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Un problème majeur de santé publique: Appel à institutionnaliser la lutte contre le tabagisme

par A. Zerzouri

Qu'est-ce qu'on n'a pas fait ou tenté en matière de lutte contre le tabagisme ? Les fumeurs regardent à peine les mises en garde portées sur les paquets de cigarettes, qui soulignent en gras que « Fumer tue ! », ou que le « Le tabac provoque le cancer », ainsi que « les maladies respiratoires, cardiaques, pulmonaires... ». Des campagnes de sensibilisation sur les dangers du tabagisme, on en a vu de toutes les qualités, mais qui restent, malheureusement, sans grand effet sur les fumeurs.

Pour les spécialistes, l'innovation et l'élargissement des acteurs intervenants sur ce registre de la lutte contre le tabagisme sont d'une nécessité impérative.

Comme le recommande le Pr Noureddine Zidouni, chef de service pneumologie à l'hôpital de Béni Messous, il faut « sortir de la culture des commémorations des dates et des journées mondiales et institutionnaliser la lutte contre ce fléau ». Lors de son intervention dans l'émission l'Invité de la radio chaîne 3 de la Radio algérienne, hier, date coïncidant avec la célébration de la Journée mondiale sans tabac (le 31 mai), le Pr Noureddine Zidouni soutiendra dans ce sens que « le tabagisme est un problème majeur de santé publique ». Longtemps livrée aux professionnels de la santé, « la lutte contre le tabagisme doit être élargie à tous les secteurs », préconise le Pr Noureddine Zidouni, précisant que «nous (les professionnels de la santé) ne luttons pas uniquement contre les maladies que provoque la consommation du tabac, mais contre un comportement social néfaste, d'où la nécessité d'impliquer des sociologues et des anthropologues». La lutte contre le tabac s'est retirée des structures de santé pendant la crise pandémique, il est temps, selon le spécialiste, que les comités nationaux de lutte contre la consommation de la cigarette reprennent leurs activités, en partenariat avec la société civile. De nombreuses enquêtes ont démontré que la consommation de la cigarette chez la population juvénile ne cesse d'augmenter, relève ce spécialiste. Selon des statistiques communiquées par le ministère de la Santé, 16% des personnes parmi la catégorie d'âge allant entre 18 et 65 ans s'adonnent au tabagisme, tandis que 8% des personnes de cette catégorie consomment la chique, a-t-il encore fait savoir.

Et c'est à l'âge de 45 ans que la conscience du sevrage s'installe chez les fumeurs, « ce qui est déjà trop tard, vu que l'individu en question est déjà atteint d'une maladie respiratoire ou d'un cancer », regrette le président du Comité intersectoriel de lutte contre le tabagisme, qui alerte contre la première tentative de fumer : « Il faut à tout prix éviter la première cigarette ». Selon le pneumologue, le médecin agit aujourd'hui pour corriger les dégâts de la consommation du tabac, à l'origine de 25 types de cancers, en sus des maladies cardiovasculaires, de l'hypertension et du diabète. « Mais, non pas pour faire éviter aux jeunes la première cigarette», soutient encore le Pr N. Zidouni.

La mobilisation des efforts d'autres intervenants dans le cadre global de la lutte contre le tabagisme est indispensable pour freiner le fléau, en agissant, surtout, au niveau des plus jeunes pour leur éviter la première cigarette, qui mène à l'accoutumance au tabac et aux difficultés de sevrage. Car c'est plus facile d'empêcher quelqu'un de griller sa première cigarette que de convaincre un fumeur de plusieurs années à cesser de fumer. Notons que le ministère de la Santé a donné une instruction incitant les équipes mixtes opérant sous la tutelle des walis, à faire respecter l'interdiction de fumer dans les espaces publics, du moins pour atténuer les effets non moins dangereux, à la longue, de la consommation «passive» de tabac.