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Course sur deux pistes

par Abdelkrim Zerzouri

La grâce amnistiante décrétée par le Président Tebboune, à la veille de la célébration du 60ème anniversaire du recouvrement de l'indépendance, s'inscrit en droite ligne de l'initiative politique de «rassemblement», dans une approche qui vise à renforcer le front interne face aux nombreux défis internes et externes qui se dressent sur le chemin de la stabilité du pays et son développement économique. Cette grâce présidentielle va marquer l'histoire, non pas à cause du nombre touché par les mesures en question, qui a concerné près de 15.000 détenus, touchés par une remise des peines pour certains et la libération pour d'autres, mais parce que cette décision est accompagnée par une plus grande vision. Dans le communiqué de la présidence annonçant la signature des décrets portant mesures de grâce à l'occasion du 60e anniversaire de la fête de l'Indépendance et de la Jeunesse, rendu public le 4 juillet, il a été indiqué que «dans le cadre des mesures prises par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à travers les consultations avec les représentants des partis politiques et de la société civile, une loi spéciale est actuellement en cours d'élaboration au profit des détenus condamnés définitivement, et ce, en prolongement des lois sur la Rahma et la concorde civile». Tout le monde serait concerné par les dispositions de cette loi spéciale, sauf ceux qui ont entièrement coupé les cordes avec l'Algérie. Au même titre de l'assèchement des maquis et le retour à la paix sociale, en accordant la repentance, dans le cadre des deux lois en question, à des milliers de terroristes qui n'ont pas les mains tachées de sang à travers les dispositions de la loi de la Rahma et la concorde civile, on cherche avec cette loi spéciale à couper les liens entre les dirigeants de mouvements foncièrement hostiles à l'Algérie et leurs bases, souvent constituées de personnes animées de bonnes intentions mais exploitées dans des projets qui portent atteinte à la stabilité du pays, pour le moins qu'on puisse dire. Vraisemblablement, avec l'engagement concret de ces mesures d'apaisement, réclamées par l'opposition comme préalable au «rassemblement» prôné par le président de la République, tout se met en place pour le grand «rassemblement» sous le même idéal, la protection du pays des menaces extérieures et le développement économique. Le président Tebboune, engagé presque dans une même course sur deux pistes, en voulant rassembler tous les pays arabes, lors du Sommet d'Alger, prévu les 1er et 2 novembre prochains, est-il en passe de réussir la prouesse de former, avant ce rendez-vous, un front intérieur uni ?