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Pour aller dans le même sens qu'un chroniqueur, le citoyen lambda s'interroge
continuellement sur les «khardjate» de certains de nos «décideurs de terrain»,
les walis et les maires et autres gestionnaires en l'occurrence... avec la
«complicité» (ou l'approbation ou le silence ) des tutelles, les ministères,
quand ce n'est pas «plus haut». Encore que, de nos jours, les groupes de
pression et autres lobbies (surtout économiques, à volonté de puissance
politique) sont bien plus nombreux. Surtout à des niveaux intermédiaires, ce
qui les rend, pour la plupart, insaisissables !
Ainsi, en général, à chaque rentrée, le cher public se voit annoncer (en même temps que le début de la réalisation ?certainement pour ne pas laisser la polémique naître, ou pour se faire «bien voir», ou pour mettre tout le monde devant le «fait accompli» ou pour consommer, à tout prix, l'argent alloué) une action publique nouvelle : les trémies, les ronds-points, les bus en accordéon, les palmiers tout au long des routes à grande vitesse, le couloir jaune ...pour les urgences...et les voitures officielles, les trottoirs en pleine cambrousse, des trottoirs en couleurs dans les centres ville, les compteurs de parking, le couloir bleu? pour le covoiturage, le tramway, le téléphérique, le bateau ?navette le long des côtes, les murettes tout au long des routes à grande vitesse, les dessus des murettes tout au long des routes à grande vitesse (c'est venu bien après ), des éoliennes qui s'étiolent (entre autres, le pauvre trio en un lieu pourtant dénommé «Grands vents» et dont une a une pale qui pendouille depuis bien longtemps), le beach ?volley sur la place publique, les panneaux d' indication de la pollution ?et, tout récemment, la dernière et étonnante «lubie» dans notre paysage citadin : de très beaux aspirateurs de rues et ruelles d'Alger, les «Glutton»? Au secours, les extra-terrestres débarquent ! Combien ça coûte ? on ne saura jamais ! On nous parle aussi, ces derniers temps, après les compteurs électriques intelligents, de «poubelles intelligentes». Décidemment ! Ne nous manque plus qu'à «inventer» ou à «découvrir» le citoyen intelligent... et tout irait pour le mieux dans le meilleur (?!) des mondes. Quant aux «managers» et autres décideurs, ne vous en faites pas : ils sont, déjà, tous, «intelligents». Bien sûr, au bout d'un certain temps, les trois quart des projets ...soit s'avèrent irréalisables et tombent dans l'oubli (même des contrôleurs financiers), comme le fameux couloir bleu du «covoiturage»... soit, entrepris au pas de charge au départ, consommant en très peu de temps la totalité du budget initial, puis, donc, traînent plus qu'il n'en faut, comme les (déjà fameuses) murettes le long de certaines routes à grande vitesse, ou alors ne sont qu'incomplètement réalisés, «balafrant» ainsi le paysage,... soit réalisés si vite, si mal et si incontrôlés que la première bourrasque les emporte ou les inonde... soit? Du bon et du mauvais. Du très bon même ; parfois. Du mauvais plus que du bon ; souvent. Entre-temps, au passage, des poches se sont remplies, des avenirs d'enfants ont été assurés, des maîtresses ont été «bijoutées», des retraites sont devenues bien plus dorées, et des traites de l'appartement récemment acheté en Espagne ou à Nice ou à Montréal ou à Los Angeles sont liquidées? Le (faible) niveau de réalisation généralement atteint (quand le projet n'est pas tout simplement abandonné, parfois, en cours de route), ne soulève, curieusement, ni remarques, ni sanctions, ni même des demandes d'explications, en dehors des fréquentes observations citoyennes, au café du coin. Que voulez-vous ? Le bon petit peuple ne remarque que le mauvais et oublie vite les «cadeaux»! On s'y fait rapidement. La critique médiatique, pour sa part, trop répétitive, en