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Cependant,
à Hong Kong, il faut aussi comprendre que les deux volontés de puissances -
celle du gouvernement pro-Pékin et celle du quasi-peuple pro-démocratie -, qui
s'affrontent, portent en elles deux enjeux extrêmement préjudiciables. Et ça le
sera pour la partie qui perdra face à l'autre qui l'emportera. Par conséquent,
c'est tout le devenir de la Chine et de Hong Kong qui est suspendu dans ce bras
de fer. Le premier enjeu, si Hong Kong l'emporte dans le temps de l'histoire,
les conséquences seraient catastrophiques pour Pékin. La puissance de la
volonté de puissance du parti communiste chinois s'amenuisera et se transférera
progressivement vers la volonté de puissance du peuple chinois. Une situation
qui aura des conséquences catastrophiques pour le gouvernement de Chine, qui
sera alors forcé de procéder à sa mue. Les conséquences seront quasi mondiales,
tant en Asie que sur l'ensemble des pays du reste du monde. Ce sera un
véritable tournant pour l'histoire de l'humanité. Le deuxième enjeu, si c'est
le peuple de Hong Kong qui perdra, le monde et l'Asie sera encore plus
dangereux. Ce sera évidemment le tour de Taïwan, et plus tard l'effet domino
sur toute l'Asie et sur le reste du monde. L'Occident sera alors «cerné» face
aux nouvelles donnes du monde.
On comprend alors que la Volonté de puissance du peuple de Hong Kong dépasse de très loin la volonté de puissance du peuple d'Algérie, non pas que le peuple algérien en est incapable mais les enjeux entre Hong Kong et la Chine qui dépassent la Chine et la région administrative spéciale qu'est Hong Kong sont de niveau mondial. Une autre volonté de puissance est celle du peuple palestinien qui dépasse de très loin la volonté de puissance du peuple d'Israël. Non pas que le peuple israélien en est incapable mais la situation de pression que vit le peuple palestinien, une situation de guerre quasi permanente, et les armements dont il dispose dérisoires par rapport à l'armement israélien font que seule la «volonté de puissance» du peuple palestinien qui est vitale, morale, surhumaine, peut s'opposer à la puissance militaire d'Israël. Et là il faut encore préciser que la volonté de puissance vient toujours de l'âme d'un peuple, et peut atteindre des sommets lorsque le peuple se trouve menacé dans sa survie jusqu'à son existence. Et on comprend pourquoi la forte volonté de puissance de l'Etat israélien vient compenser l'affaiblissement de la volonté de puissance du peuple israélien. Et on comprend aussi pourquoi cette situation a provoqué la longévité de Benjamin Netanyahou au poste de Premier ministre. Et malgré les faits de corruption, le peuple israélien face aux dangers extérieurs et les guerres à ses frontières n'a pas d'alternative sinon que de se remettre à l'homme de la situation. Comme l'écrit France 24, le 26 septembre 2019, dans l'article «Israël : le président charge Benjamin Netanyahu de former le prochain gouvernement». On y lit : «Le président israélien Reuven Rivlin a chargé, mercredi 25 septembre, le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu de former le prochain gouvernement et ainsi tenter de sortir le pays de l'impasse, les élections législatives n'ayant pas réussi à dégager une majorité claire. «La responsabilité de former le prochain gouvernement sera donnée au Premier ministre et leader du Likoud Benjamin Netanyahu», a déclaré la présidence dans un communiqué. «Celui qui a le plus de chances c'est Netanyahu (...)», a expliqué plus tard dans la soirée Reuven Rivlin lors d'une conférence de presse aux côtés de Benjamin Netanyahu [...] Le plus pérenne des Premiers ministres israéliens, avec 13 années à la tête du gouvernement - dont les dix dernières sans discontinuer -, doit être entendu début octobre pour répondre d'accusations de «corruption», «fraude» et «abus de confiance» dans trois affaires [...] La société israélienne semble profondément divisée entre les partisans du «roi Bibi» et ceux qui veulent tout faire pour le voir céder la place. On comprend dès lors que ce ne sont pas les performances du Premier ministre israélien qui ont été les causes