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Ressources en eau: Pour une révision de la tarification pour les gros consommateurs

par R. N.

Selon Ahmed Kettab, consultant et expert international dans le domaine hydraulique, il y a nécessité de revoir la tarification de l'eau pour certaines catégories d'usagers et de créer un Conseil national de la sécurité hydrique.

Invité à la Radio nationale Chaine 3, Ahmed Kettab estime que vu l'irrégularité des précipitations «nous devons assurer notre sécurité hydrique à l'horizon 2030-2050». «Pour cela, il faut revoir toutes les stratégies qui ont été adoptées jusqu'ici pour voir tout ce qu'il faut faire à l'avenir», dit-il.

L'intervenant invite à mener une réflexion sur les ressources hydriques en Algérie, d'impliquer des experts du secteur et de «créer un Conseil national de la sécurité hydrique pour apporter des solutions à cette stratégie de l'eau, à l'horizon 2030-2050».

«Nous avons 80 barrages dont 75 en fonctionnement qui contiennent jusqu'à 9 milliards de m³. Mais en réalité, il y a à peine 3 milliards de m³ dans ces barrages. Ne pouvant plus compter sur ces ouvrages, il faut essayer de passer à d'autres phases. Parmi ces phases, il faut exploiter les eaux souterraines, du Sud et du Nord, de façon rationnelle et avec un bon management. Si cela ne suffit pas, il faut traiter les 80% d'eaux usées rejetées pour les réutiliser dans l'industrie, l'irrigation... etc.», ajoute encore M. Kettab.

Autre phase citée par l'intervenant, le recours au dessalement, compte tenu des avantages de l'Algérie de «disposer de plus de 1.600 km de côtes» et que «80% de la population réside dans un rayon de 200 km de la mer».

Selon lui, les réflexions menées concernant le secteur de l'eau restent «insuffisantes». Il estime que les ?think tanks' existant n'apportent pas de solutions suffisantes et durables, appelant à recourir aux experts pour la création d'un Conseil national de la sécurité hydrique, dépendant de la présidence de la République.

L'expert note, par ailleurs, que la ressource hydrique « n'est pas uniquement l'affaire du secteur de l'eau, mais celle de l'agriculture, de l'industrie et de l'énergie. » C'est pour cette raison, poursuit-il, qu'il faut diversifier les expériences et impliquer même les citoyens. Un travail de sensibilisation est aussi «nécessaire» estime l'intervenant. Ainsi, outre un travail de réflexion mené par des experts du secteur de l'eau, et des solutions proposées, la sensibilisation pour la préservation de l'eau doit être la priorité des organes de la presse et des mosquées. Pour cela, « il n'y a pas mieux que la presse et les mosquées pour sensibiliser les citoyens. Dans chaque commune d'Algérie, il y a, à peu près, une dizaine de mosquées. Si nous arrivons à sensibiliser les citoyens à travers les imams nous obtiendrons un bon résultat», suggère-t-il.

Abordant la question de la tarification de l'eau, M. Kettab regrette le manque d'informations à ce sujet. « Les études sur ce point enregistrent un manque flagrant », dit-il, précisant qu'il existe un décalage en termes de consommation parmi la population. « Un mètre-cube est facturé à 6 dinars aux stations de lavage automobiles. Si le propriétaire utilise 200 litres pour laver 6 voitures, il gagne jusqu'à 6.000 dinars. Même si nous lui augmentons le prix de l'eau, il assurera toujours son gain », explique-t-il. Sur cet aspect, M. Ahmed Kessab préconise d'augmenter les tarifications pour les grands consommateurs, et de la réduire aux citoyens aux faibles revenus.