Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les dieux des stades et le fric

par El-Houari Dilmi

Il est connu qu'une belle performance sportive titille l'ego national, autorisant toutes les folies, à commencer par l'argent, cet oxygène aussi nécessaire que la vie. Mais les dieux des stades aiment-ils le fric ? Dès dimanche et jusqu'au 18 décembre, l'horloge mondiale sera calée sur la Coupe du monde, la première organisée par un pays arabe. Malgré une campagne crado menée par l'Occident contre le Qatar, cette édition de la plus prestigieuse compétition sportive risque bien de faire date dans l'histoire du ballon rond, tant des moyens colossaux ont été mis en œuvre pour réussir ce rendez-vous planétaire. Oui, plus que toutes les religions, toutes les passions fiévreuses, le football est le nouvel opium des peuples qu'il adoucirait les mœurs bien mieux que la «chose politique», cette science occulte qui se joue du destin des autres par procuration détournée.

L'espace d'un mois, une sorte de trêve, de répit bienvenu, va planer sur beaucoup de parties du monde. Véritable exutoire, le football n'est pourtant pas exempt de dérapages et autres «mauvais coups». A commencer par le lien «incestueux» entre l'argent et les valeurs du sport. Le formidable développement des mass media a certes contribué à l'évolution du sport, devenu enjeu économique et même politique. Pour beaucoup, dans les sports, «seuls le talent et l'argent font les médailles». Pour d'autres, la morale sportive est pervertie par l'argent. Dans le passé, le sport était peut-être le vecteur d'un idéal de perfection, permettant aux hommes d'accroître leurs qualités physiques, intellectuelles et morales. Mais que reste-t-il de cette époque ?

Les valeurs sportives ne font plus le poids face au prodigieux pouvoir corrupteur de l'argent. La preuve, ce Mondial sera de loin le plus cher de l'histoire. Entre voies ferrées, ports, aéroports, hôpitaux et tout le reste, l'émirat a déboursé pas moins de 220 milliards de dollars pour accueillir la prestigieuse compétition. Il est aisé de deviner quel serait le retour d'investissement si une somme aussi stratosphérique a été engloutie. Sur plusieurs années, le Qatar va engranger des milliards de dollars grâce aux revenus produits et aux futures retombées économiques. Comme quoi, on peut faire de très bonnes affaires rien qu'avec un morceau de cuir rempli de vent...