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L'Algérie pouvait-elle mieux faire ?

par Amine Bouali

L'Algérie, c'est incontestable, n'est pas un pays quelconque du tiers-monde ou, comme on disait naguère, un pays en voie de développement ordinaire. Elle peut s'enorgueillir à raison de sa riche histoire, de sa glorieuse guerre de Libération, de la valeur de ses grands hommes.

Depuis 1962, elle a connu de bons et de mauvais moments, elle a traversé des épreuves et des épisodes d'exaltation, elle a vécu des drames et engrangé des motifs de fierté. Mais la question lancinante que les Algériens, dans leur ensemble, devraient se poser, de manière lucide et honnête, est de savoir si leur pays ne pouvait pas faire mieux (et même davantage !) que ce qu'il a accompli à ce jour, en six décennies d'Indépendance, et si par voie de conséquence, eux-mêmes (citoyens et dirigeants successifs) n'ont pas failli ou démérité, quelque part un tant soit peu, même si c'est sur des plans et à des degrés différents ?

Non, ce n'est pas commettre un crime de lèse-majesté, ce n'est pas être injuste envers quiconque et ce n'est pas faire preuve de masochisme que de reconnaître que nous Algériens, aussi bien responsables que citoyens de ce pays au long cours, nous n'avons pas toujours été à la hauteur des défis qui se sont imposés à nous, nous n'avons pas toujours été irréprochables et vertueux, qu'il nous est arrivés de manquer de perspicacité et de sagesse, que nous avons malheureusement raté des occasions, gaspillé des chances, récidivé des erreurs, que nous avons parfois lésiné sur nos efforts et nos sacrifices pour que puisse se concrétiser véritablement et dans sa plénitude la belle promesse algérienne, celle qui a fait, jadis, l'admiration de nombreux peuples de la planète. Lorsqu'on aime son pays, on lui souhaite le meilleur, et on se comporte avec lui exactement comme se conduirait un père attentionné avec son enfant : on l'entoure d'amour et de protection, tout en restant exigeant avec lui. On rêve pour lui de belles moissons, de grandes réalisations, d'irrésistibles succès, et on ne supporte pas tout ce qui peut l'enlaidir, freiner son élan, contrarier ses ambitions.

Notre propos ici n'est pas de nous adonner à un exercice d'auto-dénigrement vain et destructeur, mais plutôt d'inviter, en toute modestie, à entreprendre un travail de vérité sur nous-mêmes, d'une façon objective et sans complaisance, afin de poser les véritables bases de refondation de cette Algérie nouvelle en gestation - une Algérie probe, avisée et travailleuse- que nous appelons tous de nos vœux.