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L'Inde a fêté, le
15 août dernier, ses 67 ans d'indépendance. Une révolution verte et une
révolution feutrée. La Chine populaire a fêté ses 65 ans, le 1er octobre 1948. La
révolution de l'empire du centre est au centre de tout. Cuba socialiste a fêté,
le 1er janvier 2014, ses 55 ans. Hasta la victoria, sempre. Le 5 juillet
dernier, l'Algérie a fêté 52 ans d'indépendance. Et de recherche d'identité.
L'éducation. Les services hospitaliers. La sécurité assurée dans le moindre ilot d'immeubles. Ce sont les fondamentaux que tout état sérieux doit assurer à sa population. Le droit au travail aussi. Toutes choses qui ne relèvent pas seulement des entrepreneurs et de la maçonnerie qui peuvent séduire le commun, à première vue. Je crois qu'il existe, de part le monde, un état qui assure tout cela, avec peu de moyens, à ses concitoyens. Il est situé dans les Caraïbes. Avec peu de moyens et sous la menace constante de ses voisins à 160 kilomètres de ses côtes. Il tient debout depuis 1959. Par quel miracle ? Le miracle dont peut être capable un peuple. Il trouve même le temps, et la volonté surtout, de produire des athlètes de très haut niveau sans compter la musique qu'il ne va pas chercher bien loin. Elle est inscrite dans leurs gênes. J'ai pensé à Cuba donc, quand je lus que l'Inde - avant la puis-sance économique du Japon, avant la Chine même - a réussi à mettre sur orbite un satellite artificiel autour de Mars. Quand on évoque cela, on pense à tout ce qui existe derrière. En support. Un savoir faire impres-sionnant, même s'il est élitiste, dans un pays où le nucléaire n'a plus aucun secret pour eux. J'ai pensé à l'Inde donc et à la Chine qui, outre le fait qu'ils gèrent, chacun à sa manière, faut-il le souligner, plus de deux mil-liards d'habitants, - soit le tiers de la planète à eux deux - exécutent un impressionnant ballet dans le monde qui continue de se déchirer. La Chine a réussi récemment, l'exploit de faire atterrir un engin téléguidé sur la Lune. Les Etats-Unis, eux, ne pensent qu'à «contenir» des mouvements sociaux dans le monde, laissantderrière elle, en héritage, 15.000 hommes en Afghanistan pour s'assurer que l'ordre qu'elle entendse garantir, doit demeurer en place. Elle déploie des conseillers militaires et civils en Iraq tout en bombardant le pays au Nord, et la Syrie, dans la foulée, cautionnant le gel des relations avec la Russie ? j'allais écrire l'Unions Soviétique ! ? comme ce fut le cas durant la guerre froide. Cerise sur le gâteau, ce pays prodigue un appui inconditionnel à l'injustice flagrante dont est victime la Palestine éternelle. S'il y avait un prix Nobel de la Guerre, il n'y aurait pas photo. Je pense aux cauchemars que vit aujourd'hui le général Colin Powell qui brandissait devant le Conseil de sécurité des Nations-Unis des fioles sup-posées contenir de l'anthrax ou tout autre poison dont aurait disposé l'Irak, ou ces photos de camions, prises de 10.000 mètres d'altitude qui contenaient, selon lui, des laboratoires diaboliques, comme le lui fit croire le patron de la CIA. Etre général cinq étoiles, Secrétaire d'Etat du plus puissant, militairement parlant, état de la planète, et ânonner de tels insa-nités est tout à fait pathétique. Cela montre le degré de cynisme de ses commanditaires. Et leur retard de plusieurs guerres. Toutes perdues. L'Occidenty construit, si l'on veut, et déconstruit. Il jette dans la fosse militaire et politique une organisation et, quand elle le menace, il veut la déconstruire. Ca a un prix. 4.000 milliards de dollars. Deux fois la dette extérieure de la France. Deux fois l'ensemble des «richesses» an-nuelles produite