L'explosion populaire actuelle au Sri Lanka est, à bien observer, révélatrice d'un drame plus général qui n'épargnera pas la sérénité de la majorité des peuples. Les Sri-Lankais dont on entendait rarement parler se sont soulevés en incendiant les apparats institutionnels d'un Etat muet et discret et qui ne laissait entrevoir que des figures de cartes postales pour laisser croire que le pays était un paradis. On savait cependant qu'il figurait parmi les plus pauvres du monde et il était dit qu'il manquait de tout.

Le cas à l'évidence n'est pas isolé. Une famine qui ne dit pas encore son nom plane sur la tête de la majorité des peuples et semble se généraliser pour que le leitmotiv de la démocratie soit trituré à toutes les sauces. Mais la démocratie ne se mange pas en sandwich et on ne sait plus si elle doit être une amorce ou une finalité. Partout le mot d'ordre est au pouvoir d'achat quand il n'est pas à la réclamation d'eau et de pain. On voit mal comment les forces politiques en exercice dans chaque pays pourraient apporter dans l'immédiateté des solutions aux râles forcés et à la désespérance de leurs administrés. L'interdépendance des peuples et des économies aujourd'hui fortement liée n'autorise pas l'aisance de la prise en charge des populations.

Certains, peu nombreux, s'en tirent pour le moment à bon compte, mais les désormais huit milliards d'êtres humains que porte la Terre ne sont pas rassurés par les pénibles perspectives que leur offre l'avenir. On a la nette impression que l'humanité entière est égarée. L'avidité outrancière des puissances l'a obligée d'emprunter une fausse route. Les crises incessantes et les colères de plus en plus fortes de la nature ont couronné le tout.

Le peuple sri-lankais insurgé, en occupant le palais présidentiel, doit se demander quoi faire maintenant. A bien des égards, il lui faudra du temps pour que la revendication d'une justice et d'une démocratie ne soit plus seulement empreinte de théorie.