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Un recul réconfortant

par Abdelkrim Zerzouri

Le phénomène tragique de l'abandon par les descendants de leurs parents en âge avancé dans les centres d'accueil pour personnes âgées, étranger aux mœurs algériennes, mais qui a pris une courbe ascendante très inquiétante durant près de trois décennies, est-il en recul ? La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Kaouter Krikou, a révélé, jeudi dernier, lors d'une plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales, que le secteur de la solidarité nationale a enregistré un recul du nombre de pensionnaires des centres d'accueil pour personnes âgées dans l'ensemble du territoire. Elle n'a pas donné de chiffres pour situer le taux de cette baisse réconfortante des abandons des pères et des mères dans ces centres, mais cela doit certainement se ressentir nettement pour en tenir compte dans les statistiques du ministère.

Comment expliquer ce recul du nombre de pensionnaires des centres d'accueil pour personnes âgées, quand on sait pertinemment que la cellule familiale algérienne est confrontée à de nombreux facteurs de changements sociaux qui poussent à son éclatement ? Selon la ministre, ce recul a été acquis « grâce au travail des services de médiation familiale et sociale au niveau des directions de l'action sociale et de la solidarité (DASS) ». Certainement que ce travail a donné des résultats très positifs sur ce registre, mais il y a d'autres considérations dont il faut tenir compte. Le dispositif juridique mis en place depuis quelques années, prévoyant des sanctions contre les descendants qui abandonnent leurs parents dans les centres en question, n'est pas étranger à ce résultat. Aussi, les jeunes sont de plus en plus nombreux à rejeter l'idée de placer leurs parents dans ces centres.

Une idée qui commence à prendre forme, souvent, voire dans 99% des cas, après le mariage des enfants. La femme qui ne veut pas vivre sous le même toit que les parents du mari constitue l'une des causes les plus répandues qui conduisent les parents dans les centres d'accueil pour personnes âgées, et qui mènent également au divorce quand le mari s'oppose d'une manière catégorique au chantage.

Un chantage pur et dur, puisque la femme donne à son mari à choisir entre elle et ses parents. Et, selon les échos des tribunaux et autres témoignages, le refus d'une partie importante de la nouvelle génération de céder à l'exigence d'abandonner leurs parents demeure une cause très fréquente à l'origine des divorces des couples. Ce qui en fait une preuve que nombreux sont les maris qui, de nos jours, préfèrent se séparer de leurs femmes que de leurs parents.

Et puis, le fait que les parents ne soient plus une charge mais un soutien au sein de la famille est une autre raison qui n'est pas étrangère à cette baisse du nombre des pensionnaires dans les centres d'accueil pour personnes âgées. De nos jours, le nombre de personnes âgées qui touchent une pension de retraite est assez important, et cette pension n'étant pas de trop dans les caisses des ménages, on penserait moins à s'en séparer avec la chute du pouvoir d'achat.