par ce pays. Ce n'est pas rien. Ainsi donc, pendant que l'Europe se débat dans la crise qui frappe ses économies, que les Etats-Unis poursuivent les mêmes démons d'antan, l'instauration de la pax americana au prix du sang des autres,il est des pays qui se construisent. Dont la Chine et de Cuba, sans matières premières qu'ils vont chercher ailleurs. Mais avec beaucoup de matières grises. L'Inde aussi. Nous, nous disposons de matières premières. Mais peu de matières grise mobilisée. Elle est là pourtant. Disponible. On devra se battre pour recadrer l'enseignement primaire, secondaire et Universitaire. Et, surtout, la formation des enseignants. Partager des idées pour labourer un champ culturel en jachère. La sidérurgie, nous l'avons bradé. Le gaz et le pétrole, nous lesbrûlons au sens propre comme au sens figuré. Avec pour seul souci de garder le pouvoir, non pas le pouvoir pour le pouvoir, mais parce qu'au sommet, ils pensent qu'ils ont raison contre tout le monde. Ce petit monde dont ils connaissent si peu de choses, de sa vie de tous les jours, auquel on construit, ou l'on promet de construire, des cités pour le loger. Le loger dans des cités à problème annoncé. L'urbanisme se réfléchit aussi, faut-il le leur rappeler. Des rames de tramway ici, des rames de métro là. Pour déconges-tionner les villes où la forte concentration humaine permanente les met en péril. Alger, Oran, si grouillantes de monde dans la journée, se vident lit-téralement le soir. Demain, sur ses trottoirs, qui nepardonnent aucune chute bégnine qu'il transforment, par vengeance, en fractures, s'ouvrent des magasins illuminés, bien achalandés qui ne font pas oublier de lever la tête pour voir les façades lépreuses d'immeubles, des couloirs nauséabonds qui conduisent à des cabinets professionnels souvent d'une tenue remarquable. Nous ne savons même plus sauver les apparences. Même plus obliger l'observateur à devoir gratter la peinture pour atteindre le ciment. De peinture, il n'en n'existe plus. Trop d'années sont passées pour mettre tout cela sur le dos du co-lonialisme. Cinquante deux ans après, il ne faut tout de même pas pousser. Alors ? Qui blâmer ? Nos dirigeants sortent de grandes écoles. De l'Ecole Nationale d'Administration, par exemple. Mais ils administrent quoi ? A Cuba, on rêve aujourd'hui, après des décennies d'efforts remar-quables, à souffler. A sortir de l'économie de guerre. Quand chez nous elle se profile à l'horizon, faute de géni créateur. En Chine, on rêve à de-venir la première puissance mondiale. En Inde, à montrer ce que sortir du sous développement veut dire. Et nous ? A quoi rêvons-nous ? Pour le moment, nous pensons tous àl'achat du mouton de l'AidAdha- (nous avons pu, bon gré malgré, arrêter la date, de concert) - dont nous n'avons pas pu réguler les prix. Un mouton qui ne soit pas trop ruineux. Et consentant. Comme qui ? Si vous douter des dégâts causés par le marché aux bestiaux, aller faire un tour au Mont de Piété de votre ville. Et vous prendrez connais-sance du désarroi des gens. Joyeux Aid à tous. Et que Dieu vous garde des malheurs. Et ne portez surtout pas le deuil de la Palestine et de Gaza, des or-phelins et des maisons détruites, des enfants qui apprennent à la lumière des bougies. Ne pensez surtout pas aux ravages d'Ebola. Aux enfants qui jouent leur vie à pile ou face en traversant, sur des chaloupes surchargées, les mers pour s'y noyer et noyer les espoirs de ceux qui ont financé leur voyage sans retour. Encore moins à ceux qui veulent nous vendre une po-litique réchauffée dans un monde qui file à toute vitesse. Et qui rêvent, tous, d'un peuple clé en mains. Non. Ne pensez qu'au mouton. Notre congénère. |