
Ici, là-bas
et partout, l'Inde de Narendra Modi
brasse large dans un monde que certains cherchent à multi-polariser. En
accueillant le 18ème Sommet du G20 à New Delhi, du 8 au 10 septembre, l'Inde
donne-t-elle le signe qu'elle a quitté définitivement le non- alignement, le
remplaçant par le multi-alignement ? Tout dans la politique extérieure de
l'Inde prône le multi-alignement, nourrissant même l'ambition de devenir un
leader des pays du Sud qui partagent sa vision, en comptant sur leur soutien à
son entrée au sein du Conseil de sécurité comme membre permanent. L'Inde, qui
cherche également sur ce plan à obtenir le soutien des pays occidentaux, ne
trouve pas meilleure occasion que ce rassemblement des principales parties.
Le G20, qui
a vu le jour en 1999, et qui comprend les pays du G8 (Allemagne, Canada,
États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Japon et Russie), plus l'Union
européenne, ainsi que l'Arabie saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil,
la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, l'Afrique du Sud et
la Turquie, soit les BRICS également, reflète-t-il un désordre mondial ou un
nouvel ordre mondial en marche ? En tout cas, le Premier ministre indien Narendra Modi, qui prépare sa
réélection, accueillera le président américain Joe Biden,
samedi 9 septembre au premier jour du Sommet, mais les président chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine ne seront pas de la
partie. Tant de parties vont se rencontrer pendant deux jours, sans se mettre
d'accord sur quoi que ce soit. Car, des indiscrétions qui ont
filtré, durant cette dernière année, laissent croire, à moins d'une acrobatie
verbale dans la formulation du communiqué sanctionnant les travaux du Sommet,
qu'il n'y aura aucun texte final clôturant ce sommet, à cause de l'absence
évidente d'un consensus autour de la guerre en Ukraine, les uns (les
Occidentaux) exigent dans ce sens d'inclure un paragraphe dans le communiqué
final condamnant l'invasion russe de l'Ukraine, alors que la Russie et la Chine
s'y opposent résolument, en sus de leurs alliés naturels au sein du G20.
A voir de ce côté, le G20, que certains ont déjà qualifié de « sommet des
divisions », tire à l'éclatement et aux divisions plutôt qu'à un quelconque
accord sur la relance de l'économie mondiale, et fait peser la menace d'un
échec de ce sommet que Narendra veut conclure par un
succès qui lui donnera une plus grande aura à la veille des élections. Narendra bénéficie d'une large popularité en Inde, mais
l'opposition ne le ratera pas en cas d'échec du sommet du G20 qu'il prépare
depuis un an. L'Inde qui accueille, pour la première fois, un événement de
cette taille, rassemblant les principaux dirigeants des puissances mondiales,
n'a pas lésiné sur les moyens pour le préparer, lui consacrant une enveloppe de
100 millions de dollars et du spectacle pour mettre en avant la culture du
pays. Le thème principal de ce 18ème Ssommet du G20,
en l'occurrence «Un monde, une famille, un avenir», risque sérieusement de se
heurter à des conceptions totalement différentes, voire à l'opposé les unes des
autres, du monde, de la famille et de l'avenir.