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L'ONU face à la grande urgence

par Abdou BENABBOU

Depuis hier, 150 chefs d'Etat défilent à la tribune des Nations Unies dans le cadre de la 77ème session de son Assemblée générale. Elle se tient dans un contexte particulier dans un monde atterré par une multitude de crises profondes embarrassant une organisation mondiale n'étant pas au bout de sa peine, ne sachant plus ordonner les priorités. Il devient alors fort à craindre que le défilé des acteurs politiques à la tribune, comme à l'accoutumée, ne soit qu'une estrade théâtrale offrant une escalade verbale des orateurs, tous convaincus que leurs doléances et leurs recommandations ont peu de chance d'être concrétisées.

Si une majorité des membres a consenti une faveur au seul président ukrainien d'intervenir par vidéoconférence à partir de Kiev, l'entorse permise n'a pas empêché dans les couloirs de l'institution des moues manifestes pour dénoncer l'orientation réductrice et prononcée des travaux sur le conflit ukrainien. Les représentants des Etats du monde non occidental ne tiennent pas à ce que les travaux de l'Assemblée générale s'investissent en tribunal en se focalisant sur des aspects limités des crises multiples qui secouent le monde.

L'ONU se réunit au moment où un être humain meurt de faim dans le monde toutes les quatre secondes. La famine et la misère s'étendent et se déploient n'épargnant aucune contrée terrestre y compris chez les puissances qui présentent des vitrines d'aisance. Contrairement aux apparences, là aussi des populations farfouillent dans les poubelles pour se nourrir de restes. On n'en est plus à tenter de préserver la terre sous prétexte d'un réchauffement et d'un dérèglement climatiques. L'urgence maintenant oblige à sauver l'espèce humaine. Bien plus que la focalisation sur le climat et une lutte contre ses effets qui exigera une étendue dans le temps pour sa réussite, il s'agit d'abord de sauver l'homme contre lui-même.

Que le Russe Poutine et que le Chinois Xi Jinping soient absents à la réunion mondiale de cette semaine démontre une fracture significative entre les Etats qui régissent l'évolution du monde. Elle justifie l'agacement de la plupart des chefs d'Etat présents ne prêtant qu'une disponibilité calculée pour se laisser entraîner dans les grandes duperies habituelles. Ils sont dans leur majorité venus avec la crainte de ne brasser que du vent.