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DUBAI - Le
dernier objectif de développement durable est, en quelque sorte, le plus
important. En admettant que tous les autres ODD ne puissent être réalisés que
par la collaboration, le programme ODD17 comporte des cibles comme la
mobilisation des ressources financières pour les pays en développement
provenant de sources multiples et la promotion de partenariats entre les
secteurs publics, privés et les autres intervenants. Mais, à moins de huit
années de l'échéance de ODD 2030, l'aide officielle en
matière de développement continue de dominer le discours concernant la
transformation économique structurelle.
En 2021, l'aide publique nette au développement par les membres du Comité d'aide au développement de l'OCDE se chiffrait à un peu moins de 179 milliards de dollars. C'est moins de 4,5 % des besoins en financement de 4 200 milliards de dollars pour l'atteinte des ODD. Et même si les pays ont consenti en 2015, lorsque les ODD ont été adoptés, à relever l'aide publique au développement de 0,7 % du revenu national brut d'ici 2030, ils sont loin d'avoir atteint cette cible. Entre-temps, plus de 100 000 milliards de dollars d'actifs sous gestion dans le monde entier peuvent être utilisés pour accélérer le développement. Outre la différence d'échelle, les secteurs public et privé ont tendance à cibler différents aspects du spectre de développement. Par exemple, on pourrait diriger l'aide publique au développement vers l'amélioration des bilans de santé, tandis que les investissements actuels ont plutôt tendance à favoriser la croissance d'un secteur en particulier, comme l'agriculture. L'atteinte des ODD d'ici 2030 est improbable, mais si les sociétés privées réorientaient et renforçaient les retombées de leurs investissements sur les collectivités, de grands progrès pourraient être accomplis sur le plan du développement durable. La clé de ce processus consiste à épauler les PME, qui dans les pays en développement ainsi que dans les pays développés créent de l'emploi, stimulent la croissance des revenus et réduisent la pauvreté. Dans les économies émergentes, les PME comptent pour sept emplois sur dix et les PME officielles contribuent jusqu'à 40 % du PIB, ce chiffre étant encore plus important lorsqu'on inclut les entreprises non officielles. Les PME jouent un rôle particulièrement important. Les entreprises comme Koolboks au Nigeria et Hoa Nang au Vietnam embauchent des jeunes travailleurs talentueux, contribuent à réduire les inégalités entre les sexes, et réinvestissent la richesse générée dans leurs collectivités. De telles entreprises - et les PME en général - forment l'épine dorsale d'un développement durable et résilient, car elles sont enracinées dans les collectivités et offrent de fréquentes occasions d'établir des liens avec des chaînes de valeur internationales. Par l'acquisition de talents et l'élaboration de solutions novatrices aux problèmes actuels, les entreprises qui commencent à petite échelle peuvent se développer en acteurs économiques dynamiques et influents qui créent plus de richesse pour les collectivités, notamment en offrant de meilleures perspectives d'emploi à davantage de travailleurs. Il est utile de noter qu'il faudra environ 500 millions d'emplois d'ici 2030 pour absorber les effectifs mondiaux qui ne cessent d'augmenter en nombre. Or, pour créer tant d'emploi, les PME ont besoin de capitaux pour se développer et s'adapter aux aléas économiques. À ce stade, elles éprouvent la plupart du temps des difficultés à accéder au financement. L'aide publique au développement a un rôle à jouer. Mais dans le monde entier les États donataires sont confrontés à des pressions budgétaires dans le sillon de la pandémie de la COVID-19 et, plus récemment, des crises énergétiques et alimentaires déclenchées par la guerre en Ukraine. Le secteur privé doit donc prendre un rôle de premier plan en assurant le financement nécessaire. Ceci implique un changement de paradigme, où les capitaux (et l'aide) alloués stimulent le développement par l'entremise d'investissements axés sur la création d'emploi et de la richesse. Une attention toute particulière doit être portée aux entreprises dirigées par des femmes, qui comptent actuellement pour 40 % des PME en Afrique, mais qui ne reçoivent que 1 % des fonds de capital-risque. Certains progrès ont été accomplis en ce sens. Par exemple, le fonds nigérien Aruwa Capital Management, fondé et dirigé par des femmes, investit dans des entreprises en plein essor qui fournissent des marchandises et des services essentiels à l'«économie féminine» ou aux entreprises fondées ou cofondées per des femmes ou qui sont composées d'équipes de direction mixtes. D'autres initiatives comme la Corporate Impact Investing Initiative peuvent également libérer plus de capitaux pour les PME, particulièrement celles dirigées par des femmes. Ces initiatives peuvent contribuer à créer une nouvelle génération de femmes comme «Nana Benz» - qui ont été à la tête d'au moins 40 % des entreprises du secteur non officiel au Togo de 1976 à 1984 - mais à une plus grande échelle. Les investissements dans les PME exerçant leurs activités dans les marchés en pleine croissance, comme la zone de libre-échange continentale de l'Afrique, accéléreront le rythme de transformation. Il ne s'agit pas de charité ; de tels investissements apporteront des rendements financiers appréciables. Les études démontrent que les entreprises dotés d'une mission sociale bien définie obtiennent de meilleurs résultats financiers que les autres entreprises uniquement motivés par le profit, notamment, parce que les jeunes - dont la majorité estime que les questions sociales, de l'équité raciale à l'environnement, doivent orienter les processus décisionnels administratifs - sont plus enclins à les appuyer. Il faut du même coup reconnaître que les investissements les plus rentables sont souvent le fait de projets à long terme - voire intergénérationnels. Il est possible que nous ne jouissions pas des fruits de ces efforts de notre vivant, mais nous devons de toute façon les faire pousser, afin de nourrir notre descendance et procurer les semences de la prospérité future. Traduit de l'anglais par Pierre Castegnier *Vice-président des investissements inclusifs et durables à Visa CEMEA |
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