissance nucléaire déclarée. Ceci étant, il demeure cependant que deux oppositions vont infirmer la décision du président Donald Trump de retirer les États-Unis de l'accord nucléaire iranien. La première vient de la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Dans un communiqué commun, ils déclarent soutenir pleinement l'accord nucléaire, précisant qu'il relevait de leur «intérêt national». La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini n'a pas mâché ses mots: «Cet accord n'est pas un accord bilatéral, ce n'est pas un traité international. (...) A ma connaissance, aucun pays au monde ne peut mettre fin seul à une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui a été adoptée, et adoptée à l'unanimité» Et l'Italienne d'ajouter: «Le président des Etats-Unis a beaucoup de pouvoirs, pas celui-là» (2) La deuxième opposition est celle du Congrès américain. La loi américaine prévoit qu'en cas de «non-certification», le Congrès américain a 60 jours pour se prononcer, soit à réimposer les sanctions économiques levées en échange des restrictions au programme nucléaire iranien, censées empêcher Téhéran de se doter de l'arme atomique, soit à maintenir l'accord en vigueur. En effet, deux mois plus tard, le 12 décembre 2018, «le Congrès américain n'a pas réimposé les sanctions contre l'Iran comme il en avait la possibilité après la décision de Donald Trump de mettre en cause l'accord historique sur le programme nucléaire iranien, dont l'avenir reste toutefois incertain. [...] «Les membres du Congrès ont fait preuve de sagesse», a réagi mardi Diplomacy Works. [...] Le président Trump avait prévenu en octobre qu'en cas d'échec à trouver des solutions pour durcir l'accord, il pourrait décider de «mettre fin» à tout moment à la participation des États-Unis. Combien de temps va-t-il accepter de patienter ? Théoriquement, la prochaine échéance de «certification» tombe mi-janvier, mais les services juridiques du Congrès américain sont en train d'analyser la loi pour savoir si Donald Trump devra à nouveau se prononcer à ce moment-là ou pas» (3) A suivre... *Chercheur spécialisé en économie mondiale, relations internationales et prospective. www.sens-du-monde.com Notes : 1. «Trump se retire de l'accord nucléaire iranien, défie ses alliés», par AFP. Le 8 mai 2018 https://fr.news.yahoo.com/iran-trump-d%C3%A9voile-d%C3%A9cision-risque-tuer-laccord-nucl 2. «Trump déclare la guerre à l'accord sur le nucléaire iranien», par le journal suisse, Le Temps. ch AFP. Le 13 octobre2017 https://www.letemps.ch/monde/trump-declare-guerre-laccord-nucleaire-iranien 3. «Nucléaire iranien: le Congrès américain n'a pas rétabli les sanctions», par le journal de Montréal AFP. Le 12 décembre 2017 http://www.journaldemontreal.com/2017/12/12/nucleaire-iranien-le-congres-americain-na-pas-retabli-les-sanctions |
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