de sa longévité mais la situation de faiblesse du peuple israélien face aux dangers qui se jouaient dans cette région, une des plus chaudes du monde, et qui ont été à l'origine de sa longévité. D'où la nécessité de la volonté de puissance dans le maintien du gouvernement israélien personnifié par le «roi Bibi» qui compense la faiblesse de celle du peuple israélien. En clair une nécessité appelait une nécessité. Et les exemples sont légion dans ce concept de «volonté de puissance». Prenons le mouvement de contestation des «Gilets jaunes» en France. C'est certainement une forte «volonté de puissance» des Français, mais elle reste très marginale. Le peuple français n'a pas soutenu. Et c'est la raison pour laquelle ce mouvement contestataire devait s'effondrer. Cependant cela reste un avertissement pour la société française. Enfin citons la politique menée par le président Donald Trump face à l'Europe et surtout la Chine. Les États-Unis, il faut le rappeler, ont essuyé échec sur échec entre 2000 et 2016. Sur le plan militaire, la campagne menée par l'armée US en Irak et en Afghanistan a été un terrible fiasco et qui s'est soldé par des dépenses tous azimuts par la première crise du siècle, la crise immobilière et financière de 2008. Et aujourd'hui encore, en 2019, ses effets n'ont pas totalement disparu. C'était sous l'administration Bush junior. De nouveau avec le printemps arabe en 2011, et l'embrasement du monde arabe sous le choc des islamistes radicaux dont les groupes sont soutenus en armements et en logistique par les États-Unis et les monarchies du Golfe. La Syrie, transformée en théâtre de guerre internationale, une destruction programmée, ne doit son salut qu'à la Russie qui entre dans le conflit à ses côtés, le 30 septembre 2015. Elle vient contrebalancer les forces occidentales et leurs alliées. De nouveau, un échec très préjudiciable pour les États-Unis, qui s'est opéré sous l'administration de Barack Obama. Il est évident que les États-Unis se sont trouvés confrontés à une double «volonté de puissance» qui a fortement affaibli la nation américaine. Le peuple américain qui a trop fait confiance à son administration centrale, et l'administration centrale qui a affaibli la nation américaine par les guerres tous azimuts dans le monde musulman. L'enjeu était le pétrole sur lequel était adossé le dollar US - le «pétrodollar». Et tous les pays arabes facturent leurs exportations pétrolières en dollar. Ainsi se comprend l'importance des pays arabes et les guerres qui s'y jouent dans la stratégie planétaire des États-Unis. L'arrivée de Donald Trump, l'homme anti-système, à la Maison Blanche ne peut être qualifiée que d'herméneutique. Pourquoi ? Ancrant sa politique durant sa campagne sur le concept néo-mercantiliste d'«America first», c'est-à-dire «L'Amérique d'abord»), thème principal qui l'a porté à la présidence, le milliardaire devait «donner la priorité aux Américains». Ce qui signifie que, dans la nouvelle configuration du monde, avec une Chine devenue deuxième puissance mondiale et aspire à être la première, Trump devait rehausser la «volonté de puissance» de l'Amérique. Pour les États-Unis, il n'y avait pas d'issue, l'équilibre était précaire dans sa notoriété en tant première puissance mondiale. Le nouveau président devait par conséquent recoller les morceaux éparpillés depuis au moins deux décennies. Et la politique protectionniste menée par Donald Trump face à l'Europe et à la Chine devait répondre à cette situation de déclin. Le bras de fer avec la Chine peut être assimilé à un bras de fer de deux volontés de puissance des deux hyperpuissances économiques. Les États-Unis forts de la première monnaie internationale du monde et du premier consumérisme mondial et la Chine du faible consumérisme mondial mais devenue la première puissance exportatrice de biens et services dans le monde. En clair, la Chine dépend des États-Unis sur le double plan consumérisme et dollar américain. L'Amérique de même dépend par ses importations de biens et services les moins chers du monde que la Chine produit. On comprend dès lors que les États-Unis ne peuvent unilatéralement mener une politique