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Formation et bataille vitale

par Abdou BENABBOU

La grande préoccupation de l'heure est à la formation professionnelle. Après avoir été reportée, la rentrée dans les écoles d'apprentissage s'effectue, dit-on, dans des conditions acceptables. Le report de la rentrée est dû à l'obligation faite aux autorités nationales de lier l'enseignement technique et industriel avec la réalité du terrain et prendre à bras-le-corps l'épineux problème du chômage des jeunes et des moins jeunes. Le dossier s'est avéré assez lourd pour que la formation professionnelle soit détachée de l'allocation chômage décidée par le gouvernement.

On ne peut pas effectivement accorder gracieusement une rémunération mensuelle à un sans-emploi sans lui demander d'apprendre un métier, auquel cas on ferait de lui un assisté éternel aux frais des contribuables. D'autant qu'une large majorité de la jeunesse a été éduquée à attendre que l'argent lui tombe du ciel et il est de notoriété que la politique rentière l'a largement soumise à une culture où l'effort et la sueur n'ont aucune valeur. Une minorité s'est tout de même démenée corps et âme pour subsister en s'investissant dans le commerce sans savoir que l'activité commerciale était elle aussi un art réclamant un minimum de compétence. Dans ce domaine, l'état des lieux est bigarré, on y trouve la conversion des KMS en établis de produits cosmétiques quand on ne s'investit pas en marchands de fruits et légumes.

Le dossier est très lourd. On a enfin compris après des décennies de tergiversations qu'il hypothèque à lui seul tout l'avenir du pays. Il n'est pas simple non plus, car sa prise en charge exige un ensemble de connexions entre l'apprentissage, l'enseignement et le monde du travail appuyés par le soutien financier du Trésor public. C'est au cœur de l'activité économique, des manufactures, des unités de production que la formation professionnelle doit s'opérer pour garantir son efficacité. Malheureusement, il n'est pas certain que le secteur productif en état de léthargie actuellement soit disposé à assumer sa participation à une œuvre aussi salvatrice pour le pays.

Avec la timide reprise économique, les pouvoirs publics sont face à une pénible équation à résoudre. De leurs facultés à nouer des liens entre le monde du travail et la formation professionnelle dépendra le succès d'une vitale bataille.