Faire la queue en file indienne est devenue une seconde nature chez l'Algérien. Il ne se passe pas un jour sans assister à ces piteux spectacles de chaînes humaines, faisant le pied de grue pour un sachet de lait, une baguette de pain, sans parler de l'huile de table recherchée comme une aiguille dans une botte de foin ! L'humour populaire dit qu'il suffit de se baisser pour attacher les lacets des chaussures pour voir un, puis deux, trois puis beaucoup de gens se ranger derrière vous en file indienne. Et encore, dans d'autres pays moins fâchés avec les règles de base de la civilité, on respecte la chaîne et chacun ne prend et ne prend jamais la place de l'autre.

Combien de rixes et autres bagarres, parfois mortelles pour un sachet de lait ou un sac de semoule, ont eu pour scènes nos villes et nos rues ? Comme une maladie héréditaire, faire la queue se transmet de père en fils et de mère en fille, tant et si bien que par réflexe pavlovien, on se retrouve à se caler derrière le dos des autres sans savoir ce que le commerce propose à la vente. Même les files d'attente avec chacun son ticket et l'ordre de passage, installées dans certains organismes et institutions publiques comme Algérie Poste ne sont pas respectées, ni par les citoyens trop pressés ni même par les employés eux-mêmes. «Le mal porte le repentir en queue», dit un célèbre adage. Comme quoi, ça ne servirait à rien de tenter de rattraper le temps par la queue !