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SALAIRE ET TENAILLE SOCIALE

par Abdou BENABBOU

On imagine aisément la mélasse dans laquelle sont empêtrés les automobilistes français en ce moment. La grève des raffineries a fini par les assommer avec de nouveaux déboires dont ils n'avaient pas besoin activant une autre tenaille sociale qui ajoute aux perturbations malfaisantes pour le préliminaire de leur existence.

Il est question de sempiternelles revendications salariales induites par le coût de la vie. Aussi légitimes qu'elles soient, les exigences des salariés des raffineries posent un problème universel de fond et si elles mettent en opposition deux idéologies différentes, restées coincées entre des politiques habituelles des droites et des gauches politiques, elles exigent pourtant expressément une logique simple loin de l'emphase des débats contradictoires et usés du moment. Le monde du travail a partout posé l'exigence du partage équitable des richesses. Lourd sujet que voici s'étalant en permanence pour que soit moulue sans cesse une problématique profonde qui fait ou défait le bonheur des hommes à travers la terre entière.

Les syndicalistes des raffineries françaises affirment que l'amélioration conséquente de leurs salaires permettra une nouvelle coulée d'essence. Mais en quoi servirait cette coulée si la majorité des automobilistes sont eux-mêmes aussi dans des difficultés existentielles et en droit de réclamer un partage des richesses ? La grande question est de savoir en quoi les raffineurs et les automobilistes apporteraient-ils eux aussi en retour leur part de richesse à leur pays ?

Avec l'inflation mondiale et démentielle actuelle, aucun pays n'y échappe. Face à cette situation, le gouvernement algérien pour sa part a raison d'user de prudence. On ne partage que ce que l'on a et on ne gonfle pas un salaire pour contrecarrer des protubérances sociales et intervenir financièrement pour ne colmater que des brèches. Une amélioration des salaires n'a de sens et de profits réels que si elle renforce la dynamique de la production économique quand elle existe. L'erreur serait de privilégier un secteur au détriment d'un autre.