devient assez vite banale, donc passe inaperçue. Mais, pourquoi donc ? Incompétence des décideurs en charge des projets ? Démarches toujours effectuées dans l'urgence ? Absence ou insuffisance de moyens ? En fait, on constate une inadéquation évidente, constatée d'ailleurs dès le départ, des projets lancés, avec la réalité des terrains et de l'environnement quand ce ne sont pas les habitudes sociétales. Une inadéquation aveuglante, si aveuglante que les décideurs, enlisés dans leur suffisance et leur pouvoir ne la voient pas, et se mettent donc à imposer des «idées» parfois bien farfelues. Je me souviens qu'un wali de l'Est Algérien, dans les années 70, en temps de crise de production de la pomme de terre, avait imposé, «comme ça !», malgré les explications des techniciens spécialistes de l'agriculture, l'utilisation des bas ?côtés d'une route nationale alors mangés, pour toujours, par la pierraille et les herbes sauvages et, donc inexploitables . Les tout-nouveaux sont surtout portés par la construction de hautes tours d'habitations et de centres commerciaux sur le plus petit terrain disponible. Au diable les préoccupations sécuritaires des immeubles du voisinage. Maudits soient les arbres et l'environnement ! Ça ne mange plus, ça ne bouffe plus, ça «gratte» partout, ça grignote tout. Le stade des rats est dépassé. Le temps des sauterelles est arrivé ! Il me semble qu'il y a une raison bien plus simple, toute bête. Mais, certainement, peut-être la plus difficile à résoudre car elle relève bien plus de la vie quotidienne (donc des habitudes et des réflexes comportementaux) de nos «décideurs» que d'une programmation mal «foutue» ou étudiée à la va-vite. Elle est liée d'abord à cette «vie en bulle», presque déconnectée de la réalité. Ce n'est, peut-être pas, toujours, la «belle vie» mais, bel et bien, «une autre vie» : boulot-bureau - auto - gardes ? protocole ? assistants ? resto - villa aux murs très hauts - dodo... tout cela à 160 à l'heure et gyrophare sans se soucier des barrages de gendarmerie ou des flashages des radars. Elle est liée ensuite au niveau d'incompétence atteint depuis un certain temps (un bon bout de temps) par notre population managériale qui a été usée, exploitée, pressée, «vieillie» («Cheïbouha»), stressée, malmenée, pervertie... Envahie par une masse de docteurs es? (dont beaucoup de diplômes de complaisance) mais des connaissances, de la méthodologie et de la rigueur à la petite cuillère. Et, travaillant au copier-coller. Elle est liée enfin à cette nouvelle maladie, qui sévit depuis l'aisance financière du pays, qui a permis de voyager sans arrêt à travers le monde sous couvert souvent de missions de travail ou dans le cadre de jumelages et/ou de partenariats, parfois dans le cadre du voyage d'agrément avec madame et les enfants ou avec? Tout particulièrement en Europe, toujours bonne terre d'accueil pour tous ceux qui veulent y investir : la «voyagite aigüe» En voyage? à l'étranger, dans un contexte «libre», libéré, on voit, on remarque, on observe, on relève? et on rapporte? au pays. En oubliant que chaque situation économique et sociale impose un environnement spécifique adapté? une adaptation qui a mis des années, des dizaines et des dizaines d'années avant de s'imposer et d'être acceptée? tout naturellement par tous. Tout investissement est alors un investissement réel avec sa rentabilité directe ou indirecte, rapide, et non pas une simple dépense, pour le «fun», ou pour faire plaisir aux «gens en haut» ou à bobonne. L'utilisation de l'Internet, qui a accéléré le phénomène du copier-coller aveugle (Il est vrai qu'on apprend ceci, déjà, à l'Université quand ce n'est pas à l'école, au collège et au lycée) n'a fait que surmultiplier la dérive «managério-intellectuelle». Vite? mais, bien souvent, mal ! |
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