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L'OMS ET LE MILLIARD DE CAS DE TROUBLES MENTAUX

par Abdou BENABBOU

Dans son rapport sur la santé mondiale, rendu public vendredi, l'OMS fait un constat pointu mais non surprenant sur l'actuelle santé mentale de la population du monde. Aussi alarmant qu'il soit, le rapport n'est pas surprenant, car, quand on observe la désarticulation existentielle de l'espèce humaine aujourd'hui, il est patent de constater de plus en plus de dérèglements dans les comportements humains. Si la pandémie a eu des incidences néfastes sur les vivants, elle n'en est pas la cause principale et n'a fait qu'amplifier les dérèglements mentaux. Le rapport de l'OMS indique qu'avant même l'apparition du Covid, un milliard d'êtres humains étaient victimes de troubles mentaux.

Il n'est nullement question bien sûr d'êtres en liberté dans la nature portant sifflets à la bouche et entonnoirs sur la tête, mais d'une véritable souffrance humaine de plus en plus manifeste alimentée par la malvie d'une population qui a perdu les ressorts nécessaires et indispensables à la stabilisation de son existence. En se répétant et en s'installant dans la durée, les crises économiques mondiales ont enfanté des tares sociales planétaires pour brouiller parfois la personnalisation de l'humain. Il est ridicule et mal venu, en effet, d'attendre d'un chômeur qu'il ait un comportement normal dans la vie quotidienne quand il est dans l'impossibilité de nourrir ses enfants.

Le modernisme, les immenses avancées technologiques, tout en imprimant le progrès, ont aussi distillé des entorses aux anciennes normes de vie auxquelles les sociétés humaines ont eu du mal à s'adapter. Toutes n'ont pas eu la chance et la latitude de faire face aux nouvelles exigences que les temps modernes ont imposées. La complexité des partages des espaces et des richesses, y compris dans le cercle réduit des familles, a grandement terni le profil et la consistance des êtres pour que leurs évolutions avec la marche du monde soient dénaturées et forcées d'aller rejoindre les limites discrètes de la folie.

Piètres psychologues et mauvais psychanalystes, les politiques de tout bord ont rarement trouvé un remède à cette grande maladie du siècle.