L'Ocean Viking, bateau ambulance portant mal son nom, transportant 230 personnes désespérées dont 57 enfants a provoqué une gigantesque lame de fond au cœur de l'unité européenne. En se voyant refuser son accostage en Italie, il suggérerait une face en carton papier d'une Union européenne finalement divisée. Il a jeté ses amarres dans la ville française de Toulon et il est séant de rendre grâce à la France pour son évident geste d'humanisme manifesté en décidant de l'accueillir même si sa décision a été entourée d'un peinturage de précautions verbales en tenant compte de l'activisme nourri d'une extrême droite française à deux doigts du pouvoir. En politique, le dit ne reflète pas toujours l'intention.

Les échanges de griefs entre la France et l'Italie, membres fondateurs de l'UE, montent en cadence pour démontrer la réelle consistance d'une union continentale qui s'avoisine avec une chimère au moment où la planète entière est secouée par un hoquet tendant à annoncer une fatidique dévastation. En refusant catégoriquement de recevoir le bateau humanitaire, l'extrême droite italienne fraîchement au pouvoir ne fait en vérité qu'étaler un indice révélateur parmi de nombreux autres indiquant que le monde a entamé sa déconfiture. Qu'on le veuille ou non, la très lourde atmosphère mondiale actuelle ressemble à celle des années trente pour que se reproduisent les déflagrations particulières. La mise à l'index des races reprend et le problème de la migration n'est qu'un prétexte car on s'obstine à ne pas s'avouer que c'est le spectre d'un général déménagement de l'espèce humaine qui s'avance.

La Chine se crispe. Les Etats-Unis menacent. Les pétarades nord-coréennes s'amplifient. L'Australie change de cap. Les Israéliens envahissent les mosquées. Des pays et Etats ont sombré. D'autres sont en voie de l'être. En quelques mois, plus de 2.000 êtres humains, jeunes et moins jeunes, femmes et enfants ont été engloutis par la mer. La gangrène terroriste s'accapare toute l'Afrique et le tsunami aux différents visages des pandémies adopte un clonage terrifiant pour que des crises kaléidoscopiques s'éternisent et s'amplifient.