protectionniste sans qu'ils aient aussi à en souffrir de la Chine. Ce qui explique les négociations et compromis incessants. Néanmoins, il demeure que Donald Trump enregistre des succès dans sa politique d'élever la «volonté de puissance» des États-Unis, comme le confirme l'affaiblissement de l'économie chinoise qui apparaît comme un aboutissement de la politique trumpienne, tant sur le plan intérieur qu'extérieur. Et un réajustement de la volonté de puissance de la Chine qui est inhérent aux nouvelles donnes de l'histoire. Compte tenu de la marche de l'histoire aujourd'hui, on peut même pronostiquer que Donald Trump sera réélu en 2020, avec une probabilité de 99,9999999999... sauf bien sûr s'il meurt, ce qu'aucun homme n'est garant de sa vie ni ne commande l'heure de sa fin. Et peu importe les tentatives de destitution du président américain par les démocrates, bien plus, ils le renforcent sur le plan médiatique. Le peuple américain sait où est son intérêt. Ce pronostic n'est pas donné par l'auteur mais par la «volonté de puissance» en cours aux États-Unis et dans toutes les parties du monde. Ceci explicité sur la «volonté de puissance», concept formulé par le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, et utilisé pour comprendre la marche de l'histoire, il reste à nous dire si cette «volonté de puissance» exprime tout de la marche du monde. Or, si on regarde le Hirak algérien, on constate bien que c'est le même processus de la «volonté de puissance» qui joue, cependant il n'explique pas d'une manière formelle, consensuelle l'éruption du mouvement de contestation populaire, né le 22 février 2019. Et les manifestations se sont répandues comme une traînée de poudre aux grandes villes et les villes d'intérieur. Aussi, peut-on dire qu'il y a une intelligibilité dans le Hirak algérien. En effet, si on part de sa genèse, les mêmes causes, comme on l'a vu dans les situations précédentes dans l'histoire de l'humanité, produisent les mêmes effets. Les «quantitative easing» monétaires massifs menés, à partir de 2008, par la Banque centrale américaine (Fed), pour juguler la crise et relancer l'économie américaine, ont pris fin en 2014, provoquant un contrechoc pétrolier. Depuis cette date, l'Algérie a souffert et souffre toujours de cette chute des prix du pétrole, l'amenant année après année à puiser dans ses réserves de change qui s'amenuisent sans cesse. D'environ 190 milliards de dollars en 2014, ses réserves de change ont chuté à environ 70 milliards de dollars, en 2019. Les mesures draconiennes prises par le gouvernement en matière de limitations des importations, de nombreux projets économiques et urbanistiques à l'arrêt, la hausse des prix, le gel des salaires et la baisse du pouvoir d'achat, ont provoqué un marasme au sein de la population. Et comme on l'a énoncé, toute situation politique d'une nation est tributaire de ce qui la caractérise, en particulier sa stabilité politique qui généralement est conditionnée par son économie. Or, sur le plan économique, la situation devient de plus en plus difficile en Algérie. Une colère sourde dans la population mais elle est rentrée et ce, eu égard à la décennie noire qui est encore dans les esprits. De plus les conflits armés dans le monde arabe qui ne cessent pas n'inspirent pas la quiétude. Et on comprend pourquoi le concept de «volonté de puissance» a tout son sens dans ce qui dépeint le peuple algérien. Il est très faible et n'augure pas une sortie de crise. Mais le phénomène qui touche le peuple algérien ne vient pas seul, le mandat du président Abdelaziz Bouteflika qui vient à son terme en avril 2019, les décideurs, ne se mettant pas d'accord sur un candidat qui prendrait la relève, n'eurent d'autre alternative que de renouveler le mandat du président sortant. Et c'est cette option du cinquième mandat qui va mettre le feu aux poudres et provoquer le Hirak. En effet, parti d'une «volonté de puissance affaiblie» de la nation, le maintien d'un cinquième mandat d'un président de surcroît gravement malade vient accentuer à la baisse de la «volonté de puissance» de la nation, donnant en plus une image négative de l'Algérie dans