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LE SOUCI D'EFFICACITÉ

par Abdou BENABBOU

On aura beau tortiller l'esprit et essorer les idées sur la drôle d'année scolaire qui s'achève, il sera difficile d'appréhender les bons ressorts d'une éducation nationale battant de l'aile en permanence. Baccalauréat, brevet et le reste des obstacles réglementés se ressemblent au fil des ans en apportant sans cesse les vicissitudes variées que les faiblesses de la gestion d'un secteur névralgique empoisonnent régulièrement. On a eu le trafic et les marchandages déshonorants, pendant des décennies. On s'est abreuvé des grèves des enseignants et de leurs colères cycliques démultipliées, puis la pandémie s'est présentée pour clore ce qui apparaissait pour les parents d'élèves comme une couronne attribuée à la dépravation d'un secteur décrié.

Seule l'école privée a tiré son épingle du jeu que même la férocité et les inimaginables contraintes imposées par l'épidémie n'ont pu déstabiliser. Sans doute que le désaxé état des lieux sera un jour fatalement explicité pour que l'Histoire soit obligée de livrer des éclairages sur les itinéraires politiques choisis.

Mais il reste tout de même ce spectaculaire intérêt par lequel s'engage avec fougue la génération scolaire montante. Malgré tous les travers vécus, la constatation de son agrippement généralisé aux notes des examens, ses préoccupations circonscrites et limitées aux seules performances scolaires, jusqu'à laisser penser qu'elle est assise sur des braises, offrent une satisfaction ouverte sur un optimisme imparable. Le courage et la ténacité des enfants et des adolescents, conscients de l'importance de leur devenir, sont sans conteste le meilleur cadeau qu'ils puissent offrir à leurs parents et à la nation entière. On aurait voulu que cet engagement, qui n'a rien d'enfantin, soit propice à la construction d'une école algérienne en adéquation avec la nécessité d'une envolée vers le progrès.

Sans doute et pour peu que l'idéologie n'ait pas eu la primeur sur la science et le savoir, plusieurs générations aussi mieux trempées dans les soucis d'efficacité que les tenants de la gouvernance ont sous-estimées, le pays aura été un réel paradis.