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Nicolas Sarkozy endosse les thèmes de l'extrême droite ? Et alors ? Il
l'avait annoncé lors de sa campagne électorale en 2007. En cela, il faut lui
reconnaître la fidélité à ses convictions. Le problème est que les dégâts du
«sarkozysme» sont plus profonds qu'en apparence. En France comme sur le plan
international.
Ainsi, après avoir affaibli l'Union européenne en piétinant ses principes fondateurs que sont la concertation, le consensus et la solidarité et marginalisé ses Institutions telles la Commission et le Parlement, le président français Nicolas Sarkozy s'attelle au deuxième acte de son « projet», celui d'affaiblir la France en attisant le communautarisme, en stigmatisant les populations précaires et en violant les principes constitutionnels de la République. Par ailleurs, et sur le plan de la diplomatie internationale, Sarkozy se plaît à torpiller toute initiative qui tend à atténuer les tensions entre pays ou régions stratégiques, plus spécialement celles entre l'Orient et l'Occident. Rappelons-nous combien le président français s'est opposé à l'entrée de la Turquie dans l'UE et avec quels arguments (pays à majorité musulmane). Comment Sarkozy, alors président du Conseil européen, a usé de ruses et de manipulations diplomatiques pour faire accorder par l'UE le statut de partenaire privilégié à Israël en décembre 2008, malgré l'opposition du Parlement européen. Dix jours plus tard, Israël lançait son opération «Plomb durci» contre les populations civiles de Gaza, faisant plus de 1.500 morts ! Cela n'empêchera pas Sarkozy d'imposer Israël au Secrétariat général de l'Union pour la Méditerranée (UPM) avec plus de poids que toute la Ligue arabe (22 pays). S'agissant des pays d'Afrique, ceux ayant appartenu à l'ex-empire français, Sarkozy utilise l'arrogance et le mépris. Au Tchad, il est allé chercher (libérer) par la force des ressortissants français condamnés pour enlèvement et rapt d'enfant sous couvert humanitaire. Aux otages français retenus par les terroristes, il monnaye en cachette leur libération à coup de rançons, portant un coup au principe d'intransigeance au chantage des terroristes. Le dernier épisode de l'otage français assassiné par les hordes terroristes au Mali montre combien le président français respecte la souveraineté des Etats africains, pauvres et faibles militairement. Comble du mépris, il invite 14 chefs d'Etat africains, en majorité dictateurs dans leurs propres pays et serviteurs des intérêts de groupes industriels français, à faire défiler leurs troupes sur les Champs-Elysées, le 14 juillet, jour anniversaire de la République et du triomphe de la démocratie. Son approche de la coopération avec les pays du Maghreb s'inscrit dans la même logique d'agitation et de pièges diplomatiques. Au projet d'amitié entre l'Algérie et la France voulu par son prédécesseur Jacques Chirac et le président Bouteflika, il utilise le prétexte des guerres mémorielles et signe son enterrement. Au Maroc, il proclame son soutien à la seule proposition d'autonomie du Sahara Occidental dans le cadre marocain, faisant fi des résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu (dont la France est membre), qui ont confirmé l'inviolabilité du principe d'un référendum populaire pour les Sahraouis par lequel ils opteront pour l'une ou l'autre solution. Ce ne sont là que quelques exemples de la pratique politique de Sarkozy sur le plan national et international. Devant tant d'agitation et de provocations aux volontés qui militent pour la paix, la justice sociale et la démocratie, il est légitime de s'interroger sur les objectifs du chef de l'Etat français. Que veulent Sarkozy et son équipe ? Sur le plan national, certainement pas le principe de solidarité et de justice sociale. Son «émerveillement» face aux puissances de l'argent et la recherche de leur proximité sont symptomatiques, à tel point qu'il n'entend même pas le bruit des scandales financiers qui l'accompagnent, lui et son gouvernement, depuis sa campagne électorale à ce jour. L'Oréal, Bettencourt et Woerth ; 12.000 euros pour les cigares du ministre ; aller-retour en jet privé pour 120.000 euros pour l'autre ministre ; appartements et voitures de l'Etat pour les familles d'autres ministres encore ; cadeaux fiscaux aux plus fortunés ; commande d'un nouvel avion avec les commodités d'un palace pour son usage personnel, etc. Et les problèmes des jeunes des banlieues, des «gens du voyage», des sans-papiers, des marginaux de la société ? Simple : la répression, rien que la répression policière. Le chômage dans le pays ? Débrouillez-vous, que le plus malin, celui qui travaille plus gagne plus. Oui, mais faut d'abord avoir un travail, monsieur le président ! Au plan international, ce n'est guère plus brillant, même si ses laudateurs lui ont attribué des succès à la faveur de la crise financière internationale, confondant show médiatique et solutions pragmatiques (endettement et déficit publics de son pays en augmentation vertigineuse). A la crise géorgienne de l'été 2.008, Sarkozy annonce sa médiation, au non de l'UE, comme un succès total. Il fait croire qu'il a empêché la sécession de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Nord et convaincu la Russie de retirer ses troupes militaires. Depuis, l'Abkhazie et l'Ossétie du Nord ont proclamé leur indépendance et les troupes russes sont encore en place. En réalité, Nicolas Sarkozy se débat tel un diable pour apparaître comme un homme d'Etat d'envergure qui marquera l'histoire de son pays. C'est une ambition légitime. Seulement, pour gagner l'envergure d'un De Gaulle, d'un Mitterrand ou, plus loin et plus grand, d'un Napoléon Bonaparte, il faut de l'humilité, de la foi en la justice et un cœur généreux. Il faut croire à la complémentarité des civilisations et non à leur affrontement. Il ne faut pas imiter George W. Bush. Il n'est plus président des USA. |
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