Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Discordances

par Abdou BENABBOU

Gros dossier que celui de la formation professionnelle aujourd'hui sur le dos du gouvernement ! Le sempiternel sujet est à la vérité la préoccupation essentielle pour la plupart des Etats car l'on revient peu à peu à une donnée naturelle qui veut que l'on ne peut se nourrir que par ce que l'on sème et qu'il n'est plus normal que l'on attende que la subsistance tombe du ciel. Cet axiome d'une actualité brûlante en ce moment a toujours embêté tous les pays pris en étau entre la nécessité de s'attaquer au chômage et la réalité du monde du travail, les enjoignant à articuler moult recettes politiques pour éteindre un véritable feu social.

L'état mondial actuel n'offre plus que l'urgence des retouches et des démarches précipitées, la plupart à courte vue, aux Etats pour tenter de tempérer la désespérance sinon le désarroi des populations face à des existences en déperdition. L'Algérie n'échappe pas à ce piège. Pays jeune, peuplé par une jeunesse majoritaire, à peine sorti de plusieurs décennies sombres est dans l'obligation d'affronter des crises multiformes nouvelles. Le chômage des jeunes est au cœur de ses nombreux dilemmes. Les soutiens à l'emploi n'ont pas manqué, et pour ce faire des budgets colossaux ont été engagés. Mais les résultats escomptés n'ont pas été au niveau attendu. La discordance entre la pauvreté du savoir-faire professionnel et le monde du travail a tracé deux parallèles injoignables. Si le large moule de l'école, de l'éducation et de la formation n'a pas été ancré dans le réel d'un monde en permanente compétition, les différents gouvernements qui ont présidé à la destinée du pays sont certainement en partie en cause. Ils ne sont pas les seuls à en assumer toute la responsabilité. L'état d'esprit, une facette d'une culture nationale, les dominantes rentières nées d'orientations politiques sociales discutables ont forgé un profil d'Algériens figés dans l'attente des distributions de l'Etat providentiel.

Le délicat problème aujourd'hui est de trouver la posologie indispensable pour mettre en harmonie les mondes du travail et avec la formation. L'exercice est ardu, car si la disponibilité humaine, notamment la jeunesse, est assurée, le réservoir productif est trop réduit par les effarantes crises mondiales.

Insuffler une réelle dynamique au secteur productif est absolument indispensable pour lui permettre de s'intégrer dans une politique de formation professionnelle. Ce n'est qu'à ce titre que les nouvelles modalités relatives à la prime au chômage initiées par le gouvernement seront efficaces. Il est vrai que l'énoncé de l'équation est aisé, mais que sa résolution cependant serait laborieuse.

Depuis toujours la formation et le savoir-faire ont été le principal socle du développement et du progrès.