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NEW YORK - La
COVID-19 a mis en lumière la capacité limitée des réseaux de santé autour du
monde de faire face à une pandémie d'infection respiratoire. Avec le décompte
officiel des décès de la COVID-19 maintenant au-dessus de cinq millions et le
compte non officiel estimé à plus de cinq fois plus élevés, tout le monde a pu
constater les difficultés éprouvées par les réseaux de santé dans le monde
entier.
Il est plus difficile de comprendre comment le monde a pu être aussi pris de court par la COVID-19. Les maladies respiratoires sont depuis très longtemps la principale cause infectieuse de décès, et ce, mondialement. Avant la pandémie de la COVID-19, environ 2,5 millions d'adultes et d'enfants mourraient de pneumonie chaque année. Aucune autre infection ne cause nulle part autant de mortalité. Et les décès causés par la pneumonie se produisent dans tous les pays. Dans les pays à haut revenu, les décès sont concentrés parmi les autres adultes, tandis que dans les pays à faible revenu, les enfants sont les victimes principales. La plupart des pays à revenu moyen sont aux prises avec un très grand nombre de décès parmi ces deux groupes. En vue de ces données, les infections respiratoires se sont avérées la «pièce manquante » majeure du programme de la santé mondiale. Avant la pandémie, il n'y a jamais eu une campagne de santé mondiale portant principalement sur la réduction des décès causés par la pneumonie ou un organisme de santé mondiale responsable de l'aide aux pays pour prévenir, diagnostiquer et traiter la pneumonie. Même Gavi, l'Alliance pour les vaccins, dont le mandat est de vacciner les enfants les plus vulnérables du monde, n'a pas été en mesure de protéger plus de la moitié d'entre eux à l'aide des armes les plus efficaces contre la pneumonie - le vaccin contre le pneumocoque conjugué (VAC). Ceci laisse beaucoup d'enfants-plus de 350 millions âgés de moins de cinq ans-dangereusement exposés. Même la prise de conscience suscitée par deux épisodes d'épidémies d'infection respiratoires - le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV) en 2002 et le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) en 2014 ? n'a pas suffi à persuader les autorités nationales et les organismes de santé mondiale de donner la priorité au combat contre la pneumonie. En conséquence, les réseaux de santé sur tous les continents n'étaient pas préparés lorsque le SRAS-CoV-2, le virus qui provoque la COVID-19, a surgi et est rapidement devenu une pandémie. Les autorités sanitaires nationales n'avaient pas les moyens de traiter le déferlement des personnes ayant besoin de passer un test diagnostique rapide ou de se faire traiter -en particulier les quantités phénoménales d'oxygène médical pour les patients atteints de la COVID-19. Des témoignages tragiques sur des décès résultant du manque d'accès à des soins ont été recueillis en Amérique latine au début de l'été 2020 et se sont vite répandus en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Il est impossible d'oublier la souffrance de patients peinant à respirer ou la détresse des membres de la famille et des professionnels de la santé désespérément à la recherche d'oxygène. Nous ne savons pas combien de décès causés par la COVID-19 sont le résultat du manque de diagnostic et de traitement, mais la plupart des pays avec les plus hauts taux de mortalité due à la COVID-19 ont enregistré de faibles taux de dépistage et des pénuries d'oxygène. À l'heure actuelle, après plus de 18 mois de pandémie et en dépit des campagnes d'administration de vaccins efficaces, les États peinent toujours à réduire le bilan de mortalité. Des 50 000 décès causés par la COVID-19 qu'on enregistre encore chaque semaine, 70 % sont dans des pays à revenu faible et moyen. C'est une situation inacceptable. La pandémie de la COVID-19 doit devenir un tournant pour le combat contre la pneumonie partout. Les pays ne devraient jamais avoir à subir à nouveau des décès aussi nombreux résultant d'une pandémie d'infection respiratoire. Et il ne faudrait pas qu'un si grand nombre de décès soient encore causés par une pneumonie non liée à la COVID, année après année. Mais c'est ce qui arrivera, à moins que les autorités nationales ne transforment leurs plans d'intervention pour répliquer à la pandémie dans des stratégies proactives de lutte contre la pneumonie. Mettre en place une méthode efficace et permanente pour répliquer à la pneumonie réduirait les décès causés par des maladies respiratoires provoquées par toute sorte d'infections et diminuerait le risque d'une autre pandémie d'infection respiratoire. L'atteinte de cet objectif nécessitera une couverture vaccinale complète contre la pneumonie, de meilleurs outils diagnostiques à tous les maillons des réseaux de santé et un meilleur accès aux traitements. Il faudra également intervenir pour réduire les principaux facteurs de risque de décès dus à des pneumonies, notamment la pollution de l'air, l'émaciation infantile et le tabagisme. Les organismes de santé mondiale et de développement comme le Fonds mondial, la Banque mondiale, Unitaid, l'Organisation mondiale de la santé et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance et devraient convertir l'aide COVID-19 qu'ils ont fournie aux pays à revenu faible et moyen en programmes à long terme de lutte contre la pneumonie. Le groupe d'étude sur l'oxygène d'urgence du Dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (ACT-A) a assuré à lui seul un financement de plus de 600 millions de dollars en apport en oxygène aux pays qui en ont besoin et devrait être financé par le G20 pour en faire encore plus. Et les organismes philanthropiques privés doivent continuer de soutenir les initiatives des ONG visant à renforcer les services de soins respiratoires après la pandémie. Sans ce soutien continu, le monde restera exposé à la possibilité d'une autre pandémie provoquée par une infection respiratoire. Et le risque est grand de ne pas atteindre beaucoup des Objectifs de développement durable en matière de santé, surtout les cibles de réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile et de diminution du fardeau des maladies transmissibles ou non transmissibles. Malgré le fait que la COVID-19 a révélé certaines des failles critiques de l'architecture de la santé mondiale, elle a aussi mis en évidence ce que les autorités nationales, les organismes de santé mondiale et de développement et les donateurs peuvent accomplir lorsqu'on les exhorte à investir dans la lutte contre les infections respiratoires. Et il y a encore beaucoup à faire. Après tout, notre monde évolue de telle sorte qu'il accélère le risque d'une autre pandémie d'infection respiratoire. Les infections transmises par voie aérienne en respirant, en parlant, en riant et en chantant vont proliférer dans un environnement plus chaud, très urbain et mobile où les régimes alimentaires déficients, les maladies chroniques et une espérance de vie plus longue rendent les gens plus vulnérables aux maladies et augmentent la mortalité. Le coût de ne pas investir les ressources nécessaires pour lutter contre la pneumonie se mesurera en millions de pertes de vies chaque année et des millions d'autres chaque fois qu'une nouvelle pandémie se déclare. Traduit de l'anglais par Pierre Castegnier *Coordinatrice de Every Breath Counts, une coalition de plus de 50 organisations aidant les États à réduire les décès découlant de la pneumonie |
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