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L'école, le nombre et la qualité

par Abdou BENABBOU

Avec la nouvelle rentrée scolaire, la pratique des cours de rattrapage privés pour les collégiens et les lycéens se généralise et prend une allure presque sidérante. Des familles de plus en plus nombreuses ne lésinent plus à se serrer la ceinture, jusqu'à sérieusement rogner sur leurs nourritures, pour que leurs enfants puissent bénéficier de cours de rattrapage. L'insidieux dans ce phénomène aux proportions larges est que ses nombreuses causes sont complexes et ne sont pas simples à démystifier.

La scolarité pour tous est un droit et un devoir en même temps. L'école algérienne a eu cette année l'obligation de prendre en charge plus de onze millions d'enfants. La mission est colossale car elle doit faire face à un lourd condensé de prises en charge qui incombent à la responsabilité de l'Etat où disponibilité d'infrastructures et personnel enseignant avec ses tracasseries salariales, inflation et coût de la vie et tout le reste d'une existence difficile sont entremêlés pour que savoir où donner de la tête est une épreuve compliquée.

Il est trop aisé et probablement injuste d'incriminer les enseignants de plus en plus nombreux qui adhèrent à la pratique des cours particuliers payants. Gérer une classe publique de quarante élèves n'a jamais été une sinécure. Un tel nombre ne peut concourir qu'à un désapprentissage assuré. Mais ce n'est pas là l'excuse fondamentale qui les autorise à convertir leurs garages familiaux en lieux de compléments de savoir. Une foule d'impondérables, les uns objectifs, d'autres subjectifs tendent à installer deux enseignements parallèles pour que l'école privée devienne aujourd'hui une donnée imparable.

L'Etat et son école publique, au nom d'une justice sociale et de l'ancrage d'une politique franchement égalitaire ne peuvent pas non plus renier leur engagement vis-à-vis d'une génération en devenir. Mais l'équilibre dans une telle noble démarche, en plus des budgets faramineux qui lui sont accordés, n'est jamais garanti et assuré entre la qualité de l'enseignement scolaire et les norias successives des enfants à scolariser.