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Hypocrisie occidentale

par El-Houari Dilmi

Alors que jusque-là l'émirat pétro-gazier a fait le dos rond au sujet des arguments spécieux de l'Occident qui fait dans un nombrilisme outrancier, c'est l'instance du football mondial qui vient de mettre les petits plats dans les grands. Alors que le show mondial a commencé hier soir, le président de la FIFA a décidé de voler au secours du Qatar, victime d'une violente campagne de dénigrements de la part de ceux qui se prennent pour les «directeurs de conscience» du monde. Parlant «d'hypocrisie de l'Occident», le président du temple du football mondial apporte un démenti cinglant aux élucubrations des médias mainstream du monde dit «libre» qui puisent dans des clichés éculés comme l'exploitation des travailleurs expatriés ou le prétendu soutien au terrorisme.

«Nous organisons une Coupe du monde, pas une guerre», a décoché le patron de la FIFA. Ce dernier a balayé d'un revers de la main les «leçons de morale» qui relèvent de l'«hypocrisie», a-t-il dit. «Ce qui se passe en ce moment est profondément injuste. Les critiques sur le Mondial sont hypocrites», a-t-il martelé à l'adresse des journalistes, lors d'une conférence de presse inaugurale. «Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres. Ces leçons de morale sont juste de l'hypocrisie», a-t-il insisté.

Sur un ton ironique, Infantino a même appuyé les autorités qataries au sujet de l'interdiction de l'alcool dans les stades, une mesure que la FIFA a instaurée et qui reste valable quel que soit le pays organisateur. Dans une anaphore largement reprise, Gianni Infantino n'a pas pris de gants pour couper court aux polémiques stériles en exprimant sa solidarité envers les personnes discriminées dans le monde : «Aujourd'hui, je me sens Qatari. Aujourd'hui, je me sens Arabe. Aujourd'hui, je me sens Africain», a-t-il insisté. Le contexte politique dans lequel se tient la plus prestigieuse compétition sportive mondiale va à l'encontre des valeurs prônées par le sport.

Puisant dans son histoire personnelle de fils d'immigré, Infantino n'a pas hésité à dire une vérité crue : «Parmi les entreprises occidentales présentes ici (Ndlr : au Qatar), combien se sont préoccupées des droits des travailleurs migrants ? Aucune». Tout est dit. Pour les détracteurs du boss de la FIFA, «ce n'est pas lui qui a le gros bout du bâton, c'est le Qatar qui mène le jeu». Et c'est tant mieux !