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L'eau et l'exigence de prosternation

par Abdou BENABBOU

Rarement mise au devant de l'actualité, l'eau a toujours été pour de nombreux pays au centre des principales préoccupations. Des conflits sourds entre l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie par lesquels transite le Nil ont été révélés sans atteindre des dépassements notables, de même les eaux de l'Euphrate ont de tout temps suggéré des bras de fer et des tensions entre l'Irak, la Syrie, la Turquie et le bellicisme israélien a indéfiniment plané sur le sujet car l'Etat sioniste en a fait une arme de survie.

L'eau, première source de vie, a toujours été un élément de discorde entre les hommes que ce soit pour l'irrigation des lopins de terre réduits ou pour étancher les soifs de territoires entiers. Installée dans la durée, la sécheresse mondiale exceptionnelle actuelle met à l'ordre du jour un fabuleux problème annonçant d'ores et déjà le déclassement des primautés accordées aux différentes et fondamentales sources des énergies d'aujourd'hui. Tout émanant de l'or bleu, entre le gaz, le pétrole, le blé et l'eau, objets de tiraillements planétaires et nerfs des guerres, le choix va vite être fait. Jamais l'eau n'avait exigé pour elle une idolâtrie et sa sollicitude pressante est en passe de dépasser celle du pétrole.

Il n'est plus seulement question de se conformer aux vicissitudes habituelles du monde agricole. Mais il s'agit maintenant d'une ressource vitale pour l'Homme.

Que la verte Grande-Bretagne s'interdise de choyer le gazon de ses résidences qui sont en passe de perdre le verdoyant de leurs visages ou que les agriculteurs de toute l'Europe soient astreints à se prosterner devant la providence au même titre que les paysans du Niger est un coup de semonce pour annoncer une nouvelle inévitable perturbation mondiale. L'étalement de l'aridité des terres et l'implacable exceptionnelle sécheresse désintégrant l'ordre des hémisphères va créer une immense brèche pour des conflits mondiaux nouveaux. Il est douteux que les puissances restent les bras croisés face à la soif, et la tentation de rééditer par tous les moyens la mainmise sur l'eau va devenir à fleur de peau.