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Algérie-France: Le dossier sahraoui, un «des principaux désaccords»

par R. N.

L'Algérie «garde toujours de bons espoirs» que la France va «véritablement» aider la région à régler la question sahraouie dans le cadre de la légalité internationale, a indiqué mardi à Alger le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra.

« Nous avons toujours de bons espoirs que l'administration du président François Hollande va véritablement aider la région à régler cette question dans le cadre de la légalité internationale et dans la satisfaction de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation», a déclaré M. Lamamra lors d'une conférence de presse animée conjointement avec son homologue français, Jean-Marc Ayrault, à l'issue de leurs entretiens. «Nous pensons que la France trouverait absolument un rôle à la mesure de son histoire, de son pouvoir et de ses responsabilités dans le soutien et la conduite d'un processus qui permettra au Maghreb arabe d'aller vers un destin collectif et unitaire avec la satisfaction du droit naturel du peuple sahraoui à l'autodétermination», a-t-il soutenu. «Nous sommes à un moment où il faut savoir dire que le pire n'est pas sûr et que le pire n'est pas le destin de notre région», a conclu M. Lamamra. Le ministre a tenu à préciser que M. Ayrault est à la tête du ministère français des Affaires étrangères depuis quelques semaines et que le conflit du Sahara Occidental «dure depuis plus de 40 ans et revient épisodiquement dans notre dialogue politique». «Je ne suis pas historien, mais je ne vous cacherai pas que c'est l'un (conflit sahraoui) des principaux désaccords entre la politique extérieure de l'Algérie et celle de la France», a-t-il relevé. Pour le chef de la diplomatie algérienne, les Nations unies sont à un «tournant crucial, peut-être décisif» à l'occasion de la présentation du rapport du secrétaire général sur la question sahraouie. M. Lamamra a exprimé, à cette occasion, le souhait de l'Algérie de voir les Nations unies «prendre les décisions qui s'imposent afin que la communauté internationale puisse, enfin, s'acquitter de ses responsabilités historiques pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental».

La France soutient le rôle de la Minurso

La France est pour que la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental (Minurso) «puisse mettre en œuvre sa mission», a indiqué pour sa part le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault. «Concernant le Sahara Occidental, la position de la France est toujours la même. Nous sommes pour que la Minurso puisse mettre en œuvre sa mission», a-t-il déclaré. Pour M. Ayrault, la question du Sahara Occidental est «délicate» et «difficile». «Nous avons assisté à des tensions que nous ne pouvons pas ignorer (...). Parfois, on nous a reproché d'entreprendre cette démarche, mais celle-ci avait un but d'apaisement», a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie française a exprimé son souhait que le mandat de la Minurso, une fois arrivé à terme, soit renouvelé. M. Ayrault a fait remarquer que le conflit du Sahara Occidental qui dure depuis 40 ans «ne doit pas être la pierre d'achoppement» dans l'amitié entre l'Algérie et la France. «C'est l'état d'esprit qui est le mien, du gouvernement et du président François Hollande», a-t-il enchaîné.

Partenariat d'exception

Sur les questions bilatérales, Jean-Marc Ayrault estime que l'Algérie et la France sont liées par un «partenariat d'exception», souhaitant «franchir des étapes» dans certains dossiers. «C'est avant tout une visite d'amitié que j'effectue en Algérie (...). C'est aussi l'occasion de rappeler que ce qui nous unit désormais est un partenariat d'exception qu'il nous appartient de faire vivre les uns et les autres. C'est à cela que nous allons travailler dans le cadre du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN)», a déclaré M. Ayrault. Le chef de la diplomatie française a également fait savoir qu'il était «porteur d'un message du président français, François Hollande, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, ainsi qu'au peuple algérien». M. Ayrault a précisé que les entretiens qu'il aura avec de hauts responsables algériens porteront notamment sur des «questions bilatérales, économiques et celles liées à la jeunesse», exprimant le souhait de «franchir des étapes» dans certains dossiers. Les questions régionales inhérentes à la sécurité et la paix ainsi que «la lutte conjointe contre le terrorisme ne manqueront évidemment pas d'être abordées», a-t-il souligné, ajoutant que l'objectif des deux parties est de «parvenir à la stabilité dans cette partie du monde».

L'islamophobie ferment de l'extrémisme

L'islamophobie est un «puissant» ferment d'extrémisme, a relevé, Ramtane Lamamra, soulignant que la déradicalisation «implique absolument la lutte contre l'islamophobie». «L'islamophobie est un terroir et un puissant ferment d'extrémisme et il faut à tout prix savoir la décourager», a déclaré M. Lamamra. Le chef de la diplomatie a fait part de la disponibilité de l'Algérie à travailler avec toutes les bonnes volontés en Europe pour lutter contre ce fléau. S'agissant de la lutte contre le terrorisme, M. Lamamra a affirmé que l'Algérie «continuera à lutter contre ce fléau et à faire bénéficier de son expérience tous ceux qui sont en première ligne de la lutte antiterroriste, notamment en Afrique». Concernant le dossier libyen, le ministre a réitéré le soutien de l'Algérie au processus des Nations unies pour le règlement de la crise libyenne, à l'intégrité territoriale de ce pays et l'unité nationale de son peuple. «Il faut que les Libyens travaillent ensemble et apportent leur contribution pour sortir leur pays de cette situation absolument inacceptable et il s'agit pour les Libyens d'assumer leurs responsabilités et de prendre leur destin en main», a-t-il ajouté. Evoquant la situation au Mali, M. Lamamra a souligné la nécessité pour l'Algérie et la France de continuer à travailler ensemble pour «aider les Maliens à réaliser les promesses contenues dans l'Accord de paix et de réconciliation issu du processus d'Alger». Par ailleurs, le ministre a exprimé le soutien de l'Algérie à l'initiative française pour la relance du processus de paix au Moyen-Orient en faveur de la question palestinienne. Evoquant les relations bilatérales algéro-françaises, M. Lamamra a indiqué que la visite de M. Ayrault à Alger intervenait «au moment opportun» et s'inscrivait dans le cadre de la préparation de la réunion du Comité intergouvernemental algéro-français de haut niveau. «Le dialogue entre l'Algérie et la France est riche, bénéfique et continu», a-t-il relevé.