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A quelle annonce sommes-nous attentifs sur «la nouvelle politique
économique du Pays»? «Une nouvelle restructuration» ? «Un nouveau code des
investissements» ?
«Une stratification des investissements» ? «Une nouvelle stratégie du gouvernement en matière d'économie» ? Un nouveau libellé à la mission de l'ANDI ? Un doute sur la «règle du 51/49%» pour la borner au mandat de «limiter les sorties de devises» ? La nouvelle politique n'échoit pas exclusivement à la dynamique industrielle du pays. Des concepts qui simplifient le débat quand celui-ci invite à l'analyse profonde des comportements économiques de notre marché. Des concepts connus durant notamment les 25 dernières années mais qui font, expérience à l'appui, douter et le manager et l'expert tellement ils sont annoncés sans vision industrieuse et innovante et sans termes calendaires chiffrés. L'Etat a promu des textes pour intéresser les jeunes et moins jeunes, l'investisseur, le promoteur, l'école, les instituts et tous citoyens actifs. C'est normal et responsable. Mais ces concepts volontaristes expérimentés durant les vingt-cinq années écoulées ont vu se manifester un mode de consommation dominé par la croissance d'un nombre de besoins nouveaux. A la faveur d'une évolution progressive mais favorable de la trajectoire du revenu national (généré essentiellement par l'exportation des hydrocarbures), la satisfaction aisée de ces besoins a favorisé une abondance non hiérarchisée, souvent inopportune et inversement proportionnelle à la rentabilité du travail. Cette abondance a fait naître non pas un mode de consommation nouveau mais un goût à la dépense nouveau. Un temps à l'opulence imméritée et où l'abondance a fait disparaître la rareté aux dépens d'une valeur ajoutée nationale malmenée par le comportement d'un nombre d'opérateurs irrespectueux de la règle et de l'intérêt général. Durant cette même période, 1995-2014, l'outil économique à capitaux d'Etat, eu égard aux nouveaux concepts, a subi pas moins de quatre restructurations et une réorganisation, toutes avec l'accompagnement de l'Etat et l'intervention du Trésor public et des banques qui ont pris en charge le coût social de la compression d'effectifs de pas moins de 400.000 agents. Il est vrai que ce programme économique a mis fin à l'emploi pléthorique. Mais cette compression d'effectifs a, durant la même période, servi à l'émergence d'un grand nombre d'opérateurs économiques mais à statuts et capitaux privés. De toutes ces restructurations, il était attendu une intégration du secteur économique au niveau international, une reconversion et réorientations des comportements industriels hérités, vers l'industrie du 21ème siècle, une injection des technologies nouvelles en boostant la R&D algérienne, une priorité à l'expertise managériale en mesure de relever le défi lancé pour la croissance et enfin une assurance de débouchés et de marchés nouveaux à l'exportation. Ces attendus étaient censés concourir à une croissance nationale durable et non impactée par les ressources pétro-gazières. Sauf que tous les dispositifs juridiques qui ont accompagné ces restructurations ont toujours omis d'y intégrer la réforme du secteur bancaire et de l'environnement administratif et financier. Ce qui explique que plus de 80% des actifs bancaires sont à caractère public. Un ratio de liquidités monétaires caractérisant l'économie nationale bondit de 40% à 75% (encore une fois, les hydrocarbures y sont le principal générateur) alors que la circulation fiduciaire est à 27%. Le ratio de la circulation fiduciaire et les origines de son accroissement sont bien connus par les banquiers quand ils exercent leurs vocations. Cette circulation fiduciaire ne dépasse pas les 5% dans les pays dits développés. Sur notre marché, entre 3.800 et 4.000 milliards de dinars circulent en billets. Soit près de la moitié des dépôts à vue. Conséquence engendrée, une inflation qui passe de 2,92% en décembre 2014 à 5,18% en juin 2015. Une telle situation a favorisé le ressourcement de l'échange informel. L'état des lieux est celui d'un marché financier qui ne dit pas son nom mais occulte et où se vendent ou s'échangent des capitaux sous aucune forme d'actions ou d'obligations. Cela relève non pas de la culture commerciale de nos opérateurs mais beaucoup plus des usages commerciaux apprivoisés à la faveur de l'irrespect de la règlementation et du manque de conviction des acteurs économiques. L'opérateur économique de 2015, notamment à capitaux privés, excelle dans le savoir du fonctionnement des capitaux. Le marché monétaire sur notre espace d'affaires est d'existence immatérialisée. Pourtant, à l'observation du mouvement commercial ordinaire, il impacte bien les échanges quotidiens. Le