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La large pandémie aux multiples visages

par Abdou BENABBOU

Il serait une erreur que de croire que le Covid dans ses variantes n'est plus qu'une vieille histoire. Le comportement de la population aujourd'hui est caractérisé par une inconscience généralisée comme si l'épidémie n'était qu'une plaisanterie et que l'ensemble des préventions adoptées dans un passé récent n'étaient que duperie. Pourtant, bien que les bilans quotidiens du ministère de la Santé soient très rassurants, le corona est toujours présent et de nouveaux cas de contamination sont régulièrement signalés. La situation n'est cependant pas dramatique et il est à reconnaître que les efforts de l'Etat dans ce domaine précis ont été à la hauteur d'un mal qui a bouleversé le monde entier.

Il est certain que le virus s'est inscrit dans la durée et il devient de plus en plus évident que la compréhension que la population retient de la pandémie a une signification restrictive car les problèmes de la santé mondiale tendent à dépasser l'entendement. Le coronavirus n'est pas un mal isolé et il est certain que la pandémie a de multiples visages, la plupart invisibles au point où la comptabilité morbide mondiale n'a plus de limites. Les pays riches comme ceux pauvres ne sont pas épargnés. Quand on découvre qu'un hôpital hollandais, le plus huppé et le plus moderne du monde est infesté de virus tapis dans le magnifique jardin fleuri censé l'orner, on doit comprendre la profondeur du mal et se rendre compte des facettes maléfiques de ce qu'on entend par pandémie. Aussi quand on apprend que des médicaments produits pour garantir des guérisons sont paradoxalement eux-mêmes des acteurs de la mort et que les grands laboratoires de recherche adoptent des statuts de fossoyeurs, l'éberluement devient de circonstance.

Malheureusement, les précautions primaires et élémentaires comme la distanciation physique ne suffisent plus face au magma des maux mortels qui menacent en permanence l'humanité entière. Les ennemis pervers et invisibles qui font des millions de morts ne se promènent pas seulement dans l'air. Ils sont dans les mauvais plis de l'existence et dans la culture dite moderne de la consommation.

Le pari et le grand défi qui se posent à la société algérienne sont dans une large hygiène à toute épreuve. Le problème est de savoir d'abord si elle est bien informée et si elle dispose de la conscience et de l'intelligence nécessaires pour y faire face.