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Sécurité énergétique: Plaidoyer pour une production intensive d'énergie renouvelable

par M. Aziza

Le ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables (MTEER), Benattou Ziane, a affirmé, hier, que son département est en train de préparer, dans le cadre du plan d'action du gouvernement, intitulé «Le secteur de l'énergie, pour une transition réussie et une meilleure sécurité énergétique», une loi sur la transition énergétique. Une loi qui encadre le nouveau modèle énergétique qui s'oriente vers un mix énergétique équilibré dans les perspectives 2030. Intervenant, lors de la présentation d'une étude sur les enjeux de la sécurité énergétique, initiée par la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), à l'hôtel Marriott, Alger, le ministre a cité les axes stratégiques du plan du gouvernement, relatif à la transition énergétique.

Entre autres, un programme national intensif d'énergies renouvelables, un programme multisectoriel fondé sur l'économie de consommation d'énergie et l'efficacité énergétique et un ambitieux programme national de production d'hydrogène vert. L'ex-ministre de l'Energie et ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a plaidé quant à lui pour l'élaboration d'une loi régissant les énergies renouvelables à l'image de la loi sur les hydrocarbures.

M. Attar a également recommandé, lors de la présentation de l'étude, de revoir complètement notre modèle de consommation énergétique «qui s'avère très vulnérable». Notamment, face à la conjoncture économique et énergétique mondiale. Il a également plaidé pour un programme plus ambitieux dans les renouvelables. En précisant que les 15.000 MW d'électricité que l'Algérie ambitionne de produire à l'horizon 2035, dans le cadre des investissements dans les énergies renouvelables «sont insuffisants». Selon lui, l'Algérie risque de connaître d'ici 2028 un point de rupture, en raison de la vulnérabilité de notre modèle de consommation énergétique.

Car la consommation locale, en l'absence de mécanismes susceptibles de modifier les besoins et les règles de consommations, épuise d'une année à une autre nos ressources. Il tire la sonnette d'alarme, affirmant que selon les pronostics qui sont basés sur des chiffres et des statistiques officiels, le marché local consommera d'ici 2035, 80% de gaz naturel produit, donc, on n'aura la possibilité d'exporter que 20% de notre production. Idem pour les hydrocarbures, l'Algérie n'exportera que 10% de la ressource d'ici 2030, car le reste sera consacré à la consommation locale.

Sauf, dit-il, si les pouvoirs publics décident de s'engager dans des programmes d'investissement ambitieux dans les renouvelables, dans le cadre d'un processus de développement économique à caractère durable. Et de plaider, encore une fois, pour l'exploitation du gaz de schiste si c'est nécessaire pour combler à la fois les besoins intérieurs au-delà de 2030 et assurer les exportations susceptibles de connaître une baisse d'ici cette date». L'ex-ministre de l'Energie relativise cependant en affirmant que l'Algérie dispose de réserves en matière d'hydrocarbures conventionnels.

Selon des données et des publications datant de 2015, l'Algérie dispose selon un chiffre global de 4,2 milliards de tonnes équivalent pétrole (TEP). Dont, précise-t-on, dans l'étude, 1,7 milliard de TEP prouvées en hydrocarbures liquides y compris les réserves probables et possibles non encore développées. Et 2,5 milliards de TEP prouvées en gaz naturel et GPL, y compris les réserves probables et possibles non encore développées. Mais, M. Attar a tenu à préciser qu'il serait beaucoup plus préférable et judicieux d'investir dans les projets qui assurent la transition énergétique que dans les réserves.

En insistant sur la nécessité d'asseoir une politique de conservation des gisements à travers une loi protectrice de ces derniers. L'ex-ministre a recommandé le recours, par ailleurs, à l'ajustement graduel de prix de l'électricité et de gaz naturels et du carburant.

En précisant que l'augmentation du coût du carburant entre 2015 et 2020 a entraîné une baisse de consommation de 13% de carburants durant l'année 2020. M. Attar a également plaidé pour le ciblage des subventions. En évoquant la nécessité d'encourager le solaire décentralisé par l'installation de kits d'énergie renouvelables individuels. Il conclut : «On ne doit pas seulement assurer notre sécurité énergétique, mais on doit aussi assurer notre indépendance énergétique».