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LES «ENVASÉS»

par Belkacem Ahcene Djaballah

Première mauvaise nouvelle ! Parmi l'une des causes de la pénurie d'eau actuelle, il y a l' «envasement» des barrages. Pas tous certes. Surtout ceux ayant près ou plus de 50 ans d'âge, nous dit-on. Ainsi, selon les estimations officielles (l'Anbt ) le volume perdu par envasement des barrages est estimé en 2020 à 1279,26 millions de m3 soit 16,4 % de la capacité totale initiale de stockage qui est de l'ordre de 7754,83 millions de M3. C'est peut-être peu pour les spécialistes, mais c'est beaucoup pour ceux qui subissent directement et quotidiennement les moments de pénurie. On va donc lancer une campagne de «désenvasement» laquelle nous dit-on va permettre d'extraire une quantité totale de 38 millions de m3 de vase (boue, déchets de toute sorte?). Au total, dans l'immédiat, ils sont 9 barrages concernés. Pourvu que la campagne ne s'éternise pas et se termine, pour les plus importants des barrages, avant la saison des pluies afin de leur permettre un remplissage maximum. Il faut penser aussi et surtout à ne plus attendre l'arrivée de catastrophes, comme celle de la pénurie d'eau, pour éviter que les barrages, tout particulièrement les nouveaux, ne s'envasent faisant ainsi ressembler la gestion des barrages à un travail sisyphien. Un éternel recommencement épuisant, car objectivement absurde, faisant seulement les «affaires» des entreprises chargées de la maintenance. On construit tout en se faisant sa petite cagnotte au passage. On inaugure en grande pompe. On exploite. Puis, on laisse faire le temps et les hommes alentour, chacun cherchant et trouvant son compte presque tous oublieux de la finalité d'un barrage: alimentation des habitants et de l'agriculture, amélioration et protection de l'environnement, promotion d'activités touristiques. Donc, laisser faire le temps ? Le temps de la détérioration, de l'envasement et de la pénurie. Incompétence ? Insouciance ? Incapacité à gérer et à maintenir, au niveau des normes requises, les grands travaux réalisés ? Fuite en avant ? Instabilité de l'encadrement ? Manque de main d'œuvre ? Manque de sous ? Des mentalités managériales «envasées» dans des formations obsolètes et la routine ? L'exploitation, la maintenance et, surtout, la surveillance continue et soutenue pour maintenir en bon état les réalisations, grands défauts et/ ou manques de notre économie ! Il y a, aussi, les comportements indignes (en matière d'hygiène publique, de respect des lieux et des efforts d'autrui) de bien des citoyens.

 Deuxième mauvaise nouvelle! Depuis le mercredi 7 juillet, les chiffres des personnes contaminés ont explosé : 595, puis 620, puis 831, puis 813, puis 878, puis 923. Déjà près de 3 900 décès déclarés ! Les causes: des variants nouveaux encore plus dangereux ? Enfin, une plus grande transparence et vérité des statistiques (puisque un médecin avait indiqué, il y a peu, qu'il faut multiplier par 10 les chiffres fournis, tenant compte du fait que bien des cas de contaminés et de décès ne sont pas déclarés par leur entourage) ? De l'insouciance et beaucoup de légèreté de la part des citoyens qui s'obstinent à refuser de se faire vacciner et, surtout, de ne pas respecter le minimum des gestes barrières, continuant les grandes réunions familiales et les «boussboussades». Le grand drame dans tout ça, c'est de voir, souvent, beaucoup de gens «d'en haut», ceux qui, en principe, doivent être des «exemples» permanents, se comporter en «rebelles» et fournir une image publique inappropriée. Ainsi que d'autres gens, supposés nantis d'un cerveau aéré, faire preuve, par orgueil, par suffisance intellectuelle ou par «principe» (sic !), de refus du vaccin, trouvant toujours un argument» (re-sic !) en faveur de leur position. La solution, pour sortir de ce mortel «envasement» : revenir, quant au strict respect des gestes barrières, à ce qui s'était fait au départ de la pandémie et, pourquoi pas, rapidement, accélérer le processus de vaccination en la rendant obligatoire et le passe sanitaire pour toutes les activités publiques. Pas facile, car il est plus aisé de «désenvaser» un barrage qu'une cervelle humaine surtout celle des ignorants et des prétentieux. Et, Dieu sait combien il y en a dans notre pays. A tous les niveaux de la société. Une autre pandémie !