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Mustapha Khiati, président de la Forem: Une approche scientifique pour endiguer les accidents de la route

par R. N.

Invité par la rédaction de la chaine 3, lors de la journée fil rouge organisée hier sur le thème des «accidents de la route», Professeur Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), a estimé que la société civile «doit jouer le rôle d'interface entre les citoyens et les autorités» pour aider à endiguer ce phénomène. «Le rôle de la société civile est de plus en plus accrue à l'ère de la démocratie participative qui l'implique davantage dans le sillage de la prise de conscience citoyenne», affirme Pr. Khiati, regrettant qu'en Algérie «elle ne joue pas ce rôle» d'interface, malgré le nombre important d'associations avoisinant les 100.000 (toutes catégories confondues).

Pour l'intervenant, la mobilisation de la société civile pour lutter contre ce phénomène endeuille pas moins de 4000 familles annuellement en Algérie est primordiale.

Quant au traitement de cette hécatombe, Pr. Khiati estime que la démarche adoptée jusque-là «manque de traitement scientifique». «C'est un véritable cataclysme, si l'on prend en compte les familles endeuillées par la mort d'un tuteur, les handicaps occasionnés dont certains sont lourds, et autres conséquences directes de ces accidents».

Selon lui, le traitement de ce phénomène est figé sur son «aspect administratif répressif». «Il est regrettable de voir que la problématique n'est pas traitée scientifiquement, par qui de droit, à savoir les universités et les centres de recherche en impliquant les psychologues, les sociologues, les criminologues et toutes les personnes pouvant apporter une meilleure compréhension du comportement des conducteurs». Pour Mustapha Khiati, «les chauffeurs des poids lourds ou des transports en commun doivent subir des tests psychologiques, à l'instar des pilotes de ligne qui subissent et doivent réussir une série de tests difficiles et compliqués pour avoir l'aval de voler ». « Des chauffeurs de transport public qui transportent, parfois jusqu'à 60 voyageurs, ne subissent aucun test, d'où l'impératif d'une approche plus consensuelle du problème des accidents de la route et ne pas le laisser au niveau de certaines sphères pour l'endiguer», ajoute-t-il

«Il n'y a, à ma connaissance, aucune étude scientifique qui a été réalisée pour faire apparaître les vraies raisons de ces accidents», révèle-t-il précisant qu'il s'agit d'enquêter en profondeur, bien au-delà de l'aspect sécuritaire.

Pour l'intervenant, le problème doit être revu à plusieurs phases : avant, en cours et après la délivrance des permis de conduire. «Il faut aussi un suivi lors de la phase probatoire post-permis, ainsi qu'un suivi avant et après l'accident, etc », a-t-il ajouté.

Pr Khiati évoque l'expérience de l'Allemagne qui, enregistrait un record mondial des accidents de la route dans les années 1980, avec 15.000 morts par an. Selon lui, ce taux a été amené à 2000 accidents par an en trois ans seulement. «La raison ? Le phénomène a été traité dans tous ces aspects».

A propos de l'intervention rapide lors d'un accident, le président de la Forem suggère la mise en place d'équipes de secours médicalisées sur les lieux des accidents, estimant que « le geste primordial est de secourir les accidentés sur place et d'éviter de les évacuer rapidement vers les urgences hospitalières».

«Il faut, rassurer l'accidenté immédiatement et sur place, réhabiliter ses fonctions vitales, tout en dégageant les risques d'un transport hâtif vers l'hôpital avec tous ce que cela implique comme complications post-accident», insiste M. Khiati. Pour cela, il faut «prendre des décisions globales dans le sens de réadapter la législation en la matière», propose le président de la Forem.