marché monétaire se réalise dans la plupart des cas dans l'informel. Ce qui se passe dans notre économie informelle est qu'à aucun moment sur l'itinéraire des opérations commerciales dans notre marché, n'apparaît le niveau des monnaies qui se brassent. Ce type de comportement des opérateurs achève d'une manière regardante et irréversible la nuisance subie par notre économie, et en fin de parcours son péril. C'est l'ère des investissements sans traçabilité mais à rentabilité immédiate. L'incertitude de la carrière, le manque de formation spécifique et la non-fiabilité professionnelle des agents préposés à ces opérations de récolte des capitaux domestiquent et encouragent la sécurité et la facilité offertes par l'épargne du bas de laine. Même l'usage du chèque, moyen de paiement le plus connu, souffre à s'installer dans nos échanges. Les opérateurs commerçants continuent à le refuser malgré l'insistance et le rappel tardif d'une règlementation à cet effet. Et même les institutions financières publiques ne se sont que résignées enfin à l'accepter. Le corollaire est qu'à peine 51% de la population adulte sont titulaires d'un compte dans une institution financière. Moins de 8% justifient leur hostilité au compte par la référence religieuse. Le mouvement commercial quel que soit son niveau s'accommoderait très mal avec une traçabilité que l'usage du chèque engendrerait. La majorité des commerçants ouvre le compte bancaire non pas par nécessités économiques et d'échanges commerciaux productifs mais par obligation administrative. 55% des commerçants activent hors système financier. Nous sommes loin de la rigueur de l'évaluation du taux de chômage. Nous sommes encore loin de l'évaluation précise de la valeur ajoutée à porter au PIB. N'est-ce pas là une forme favorable à la prolifération des liquidités de la banque primaire ? Cette manière de procéder n'avantage-t-elle pas la praticabilité des liquidités de la banque ? La tendance de ces liquidités de banque et des opérateurs pirates serait non pas d'être orientées vers le financement du mouvement économique mais de s'assurer une fructification sans risque dans le placement (compte central de la banque et inter-banques, évasions de capitaux...). Le caractère important du volume des liquidités de la banque, disproportionné par rapport à ses réserves obligatoires est dû au manque de résolution d'accompagner la croissance économique nationale. Certes, des exceptions confirment la règle. C'est le souci et le rappel de la Banque centrale (voir son instruction du 25 février 2015) d'inciter les banques primaires à intervenir davantage sur le niveau de l'activité économique. Il en résulte que tout en éloignant notre économie de sa caractéristique traditionnelle qui tirait ses richesses marquantes de l'exploitation de ses terres, vocation qu'elle a perdue, les faits et comportements économiques et financiers ont hélas développé une rigidité au décollage de la croissance et favorisé un niveau de vie difficilement acquis aux clairvoyances réelles; le risque d'une possible décroissance est là. Mais tous les décollages économiques qui visent une inflexion durable de la croissance économique s'appuient sur la hausse des investissements pleins et favorables à l'expansion des secteurs industriels et économiques et à la création de l'emploi et qui ont un effet d'entraînements en faveur de la croissance nationale. Investir n'est pas acheter des actions (encore faut-il que la Bourse soit vivante) et des obligations ou de placer ses capitaux sur un compte rémunéré. Cela s'appelle spéculer, ce qui est légitime mais dans un cadre légal. Financer l'économie par le biais du «bas de laine en milliards» engendre certes des richesses mais aussi une économie dissimulée manquant de maturité et d'émancipation. Tous les économistes admettent que le capital et le travail qualifié sont pour l'indispensable dans la croissance économique quand le marché est favorable. Il est admis que les marchés de capitaux sont censés avoir vocation de ressourcer le développement de la croissance pourvu qu'ils aient existence légale et règlementée. Est-il aisé d'affirmer qu'un marché financier en Algérie existe ? Il n'est pas non plus aisé de discerner si toute la monnaie, fruit de l'activité des opérateurs économiques, participe au mouvement du marché financier dans notre Pays. Les investissements privés ne se bousculent pas mais quand ils sont réguliers, ils impliquent le financement par les capitaux d'Etat. 28% des crédits octroyés par les banques publiques sont destinés aux secteurs privés. L'investissement privé sait que l'Etat ne peut se passer de lui. Il n'y a d'investisseur privé créateur de richesses que celui qui scrute la richesse de l'Etat. L'investissement économique public dont l'initiative