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Changements climatiques: «L'Algérie parmi les pays les plus vulnérables»

par Ghania Oukazi

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été créée en 1992 lors du Sommet de la Terre sur l'environnement et le développement organisé à Rio et l'Algérie l'a ratifiée en 1993.

C'est donc à peine une année après que l'Algérie a décidé de se conformer à la Convention-cadre en ayant été un de ses premiers signataires. La Conférence des pays parties (Conference of Parties (Cop)) a été adoptée lors des travaux du Sommet de la Terre par une centaine de pays, et la 1ère CoP a été organisée en 1995 à Berlin, rappellent des experts. Avec pour point focal, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté à l'étranger, l'Algérie a été parmi les premiers pays à remettre son rapport de la Contribution déterminée national (CDN) aux Nations unies. «Elle l'a fait en 2019 en présentant une CPDN, une Contribution provisoire déterminée au niveau national», font-ils savoir. «La CPDN est un rpport annuel présenté par chaque pays pour exposer les différents programmes et actions réalisées au niveau national pour lutter contre les changements climatiques et ce, à travers la prise en charge de trois principaux volets impératifs à la lutte contre les conséquences climatiques, à savoir l'atténuation des gaz à effet de serre (GES), l'adaptation aux changements climatiques et enfin la gouvernance qui, elle, implique le financement des programmes et actions devant être déterminés à cet effet», expliquent nos sources.

L'on nous renseigne qu'un «Groupe intergouvernemental pour l'étude du climat (GIEC) a été installé par les Nations unies, il est composé de 1.500 experts internationaux. Sa mission est d'informer sur les impacts du dérèglement climatique sur la planète et donner des instructions et orientations pour y faire face. Plusieurs rapports ont été élaborés dont le 6ème qui est la grande sonnette d'alarme», rappellent les experts. Il s'agit du rapport de 2021 où, disent nos sources, «le GIEC prévient que si les économies du monde continuent à ce rythme, la Terre atteindra la température tant appréhendée de 2 degrés Celsius d'ici fin 2030».

«Les changements climatiques et leurs conséquences sur les écosystèmes sont prouvés, identifiés et mesurés, on a donc tout compris de ce dossier depuis longtemps», affirment les experts qui soulignent, par conséquent, qu'«aujourd'hui, on ne parle plus de changements climatiques mais de justice climatique, un concept retenu il y a deux ou trois ans de cela parce que les conséquences des changements sont désastreuses sur les pays africains et sur l'ensemble des pays les moins avancés ainsi que les pays insulaires (îliens), c'est pour cela qu'il est aujourd'hui question d'équité, de justice». D'ailleurs, «les pays vulnérables veulent des indemnisations de ceux qui polluent le plus, mais encore faut-il que ces derniers prennent conscience que s'ils n'aident pas dans ce sens, c'est l'humanité entière qui en pâtira», estiment-ils.

Les experts affirment que «l'Algérie est considérée parmi les pays les plus vulnérables, elle doit continuer à bénéficier de l'expertise étrangère pour élargir ses capacités dans le volet «adaptation», dès lors qu'elle se considère comme un pays non polluant et donc non responsable». L'on nous apprend que «les résultats des actions réalisées au niveau national pour lutter contre le dérèglement climatique sont des actions sectorielles». Il est noté à cet effet, que «nous avons un partenariat d'excellence avec l'Allemagne en matière de climat, une coopération lancée en 1974 avec l'Agence de coopération allemande (GIZ)». Les secteurs les plus impactés sont l'agriculture, la santé et les transports. «L'Agence de coopération allemande mène un travail d'expertise depuis plusieurs années aux côtés du gouvernement algérien», font-ils savoir.

Notons que le prince héritier et Premier ministre de l'Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salman, vient d'annoncer que «son pays octroie 2,5 milliards de dollars en soutien aux projets d'investissements du Moyen-Orient Vert (...), répartis sur les 10 ans à venir». Il a promis qu'«il sera mis fin aux émissions de carbone d'ici à 2050». Les experts ont vite réagi à cette déclaration en précisant que «l'erreur de l'Arabie Saoudite est d'investir dans l'atténuation» et non dans l' «adaptation» comme le fait l'Algérie, c'est juste pour ne pas avoir des sanctions onusiennes à propos de la production du pétrole. Ils rappellent que «la décision des sanctions a été prise lors de la CoP 26 à Glasgow, pour ne pas sortir avec un échec total des négociations».