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Développement du tourisme: Les voyagistes pointent les insuffisances

par Abdelkrim Zerzouri

  Toutes les voies du développement du tourisme passent par les voyagistes. Aucune politique, aussi bien conçue soit-elle, ne peut donner une forte impulsion au tourisme sans une implication totale des professionnels du secteur, en tant qu'acteurs principaux dans cette pièce. C'est l'avis largement partagé par les voyagistes, qui restent en mode attente de ce qui sera décidé par les pouvoirs publics dans ce contexte. On ne peut rien faire, rien entreprendre, en dehors de la législation en vigueur, et c'est au niveau des textes de lois qu'on se trouve pieds et poings liés, admettent les voyagistes que nous avons interrogés au sujet des efforts déployés par les autorités publiques dans le cadre du développement du tourisme algérien. La volonté existe, personne ne peut dire le contraire, le ministre du Tourisme lui-même a récemment reconnu qu'il est nécessaire de revoir cette législation, mais la démarche globale semble très lente dans son action, parfois pas très précise dans ses contours.

Dans ce sillage, on relève la problématique du change, à laquelle se trouve confrontée toute agence de tourisme quand elle arrive à ramener des touristes étrangers. «Il est encore caché, mais le problème de la législation du change doit être clairement énoncé pour les professionnels du secteur, afin de leur éviter ainsi qu'aux touristes étrangers de recourir au marché noir des devises, une pratique largement répandue à cause de l'absence de visibilité sur ce registre», nous a-t-on confié. En donnant l'exemple d'un touriste étranger qui arrive au pays, change au niveau de la banque une somme d'argent en devise contre des dinars, mais il ne pourra pas échanger en devises les dinars qui lui resteraient à l'issue de son séjour au niveau de la banque. Même pour les agences de tourisme, il est crucial de leur faciliter le mouvement des capitaux en devises, vu leur activité à l'international. «C'est comme si on ne sait pas exactement ce qu'il y a lieu de faire pour transformer ce secteur en une autre locomotive de l'économie nationale, en parallèle aux hydrocarbures et à l'agriculture», a-t-on considéré.

Selon nos interlocuteurs qu'on a pu joindre alors qu'ils se trouvaient au 21e Salon international du tourisme et des voyages (SITEV), qui se tient à Alger du jeudi 29 septembre au dimanche 2 octobre, après une absence de 2 ans du fait du Covid-19, le Premier ministre qui a, lors de l'inauguration de ce Salon, appelé les agences de tourisme à concourir sérieusement à la promotion de la destination Algérie serait bien avisé également de prendre en considération les appels et les attentes des professionnels du secteur.

Un espoir pour attirer les IDE dans le secteur du tourisme

«On sait pertinemment que le secteur du tourisme a été durement impacté par la crise sanitaire, de nombreuses agences de tourisme ont mis la clé sous le paillasson, d'autres maintiennent le cap difficilement grâce à quelques activités qui peuvent assurer le minimum, et il serait dans ce sens très appréciable de se pencher sur les problèmes que rencontrent les professionnels sur le terrain», lancent nos interlocuteurs comme un cri de détresse. Sur un autre plan, le Premier ministre qui a appelé la compagnie aérienne nationale à accompagner les efforts déployés pour développer le secteur du tourisme en Algérie par l'augmentation des lignes et des vols vers différents pays du monde et la fourniture de prestations de qualité à des prix compétitifs, devrait également aider les professionnels du secteur, en matière de législation, pour avoir la possibilité de louer des avions et se charger eux-mêmes du transport des touristes étrangers, à partir des leurs pays de résidence et dans leurs déplacements à l'intérieur du pays. Un autre voyagiste insistera dans ce chapitre sur la création des compagnies aériennes privées, qui peuvent vraiment donner un plus à la destination Algérie. Lors d'un récent Conseil des ministres, le président de la République a donné instruction au ministre des Transports concernant la délivrance des agréments aux nouvelles compagnies aériennes et maritimes, ainsi que le renforcement de la flotte des compagnies Air Algérie et Algérie Ferries.

Pour le renforcement de la flotte, on voit bien qu'il y a eu déclic avec le lancement d'un avis d'appel d'offres international, mais pour les agréments des nouvelles compagnies aériennes et maritimes, rien de concret. Ce qui renforce le scepticisme des voyagistes sur ce registre du transport aérien, car la compagnie aérienne nationale ne pourra jamais à elle seule satisfaire toute la demande, soutient-on. «Et puis, la concurrence apportera forcément, sans avoir à solliciter qui que ce soit, une amélioration des prestations et des prix», estime-t-on. Quant à l'autre dimension porteuse d'espoir, il existe maintenant, avec la nouvelle loi sur les investissements, de réelles possibilités d'attirer plus d'investissements directs étrangers (IDE), pour créer de la valeur ajoutée et de l'emploi. L'investissement étranger dans le tourisme est non seulement capital pour la destination Algérie, mais également un plus pour le transfert du savoir-faire dans ce domaine, qui nous manque affreusement.