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Développement de l'agriculture: La recherche scientifique en décalage

par A. Zerzouri

Nul ne peut contester que le domaine de l'agriculture soit l'un des plus fermés quand il s'agit d'introduire le progrès scientifique et technique dans ce métier séculaire, longtemps attaché à l'artisanat, et où l'on n'a dû accepter les machines que par rapport aux bienfaits socio-économiques qu'elles génèrent.

Et, si on ajoute à cela un apport marginal de la recherche scientifique au développement de l'agriculture en Algérie, on aura tous les ingrédients pour attendre longtemps encore un réel progrès dans ce domaine. Le Pr Ali Daoudi, expert agronome, est formel là-dessus, « la création d'une synergie entre ces deux secteurs complémentaires est retardée en raison à la fois du caractère éclaté des exploitations agricoles et d'une recherche scientifique cantonnée dans le cadre académique». Intervenant dans l'émission L'invité de la rédaction de la Radio Chaine 3, le Pr Daoudi a expliqué que « pour l'instant nous ne sommes pas dans cette configuration. D'abord, les agriculteurs sont trop petits et trop éclatés pour pouvoir exprimer une demande solvable, parce que nous n'avons pas encore une profession organisée qui peut exprimer des problèmes clairs et mobiliser des moyens pour financer en partie la recherche. En même temps, nous avons un système de recherche national plus orienté vers la recherche académique ». L'expert déplore également la recherche permanente de solutions immédiates alors qu'on a plus besoin de stratégie à long terme. « Il faut sortir de la tyrannie du court terme », a-t-il recommandé en expliquant que « la recherche ne produit pas de solutions instantanées mais sur un temps long ». Le Pr Daoudi plaide dans ce contexte en faveur d'une planification qui permettra de fonder une recherche scientifique « stable, rigoureuse et innovante (...) Si on veut, insiste-t-il, réellement relever le défi de la sécurité alimentaire, on ne peut pas faire l'économie d'une recherche scientifique à la fois performante sur le plan académique, mais aussi orientée vers la production de solutions appropriées à tous les territoires de l'Algérie ». Cela veut-il dire que c'est peine perdue que de chercher à introduire le progrès scientifique dans l'agriculture ?     

Dans notre pays, la nouvelle génération des agriculteurs compte dans ses rangs des personnes instruites, qui pourraient faciliter la pénétration du progrès résultant de l'exploitation de la recherche scientifique. Pourvu que les chercheurs eux-mêmes sortent du cadre académique, pour aller sur le terrain et donner des solutions aux problèmes que rencontrent les agriculteurs par la manière incitative, la seule qui puisse accroître leur intérêt.