est administrée sait qu'il n'a plus les faveurs de la banque publique (ou privée). Mais qu'en serait-il si le plus gros financement de l'économie n'était pas de sources à capitaux d'Etat ? Toujours est-il que le marché financier est l'expression de la maturation et du code de l'économie. Il exprime le niveau de confiance dont elle jouit et des rapports des forces qui la gouvernent. Ce marché financier joue un rôle non négligent dans le ressourcement de la dynamique économique. Il est générateur d'une valeur ajoutée quantifiable quand elle est apparente. Il devient concluant que la croissance économique n'est pas menacée par la seule tendance baissière des coûts des hydrocarbures. Certes, la chute appréciable du revenu national a bousculé la quiétude managériale des affaires économiques et surtout financières. Les ressources financières cumulées encore répondantes de la crédibilité financière algérienne mettent toutefois la dynamique économique nationale en sursis si la réaction globale, franche et chiffrée tarde à être décidée et annoncée. Cette réaction doit en premier lieu passer par l'assainissement de la circulation informelle des capitaux. A cet effet, toutes les administrations locales et nationales, toutes les entreprises à capitaux d'Etat et privés, tous les organismes quels que soient leurs statuts et leurs missions et toutes les parties de la vie politique et économiques sont concernés. Chacune et chacun d'entre eux devrait fonctionner sur la base d'un plan directeur à cet égard. L'Etat doit exercer sa souveraineté sur les tenants et aboutissants des masses monétaires en circulation clandestine. La mesure d'une taxe de 7% sur les capitaux volontaires à leur bancarisation ne convaincrait pas les détenteurs de ces capitaux mais irrespectueux des lois. Si toutes les mesures légales leur sembleraient coercitives, alors le projet de changement des billets fiduciaires de la monnaie nationale deviendrait plus que salutaire financièrement. C'est certainement un projet contraignant compte tenu de ses implications extranationales mais si le sauvetage de l'économie nationale passerait par ce chemin, l'Etat resterait souverain. L'élaboration d'un tel projet incomberait à la Banque d'Algérie qui le soumettrait à la décision du président de la République. Dans cette tâche, la BA devrait s'attendre à une adversité effective mais occulte. L'expérience sur cette opération connue et vécue par l'Algérie a été positive. L'image de l'Algérie économique de 2025 et 2030 devrait déjà être sur les bureaux de l'ingénierie économique et financière du pays. Développer, c'est prévoir une Algérie économique normalisée en 2025. La clairvoyance aurait été au titre de la nouvelle politique du pays dans l'exposé d'une Algérie de 2025 avec 46.000.000 d'habitants, avec un taux de chômage ne dépassant pas les 05%, avec un taux de 35% du PIB réalisé par l'exportation, avec une production des 30% du besoin énergétique à partir des énergies nouvelles durables? Une Algérie qui serait en mesure de prendre en charge une population active de l'ordre de 16.100.000 personnes en âge de travailler. L'Industrie (toutes les industries cycles long et court, numérique, constructions) dont le rôle d'entraînement est connu offrirait les 6.000.000 d'emplois, l'Administration (toutes les administrations) occuperait 3.500.000 emplois, le commerce 2.800.000 emplois, les services (prestations et nouveaux) 1.500.000 emplois et surtout l'agriculture 1.500.000 emplois. C'est aujourd'hui que le diagramme PERT du projet Algérie 2025 (ou 2030) occuperait les patrons pour mobiliser les moyens et chantiers à y mettre en œuvre. La première difficulté serait dans la mobilisation des capitaux à investir et le mode de financement de l'ordre de 8.320 milliards de DA au titre de l'industrie, de 2.340 milliards de DA au titre du service, 780 milliards de DA au titre du commerce, soit 11.400 milliards de DA d'investissement global sur dix ans. La deuxième difficulté viendrait du consensus sur la définition des nouvelles zones industrielles et économiques à promouvoir. A cet effet, toute la zone nord de l'Algérie serait à écarter. La nouvelle Algérie économique ne serait ni la zone d'Arzew ou Es-Sénia, ni la zone de Rouiba, ni Béjaïa, ni Constantine, ni Annaba. La nouvelle Algérie économique et industrielle serait spatialement déportée sur la bande intermédiaire Est-Ouest des Hauts-Plateaux, parallèle à la zone nord et offrant une ouverture vers le Sud. L'effet d'entraînement du développement économique et industriel permettrait par là même de résoudre le problème de toutes les concentrations et de forger l'esprit citoyen de l'homme de demain. D'autres difficultés apparaîtront mais liées à des considérations que seul le pouvoir politique pourrait maîtriser. |