L'Algérie compte institutionnaliser la «journée nationale
de lutte contre la résistance aux antimicrobiens », coïncidant au 21 novembre,
elle-même se situant au milieu de la semaine pour un bon usage des
antimicrobiens, promue par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), et qui
s'étale du 18 au 24 novembre. Quoi de plus pertinent quand on sait que le pays
figure parmi les dix premiers pays au classement mondial des plus grands
consommateurs d'antibiotiques ? En vérité, malgré son engagement à lutter
contre la résistance aux antimicrobiens, à travers la mise en œuvre du plan
d'action national élaboré à cet effet, comme l'a rappelé le ministre de la
Santé dans un message, il y a beaucoup à faire pour traduire dans les actes,
sur le terrain, cette politique antibiorésistance, et
réduire d'une manière sensible la surconsommation des médicaments
antibiotiques, identifiée par l'OMS comme l'une des menaces les plus sérieuses
pour la santé publique.
Comment, en effet, mesurer l'efficacité de ce plan d'action
national quand on ne dispose même pas de statistiques fiables sur ce registre ?
Il y a beaucoup à faire quand on relève, dans ce contexte, l'insistance du
ministre sur l'impératif de fournir des données sur la consommation des
antimicrobiens. Peut-être qu'on aura une vision meilleure avec la création
annoncée, par la Direction générale de la pharmacie, d'un cadre réglementaire à
travers la mise en place d'une commission nationale pluridisciplinaire chargée
du contrôle de la consommation des antimicrobiens, qui travaillera en étroite
collaboration avec les réseaux de contrôle de la résistance des antimicrobiens
et participera à la validation du guide des soins. Et que fait-on de l'absence
des principaux acteurs qui doivent être associés à cette action ? Il est
primordial de déterminer dans ce sens les parties à l'origine de la
consommation excessive de médicaments antibiotiques. En amont, il y a les
médecins généralistes et spécialistes qui prescrivent ce traitement aux malades
sans tenir compte du fait de sa dangerosité à travers l'augmentation des
résistances bactériennes, avec le temps, quand le malade consomme régulièrement
ces antibiotiques. Et, il est, donc, impératif d'associer les médecins à ce
plan national, du moins en les sensibilisant à ne plus prescrire
systématiquement des antibiotiques à leurs patients. Bien évidemment, cela
n'est possible qu'à travers l'enrichissement des connaissances sur les
résistances aux antibiotiques, qui passe par le renforcement de la formation en
relation avec ce thème, et le développement de nouvelles solutions alternatives
à ces antibiotiques. Ce plan d'action de lutte contre le recours aux
antibiotiques d'une manière presque machinale, qui incite à l'automédication,
doit également impliquer le pharmacien d'officine. On ne doit pas badiner avec
l'exigence d'une ordonnance quand il s'agit de la vente des antibiotiques.
Ainsi, le couple médecin-pharmacien devrait figurer aux avant-postes de la
lutte contre la surconsommation des antibiotiques.