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Embrouille

par Abdelkrim Zerzouri

Voilà bien un rapport qui ne semble trouver nul preneur. Dans un exposé annuel sur le Sahara occidental, daté du 3 octobre, qui a été remis au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé « toutes les parties concernées par le différend régional à soutenir les efforts de Staffan de Mistura », sans les nommer expressément, le secrétaire général des Nations unies a laissé la porte ouverte à toutes les supputations. Qui ne soutient pas les efforts de Staffan de Mistura ? Le Maroc qui a empêché l'émissaire de l'ONU de se rendre aux territoires occupés du Sahara occidental, lors de sa visite dans le cadre d'une tournée dans la région, en juillet dernier ? Bien sûr, tant que le rapport n'appelle pas les choses par leurs noms et ne mentionne ni l'occupation marocaine des territoires sahraouis ni les résolutions du Conseil de sécurité, appelant à l'organisation d'un référendum d'autodétermination, laissant les explications aux soins des interprétations « sur mesure », au Maroc on ne se pose pas de question, les parties concernées pointées pour une absence de coopération ne sont autres que la Front Polisario et l'Algérie.

En évitant de déterminer dans son rapport quelles sont ces « parties concernées », et en reliant ces mots par une définition du conflit, en tant que « différend régional », le SG de l'ONU défend-il encore la formule des tables rondes avec la participation de l'Algérie et de la Mauritanie comme pays observateurs dans les négociations entre le Maroc et le Front Polisario ? Pourtant, l'Algérie, qui n'a pas encore exprimé sa réaction officielle à propos des termes de ce rapport annuel du SG de l'ONU sur le Sahara occidental, avait clairement rejeté cette formule, relevant qu'il y a deux parties concernées dans ce conflit, le Maroc et le Front Polisario, et c'est à eux de négocier directement autour de ce différend. Le rapport parle également de baisse d'intensité des «hostilités» entre le Maroc et le Polisario entre novembre 2021 et septembre 2022, alors que la MINURSO avoue qu'elle n'a pas été en mesure de confirmer de manière indépendante ni le nombre et le lieu des tirs signalés (attaques militaires) ni leur l'impact, notamment sur le plan des victimes qui ont succombé lors des opérations militaires !

Au fond, on se demande si ce rapport annuel peut avoir une influence sur les débats consacrés au dossier du Sahara occidental, dont le mandat de la MINURSO qui expirera à la fin du mois en cours, prévus les 10, 17 et 27 octobre, selon l'agenda des sessions du Conseil de sécurité de l'ONU du mois d'octobre. Le Conseil de sécurité aborde ainsi ce dossier moins de trois mois après une première tournée effectuée dans la région par l'envoyé spécial du SG de l'ONU, Staffan de Mistura, qui devrait intervenir devant les membres du Conseil et livrer un témoignage sur la situation. Va-t-il, en cette occasion, se défaire de toute sa discrétion diplomatique et être plus précis dans ses propos sur la situation qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara occidental ou va-t-il seulement plaider la prolongation de la mission de la MINURSO pour se donner du temps, afin de se faire une idée globale et tenter de sortir ce dossier du dessous des sables ?