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Compter sur soi

par Abdou BENABBOU

On ne peut s'empêcher de penser que la sempiternelle réclamation de l'effacement des dettes des pays pauvres est la manie de se fourrer le doigt dans le nez. Une nouvelle demande pressante dans ce sens a clôturé le sommet africain sur le climat tenu cette semaine à Nairobi. Il a été question de transition énergétique propre au continent, mais l'on sait qu'au fond, l'emphase des discours ne pouvait cacher le vrai problème. A leur décharge, les représentants des Etats présents ne se sont pas abstenus d'insister sur le poids écrasant du fardeau de la dette du continent en mettant en causes les riches pollueurs. Mais l'exigence faite se résume en un réquisitoire inaccordable avec la réalité car le fond du problème est qu'il est d'abord et avant tout la grande question de la transition humaine.

Les Africains, eux aussi au centre des dégâts climatiques, restent à la périphérie des intentions militantes des pays supposés riches pour lutter contre le dérèglement climatique. Il ne pouvait en être autrement pour une multitude de raisons historiques.

La règle épicière des Etats nantis veut qu'un prêté soit rendu, d'autant que les problèmes climatiques et l'énorme indolence économique mondiale et ses effets catastrophiques sur les populations ont amplifié les cupidités nationales et le seul compter sur soi. De fait, mettre la solidarité et la coopération internationale saine au goût du jour n'est pas à la portée des esprits.

L'aide au développement que réclament les Africains laisse naître un sentiment dubitatif quand il s'agit de réclamer un mécénat à des Etats hier nantis qui eux-mêmes n'échappent plus à une descente aux enfers. Certes des aides parcimonieuses sont accordées au compte-gouttes, mais elles répondent toujours à des calculs terre à terre non dépourvus d'arrière-pensées.

Les Africains devraient comprendre qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Le pari pour le jeune continent est sans conteste une réelle gageure car le colonialisme a laissé derrière lui de profondes cicatrices. Mauvaises gouvernances, corruption avec outrance, coups d'Etat réplétifs, terrorisme et banditisme étendus en sont des signes évidents. Mis en parallèle avec le bras de fer actuel des grandes puissances, rien n'est aujourd'hui garanti.