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Reconnaissance et mémoire

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Abdelmadjid Tebboune, président de la République, chef suprême des Forces armées et ministre de la Défense nationale, a présidé, jeudi 4 août, une cérémonie en l'honneur des retraités de l'Armée nationale populaire (ANP), à l'occasion de la Journée nationale de l'ANP.

Le chef de l'Etat a honoré et exprimé la reconnaissance de la nation , entre autres, envers de nombreux hauts gradés de l'armée en activité ou à la retraite (dont l'ancien président Liamine Zeroual, le général de corps d'armée à la retraite Mohamed Mediene dit Toufik, l'ancien ministre de la Défense nationale Khaled Nezzar, le général major Hocine Benhadid, le général-major Mohamed Betchine, le général Abdelmadjid Cherif et le général Salim Sadi, membre de l'ALN et ancien commandant d'une région militaire). Voilà donc des gestes louables qui montrent qu'il est apparu absolument nécessaire et même urgent, pour l'Etat d'une façon générale et l'Armée de façon particulière, de « rendre à César ce qui appartient à César », ceci dit en dehors de toutes les mésaventures connues par les uns et les autres. Reconnaître publiquement et solennellement la valeur et/ou les réussites d'anciens décideurs ou même de simples citoyens aurait dû ou devrait devenir un acte régulièrement accompli. Cela ne peut qu'encourager tous les autres, où qu'ils soient, à suivre l'exemple mis en exergue.

Pour ma part, en tant que simple citoyen, en dehors de toute la considération et/ou l'estime portée aux personnes citées ci-dessus, l'exemple le plus parlant est celui du Commandant Hamza Chabane, chef de la section des Commandos qui sont intervenus lors de la prise d'otages, par des terroristes islamistes, dans le Complexe gazier de Tiguentourine, en janvier 2013. Car, il représente, avec ses hommes, les actes concrets et sauveurs grâce à la présence et au courage sur les terrains. Il y a aussi tous ceux qui n'occupent pas ou n'ont jamais occupé les « Unes » de la presse ou les sièges des plateaux de télévision, bref les anonymes, qui font notre vraie vie ou qui lui permettent de continuer à croître sans trop de dégâts. Ce sont donc, en premier lieu, les agents de la Sécurité (militaires, policiers, pompiers, gardes-forestiers, douaniers).

Viennent aussi tous ceux qui, par leurs idées (en dehors des politiciens et des hauts fonctionnaires, trop occupés par la gestion de leur carrière), leurs écrits et leurs actes faits de sagesse et d'innovations idéelles, font progresser la société. Viennent aussi les simples citoyens ayant fait preuve de courage et d'abnégation lors de catastrophes (inondations, séismes, incendies?). Bref, tout un monde jusqu'ici ignoré par un « système » égocentrique se suffisant de l'auto-récompense ou oubliant de récompenser (pas en termes financiers!), par une reconnaissance publique, pourquoi pas inscrite dans la pierre et le marbre de la durée, les meilleurs des serviteurs non pas de l'Etat mais de la société tout entière.

Ce qui a été fait pour le Commandant Hamza et ses hommes et, aussi, récemment, pour la jeune cheffe scoute Dounia Bouhalassa (qui a contribué au sauvetage de dizaines d' enfants scouts qui visitaient le Parc zoologique de Brabtia (El-Tarf), alors ravagé par les feux) est, peut-être, le début d'une autre façon de voir et de juger la société « d'en bas », en ne se contentant pas de la caresser dans le sens des poils, et/ou d'attendre l'intervention du Chef de l'Etat, mais en reconnaissant la valeur humaine des individus sur le terrain et en actes.