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Contractuels grévistes de la faim: Le mouvement de solidarité prend de l'ampleur

par Abdelkrim Zerzouri

Encore un « échec » des négociations lors de la dernière rencontre, jeudi dernier, entre une délégation de représentants des enseignants contractuels et la ministre de l'Education nationale. La situation n'a pas évolué d'un iota, nous apprendra M. Idir Achour, syndicaliste du CLA, car la ministre s'en est tenue à sa proposition concernant la valorisation de l'expérience professionnelle, tout en appelant les enseignants contractuels à « faire preuve de sagesse et de sens de responsabilité pour reprendre les cours », non sans avoir incité les contractuels à « participer au concours national de recrutement, prévu le 30 avril, d'autant que l'ancienneté sera valorisée sur une échelle de un (01) point par année d'exercice à hauteur de six (6) points, et à se rapprocher dès dimanche des directions de l'éducation pour le retrait des attestations de travail à fournir dans le dossier administratif de candidature pour le concours du 30 avril ».

Mais les concernés ont « rejeté cette solution », revendiquant « une intégration directe sans passer par le concours en question ». Donc, même si le fil des discussions est maintenu entre les deux parties, il faut en convenir qu'il s'agit purement et simplement d'un dialogue de sourds. Et, le fait que chaque partie campe sur ses positions, le conflit perdure et tend vers le pourrissement. Les manifestants, bloqués à la sortie de la ville de Boudouaou par les services de sécurité, ont entamé une grève de la faim depuis lundi dernier, enregistrant dans leur rang des évanouissements quotidiennement (deux cas, un enseignant et une enseignante, ont été évacués hier matin vers l'hôpital).

D'un côté, il est inadmissible sur un plan humain de rester insensible et indifférent au sort de ces enseignants abandonnés dans la nature, et en grève de la faim, comme le dénonce l'opinion publique. D'autre part, si par malheur il arrive que l'état de santé des grévistes de la faim se détériore gravement, on peut même envisager sur ce plan des situations dramatiques, la responsabilité des pouvoirs publics serait directement engagée. A moins d'une intervention du président de la République ou du Premier ministre, « très attendue » par les grévistes de la faim, qui disent garder encore l'espoir d'une « solution politique », les choses risquent sérieusement de s'envenimer dans les prochains jours.

Jeudi dernier, les enseignants des lycées de Boudouaou ont refusé de regagner les classes, préférant plutôt se joindre aux manifestants, avec lesquels ils ont passé la journée, selon des échos parvenus de « la place de la dignité », telle que qualifiée par les grévistes de la faim. Et, hier, M. Idir Achour nous a annoncé l'arrivée à Boudouaou de la première caravane de solidarité avec les grévistes de la faim. La caravane en question, constituée d'enseignants et autres membres de la société civile, arrive directement de Béjaïa, et l'on attend pour les prochains jours des caravanes qui viendront d'autres wilayas en signe de soutien et de solidarité avec les grévistes de la faim, signale dans ce sillage notre interlocuteur.