Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Rencontre gouvernement-walis: Les assurances de Tebboune

par Ghania Oukazi

«Les réserves de change sont de plus de 60 milliards de dollars, le taux de croissance est de 4,1%, les importations ont diminué de près de 37%, les exportations hors hydrocarbures ont atteint près de 7 milliards de dollars,

de 2023 à fin 2024, les salaires auront augmenté de 47%».

Ce sont les chiffres clés donnés jeudi par le président de la République à l'ouverture de la réunion gouvernement-walis qui s'est tenue sous le slogan «Développement local, évaluation et perspectives» au Palais des nations de Club des pins, en présence des hauts responsables de l'Etat, des walis, des élus nationaux et des cadres de certains ministères notamment ceux de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire (MICLAT). Abdelmadjid Tebboune a affirmé que «l'année 2022 a enregistré des résultats économiques et sociaux des plus positifs». Il a fait part à cet effet «d'une nouvelle vision» alliant «changement des mentalités et des concepts». Il a réitéré son appel aux walis et aux responsables en général à «se libérer des hésitations, à s'armer de l'esprit d'initiative et à être audacieux». C'est, selon lui, pour relever des défis stratégiques comme la sécurité de l'eau, la sécurité alimentaire, énergétique, une nouvelle gouvernance pour la promotion des investissements, les opportunités d'affaires, les mécanismes de leur réalisation. Le président a «félicité les walis pour avoir résolu les problèmes qui bloquaient les projets et le développement local en premier la bureaucratie (...)». Il indique qu'«en 3 mois (depuis leur dernière réunion avec le gouvernement en septembre 2022, ndlr), 600 ou 700 unités économiques microscopiques, petites et moyennes, ont repris leurs activités et permis la création de 52.000 emplois». Il a fait savoir cependant aux walis que «les méthodes de gestion doivent changer, les initiatives doivent être la base, vous ne devez pas attendre les instructions de la capitale». Il les rassure, toutefois, en soutenant que «le wali est la seule autorité locale et tous les directeurs doivent lui obéir, il est la cheville ouvrière de l'Etat algérien».

«L'inflation reste à un niveau qu'on n'accepte pas»

En 2022, dit-il, «on a repêché l'économie nationale en mettant fin à l'enlisement, on a atteint des résultats pour lesquels on nous envie dans un monde en détérioration». Il estime ainsi qu' «on a réduit le niveau des importations de 36 ou 37 milliards de dollars mais en ne privant le citoyen de rien (...), on a réduit les dépenses de l'Etat, de 53 milliards de dollars, les réserves de change sont de 60 milliards de dollars, ce qui couvre 2 années d'importation sans problème, même en cas de catastrophe en matière d'exportations des hydrocarbures, les exportations hors hydrocarbures sont passées de 1,7 milliard de dollars en 2019 à près de 5 milliards de dollars en 2021 pour atteindre près de 7 milliards de dollars en 2022, soit une augmentation de 30,66% (...), le taux de croissance est de 4,1%, je ne me compare pas aux Etats puissants mais rares sont les pays qui ont atteint 1,5%, on espère que la croissance dépassera 5% en 2023». Il fait remarquer que «l'inflation reste à un niveau qu'on n'accepte pas, comparée à celle à travers le monde qui est à 2 chiffres, elle est chez nous de 9%, on n'a pas voulu injecter de l'argent ici et là pour ne pas l'augmenter, on a fait notre possible pour que le citoyen ne subisse pas la cherté des prix (...)». Il reconnaît que «les salaires ne suffisent pas mais ils vont augmenter cette année et d'ici à fin 2024, ils auront augmenté de 47% et on va baisser les prix des matières premières, on sera arrivé ainsi à des niveaux de salaires acceptables». Il recommande : «Il faut combattre le gaspillage et les parasites» et promet «on va continuer à accorder des facilitations aux investisseurs». Il compte avec «500 ou 600 unités, en 2023, la production sera importante, on produira pour la première fois notre huile de table à 100%, toute la chaîne de production est algérienne, on espère aussi démarrer la première usine de production de sucre à partir de la betterave sucrière produite en Algérie (...), c'est ça construire une économie» ! Il veut que «l'année 2023 soit celle de l'intensification de la dynamique de réalisation des projets, il faut préserver les acquis des 3 dernières années, assurer une amélioration continue des conditions de vie des citoyens, le développement des infrastructures de base et du service public, le soutien à l'agriculture, la création d'emplois pour les jeunes, encourager la création de petites entreprises pour réussir le développement durable».

«L'année du changement du code communal et de wilaya»

Le Président appelle les walis à «créer des emplois, résoudre les problèmes du foncier (...), en cas de difficulté pour des autorisations de projets, vous pouvez saisir le ministère de l'Intérieur ou le 1er ministère». Pour lui, «l'argent sale continue d'agir ici et là, il faut régler ces problèmes dans le cadre de la loi et réhabiliter l'autorité de l'Etat, l'autorité oui, l'autoritarisme non» ! Il estime que «pour lutter contre la corruption, on doit demander des comptes, on ne pardonne pas, on est mobilisé pour la combattre et elle existe; chez une seule famille, on a trouvé 500.000 milliards (...), il y a encore de l'argent caché, il faut l'injecter dans l'économie mais il ne doit pas renflouer l'inflation, à ceux qui ne voulaient pas le faire à cause des intérêts bancaires, on a créé la finance islamique, alors pourquoi laisser l'argent caché» ? Il prévient, «c'est le dernier appel que je lance, sinon on prendra des décisions». Il a fait savoir, par ailleurs, qu' «il y a deux institutions qui peuvent parler au nom des citoyens, l'Observatoire national de la société civile et le médiateur de la République». Il appelle «le citoyen à prendre attache avec eux, en plus du Haut Conseil de la jeunesse, les trois constitutionnalisés et doivent travailler en collaboration avec le wali, les responsables et les élus locaux, aucune décision ne passera sans l'accord des citoyens ». 2023 sera pour lui «l'année du changement et non de la modification du code communal et du code de wilaya, il faut une étude approfondie pour déterminer les prérogatives des P/APC, il ne faut pas qu'ils soient des exécutants de décisions de la wilaya ou de l'APW». Il recommande au ministère de l'Intérieur de «former les responsables locaux d'une manière périodique». Pour le président de la République, «l'Algérie a réalisé en 2022 de grands succès diplomatiques, l'organisation de manifestations sportives, la tenue du Sommet arabe avec une forte participation, la réconciliation palestinienne». Il espère qu'en 2023, «la Libye règle sa crise et organise des élections à la fin de l'année».

Il affirme en outre : «On n'abandonnera jamais le Sahara Occidental et défendrons son droit à l'autodétermination, c'est une question de principe, on espère aussi que la Palestine devienne cette année membre à part entière de l'ONU». Il assure que «pour ces 2 questions, on se battra avec toute notre force».