l'inconscient des peuples et des gouvernements du monde. Alors que l'Algérie, contre une France surarmée, a arraché son indépendance les armes à la main avec un sacrifice de plus d'un million d'Algériens tués, durant 7 ans et demi de guerre. L'Algérie est devenue, dans les années 1970, la Mecque des révolutionnaires du monde entier. C'est dire la richesse de l'histoire d'Algérie. L'Algérie, ces dernières années, ressemblait un peu aux États-Unis puisqu'elle était aussi confrontée à une double «volonté de puissance fortement affaiblie». Comme Donald Trump est venu à l'Amérique, le 22 février 2019 avec les manifestations massives du peuple est venu à l'Algérie. Que s'est-il passé pour que le peuple intervienne dans cette double négation ? La réponse que l'on peut apporter est que dans tout peuple il y a en lui un «élan vital» et que c'est lui qui répond à cette «baisse de volonté de puissance» qui en fait est une «baisse de la vitalité» du peuple, et donc de la nation. Comme on l'a dit pour le peuple palestinien, «une situation de guerre quasi permanente, et les armements dont il dispose dérisoires par rapport à l'armement israélien font que seule la volonté de puissance du peuple palestinien qui est vitale, morale, surhumaine, pouvait s'opposer à la puissance militaire d'Israël.» Aussi peut-on dire que le même processus a joué en Algérie. En effet, l'«élan vital» comme l'a développé le philosophe français Henri Bergson dans «L'évolution créatrice (1907)» est, en réalité, enfoui dans chaque être depuis sa naissance, durant toute son existence et jusqu'à sa mort. L'être humain ne sait pas qu'il est par une force vitale appelée «vie». Et qu'est-ce que être si ce n'est vivre, être une vie. Par conséquent le peuple algérien était mû par cet élan vital, qui est aussi moral mais lui vient du «sur-humain». Et c'est lui qui lui disait marcher. Ce «sur-humain» qui vivifie l'élan vital existe en chaque être et nous suit en permanence sans que nous le sachions. Que nous pouvons sentir, et même palper par l'esprit, et pour cela, il faudrait discuter avec soi, parler au «sur-humain» qui est en nous. Ce qui n'est pas donné à tout être puisque cela relève de la constitution métaphysique de chaque être. Ce qui fait que le peuple algérien a marché et des conséquences ont fusé dans la sphère des décideurs, parce que c'était attendu et nécessaire que le pouvoir devait se «réveiller», sortir de la «torpeur» dans laquelle il était. Que le peuple devait enfin malmener parce que c'était nécessaire, surtout qu'il porte encore les cicatrices de la décennie noire. Mais la marche de la nation est désormais en marche avec ses marches pacifiques et joyeuses. Pourquoi a-t-on appelé le Hirak algérien la «Révolution du sourire» ? Pour la simple raison que le peuple a toute liberté de l'Essence par laquelle il doit son existence, que cet élan vital lui fait dire que «djeich-chaab khawa khawa», i. e. «Armée-Peuple frères frères». Et qu'est-ce que l'armée algérienne dont le sigle est Armée Nationale Populaire (ANP), sinon que la dénomination parle d'elle-même. Une armée issue du peuple et qui protège le peuple ne peut que protéger le peuple qui marche, et oblige aussi le pouvoir à marcher avec lui, à répondre positivement à ses demandes et c'est ce qu'il a fait et est en train de faire. De l'affaiblissement de la volonté de puissance du peuple, avec le sursaut populaire à partir du 22 février 2019, cette volonté de puissance a atteint des sommets. Et surtout que le peuple bénéficie de la «loi du grand nombre». Il sait que c'est lui la nation, il ne peut que montrer sa joie lors des marche chaque vendredi au point qu'il a créé un néologisme, le verbe «vendredire». Le peuple ne marche pas, il vendredit chaque vendredi. Parmi les slogans, il y a celui-ci : «Lebled bladna, ndirou raina, makanch l vote !» (Ce pays est le nôtre. On fera ce qu'on veut. Il n'y aura pas de vote). On comprend dès lors non seulement le pacifisme mais l'humour dans les revendications. La peur «héritée» de la décennie noire n'existe plus, elle est dépassée, et bien dépassée. A suivre *Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective |