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Une association tire la sonnette d'alarme

par M. Aziza

L'association «El Aman» pour la protection des consommateurs tire la sonnette d'alarme face à l'expansion de la consommation de différentes drogues et de psychotropes y compris les drogues dures, notamment par les jeunes. Les responsables de l'association ont déjà lancé une campagne de sensibilisation sur les dangers de la drogue et sur les moyens de prévention et de désintoxication en ciblant la jeunesse. Une campagne de sensibilisation renouvelable chaque semaine et qui est déjà entamée à Alger. Elle sera suivie par des campagnes similaires à Oran et à Annaba ainsi que d'autres grandes villes du pays.

Le président de l'association, Hassan Menouar, a affirmé au «Quotidien d'Oran» que la consommation de la drogue par nos jeunes a atteint un seuil effrayant. L'on signale parfois des décès suite à des overdoses. Cela veut dire que le phénomène de la drogue dans notre pays a changé du point de vue de son ampleur et de sa nature. Et qu'il est grand temps de déclarer, dit-il, « la guerre contre notamment les trafiquants de drogue » et prévoir un traitement sanitaire et social au profit des toxicomanes. Notamment par la multiplication du nombre de centres ou d'unités de désintoxication. Il précise que la riposte coercitive engagée ces dernières années par les services de sécurité ne suffit pas à elle seule. «Il faut engager tout le monde dans la lutte contre le trafic de drogue et la toxicomanie. On a l'impression que cette guerre est menée seulement par les parents des toxicomanes et les services de sécurité. Or, plusieurs départements sont concernés par cette lutte, à savoir les services de la santé publique et les services sociaux. On a besoin d'une stratégie qui englobe à la fois des mécanismes coercitifs durs contre les trafiquants de drogue et vendeurs de stupéfiants. Car, ces derniers ciblent les enfants. Mais, on a besoin également des services de la santé publique et les services sociaux, culturels et sportifs. Sans oublier la nécessité de prévoir des emplois au profit des jeunes», explique notre interlocuteur.

Son association, affirme-t-il, compte saisir le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire dans le but de se concerter sur un travail commun, en proposant un plan de sensibilisation, mais surtout des mécanismes d'aide et de soutien aux toxicomanes. Il précise que les actions et les campagnes de sensibilisation doivent être permanentes, car les toxicomanes consomment différents types de stupéfiants quotidiennement.

L'association sollicite le concours des médias dans la lutte contre la toxicomanie pour le lancement de campagnes de prévention permanentes.

A noter que les chiffres relatifs au traitement des affaires de drogue et de saisies sont en augmentation constante. Le bilan du ministère de l'Intérieur fait ressortir le traitement de 85.538 affaires de trafic de drogue et de psychotropes en 2022, impliquant 97.863 individus avec la saisie de plus de 5 tonnes de drogue, des chiffres beaucoup plus élevés par rapport au bilan de l'année 2021.

Le ministère de l'Intérieur a pris plusieurs mesures visant à lutter contre ce phénomène, dont la création d'un groupe de travail, conformément aux instructions du Premier ministre, et qui regroupe plusieurs secteurs, afin de trouver des moyens efficaces de prévention contre la toxicomanie. Exploitation et création d'un fichier sur les trafiquants de drogue et le lancement d'opérations de recherche au niveau des sites dits sensibles. L'organisation de patrouilles ciblant les points de vente de drogue, avec l'activation du renseignement opérationnel et le renforcement des capacités d'analyse. Ainsi que la lutte contre l'importation illégale des produits pharmaceutiques fabriqués à base de précurseurs chimiques. De même, la création de cellules d'écoute et d'assistance aux toxicomanes, en mettant en place un numéro vert pour faciliter le contact avec les personnes concernées.

La nouvelle loi amendant celle de 2004 concernant la lutte contre le trafic de drogue est certes bénéfique puisqu'elle a comblé certaines lacunes juridiques, mais pour arriver à des résultats probants, tout le monde doit être impliqué dans cette lutte, selon M. Menouar. Notamment les associations et la société civile, bien évidemment en travaillant en étroite collaboration avec les institutions de l'Etat, celles spécialisées dans la lutte contre le trafic de drogue et la prise en charge des toxicomanes.